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en 1672, à la suite des Pensées, affirmait : « Si Moïse a été et qu’il ait écrit le Pentateuque, la religion judaïque est véritable et Jésus-Christ est le Messie. » Or, riposte Voltaire, « tout est si prodigieux en Moïse qu’il paraît un personnage fantastique, … notre enchanteur Merlin ». Examen important…, c. ii, De la personne de Moïse. Loin que, comme le veut Huet, d’après lui aient été créés Bacchus, Osiris, Tryphon, c’est lui qui l’a été d’après eux. Dictionnaire, art. Moïse, c. i ; Examen, loc. cit. ; Dieu.et les hommes, c. xxiii, Si Moïse a existé et c. xxiv, Si l’histoire de Moïse est tirée de celle de Bacchus.

c. En tout cas, Moïse n’est pas l’auteur du Pentateuque, fondement, grâce à la Genèse surtout, de la religion juive, Dieu et les hommes, c. xxvii, De la cosmogonie de Moïse, et de la foi chrétienne. Troisième homélie. L’Ancien Testament. Laissant de côté les théories moins radicales de Richard Simon, de Leclerc et d’Astruc, il fait sienne la thèse de Spinoza : des désignations de localités, des allusions historiques ou géographiques, des raisons matérielles rendent impossible l’attribution du Pentateuque à Moïse. Examen, c. iv, Qui est l’auteur du Pentateuque ? Dieu et les hommes, c. xxii, Que Moïse ne peut avoir écrit le Pentateuque ; Dictionnaire, art. Moïse, sect. n et m.

d. Et les livres de l’Ancien Testament ne viennent pas de Dieu. — La Bible, avait dit Abbadie, op. cit., p. 202-205, a d’incontestables caractères de divinité ; entre autres, « on y trouve les doutes de la raison éclaircis et les mouvements de la conscience satisfaits ». La Bible, répond Voltaire, « ce tissu de meurtres, de vols, d’assassinats, d’incestes, de massacres », cette rapsodie de contes invraisemblables pillés chez les voisins, ce livre « sans raison et sans pudeur », qui ne donne même pas « à un peuple de voleurs » le frein de l’immortalité, offense à chacune de ses pages la conscience morale universelle et la raison universelle qui viennent de Dieu. Sermon des Cinquante, 1 effet 2e point ; Examen, c. iii, De la divinité attribuée aux livres juifs ; La Bible enfin expliquée ; Les Questions de Zapata, 10-44.

e. Ce que valent et prouvent les prophéties et les miracles de l’Ancien Testament. — La Bible, disait encore Abbadie, est divine parce qu’elle renferme des prophéties et que les prophéties accomplies ne peuvent être contestées. Se souvenant de l’Histoire des oracles de Fontenelle, Voltaire explique : « Les prophéties n’ont jamais été réalisées dans leur sens clair. Pour leur trouver un accomplissement, il a fallu leur inventer un sens spirituel ou allégorique, « sens imaginaire et subterfuge des interprètes ». Sentiments de Jean Mestier, c. iv, Prétendues visions et révélations divines, et c. v, § vii, Du Nouveau Testament. Ces prophéties d’ailleurs ne sauraient venir de Dieu, tant elles offensent la conscience morale et la raison, vrais juges de la vérité. Elles « font parler Dieu d’une manière dont un crocheteur n’oserait parler et annoncent l’avenir en d’ignobles mises en scène ». Ibid. « Dieu n’a pu ordonner à un prophète d'être débauché et adultère. » Quatrième homélie, De l’Ancien Testament. « Les prophètes juifs ont été aux yeux de la raison les plus insensés de tous les hommes. » Dieu et les hommes, c. xxxiii, De la morale de Jésus. Et il rapproche les prophètes d’Israël de ces exaltés des Cévennes, qui, à la fin de 1706, étonnèrent Londres par leurs crises prophétiques et furent tournés en dérision par Shaftesbury, Lettres sur l’enthousiasme, et de ce Jurieu qui, en 1686, dans son Accomplissement des prophéties, 2 in-8°, Rotterdam, annonçait aux réformés persécutés qu’en 1689 ils rentreraient dans leurs foyers, la France ayant rompu avec le pape, puis reporta l'événement en 1690,

le tout garanti par l' Apocalypse. Dictionnaire, art. Prophètes et Prophéties, sect. n.

Quant aux miracles de l’Exode, du livre de Josué, … s’appuyant sur Boulanger, Recherches sur l’origine du despotisme oriental, 1761, et L’antiquité dévoilée (remanié par d’Holbach), sur P’réret (Lévesque de Burigny), Examen critique, 1766, sur Bolingbrocke (luimême), sur Collins, Woolston…, dans sa Bible enfin expliquée, il soutient qu’ils sont des phénomènes naturels ou des imitations de la fable et des absurdités. La sagesse divine ne pouvait d’ailleurs faire de miracles en faveur d’un tel peuple. Examen important, c. vii, Des mœurs des Juifs ; Questions de Zapata, 3e ; cf. Dictionnaire, art. Miracles, sect. m ; Questions sur les miracles, Première lettre, loc. cit., p. 363 ; Sermon des Cinquante, Deuxième point.

b) Critique directe du christianisme, œuvre humaine et des moins bonnes. — a. Les documents sur lesquels il s’appuie, évangiles et Nouveau Testament, sont des œuvres d’imposture. — Ces livres, « digne suite » de l’Ancien Testament, Sermon des Cinquante, Deuxième point, font partie de ces innombrables documents supposés, créés par l’enthousiasme des premiers chrétiens et leur volonté de propagande. Examen important, c. xix, Des falsifications et des livres supposés ; Dieu et les hommes, c. xxxvi, Fraudes innombrables des chrétiens. Derniers parus sur cinquante à tout le moins, les évangiles canoniques ne méritent pas plus de créance que les autres, proclamés apocryphes. Ils n’ont ni authenticité : « ils ne furent écrits que longtemps après les auteurs dont ils portent le nom » ; ni autorité : ils viennent « de faussaires ignorants » ; ni intégrité. Dieu et les hommes, c. xxxvi, Fraudes innombrables ; Sentiments de Jean Mestier, c. i. Ils fourmillent de contradictions, Sentiments, ibid., d’erreurs chronologiques, d’erreurs historiques, comme le recensement de Cyrinius, Examen, c. vi, Les Évangiles, de fausses prophéties, Dieu et les hommes, loc. cit., de faits invraisemblables, Questions de Zapata, 53-59, de prodiges imités de la fable, Sentiments de Jean Mestier, c. ii, De la conformité des anciens et des nouveaux miracles, sans parler i de la bassesse et de la grossièreté du style et du défaut d’ordre ». Ibid., c. i.

b. Le Christ de l’histoire n’a rien de transcendant. — « Tout ce qu’on conte de Jésus est digne de l’Ancien Testament et de Bedlam. » Examen, c. x, De la personne de Jésus. Il fut un Juif et de la lie du peuple, …le fils reconnu d’un charpentier de village, un paysan grossier de la Judée, plus éveillé sans doute. Comme Jésus attaquait les prêtres, « ceux-ci contraignirent Pilate à le faire pendre ». Examen, loc. cit., et c. xi, Ce qu’il faut penser de Jésus.

Le Christ ne fut pas le fondateur du christianisme, mais un théiste. Il fut un « de ces gens de la lie du peuple qui firent les prophètes chez les Juifs pour se distinguer de la populace et celui qui a fait le plus de bruit ». Sermon des Cinquante : « Il faisait peu de cas des superstitions judaïques. Théiste israélite, comme Socrate fut un théiste athénien, …il n’institua rien qui eût le moindre rapport avec le dogme chrétien ; il ne prononça jamais le nom de chrétien. Les théistes seuls sont de sa religion. » Profession de foi des théistes. « Le christianisme du temps de Constantin est plus éloigné de Jésus que de Zoroastre. » Dieu et les hommes,

C. XXXIII.

Le christianisme a été commencé par les disciples de Jésus. Très attachés à leur maître et « ulcérés de son supplice », ses disciples imaginèrent, par enthousiasme, de le dire ressuscité, imposture qui prit sur la populace. Établissement du christianisme, c. vi, Des disciples de Jésus. L’influence première revient à ce Saul « au grand nez et au front chauve », qui, non