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VOLTAIRE. PRINCIPALES ŒUVRES


pensés » et que les États soient indépendants. P. 74. — Mis à l’Index, le 1 er mars 1770.

27° (Quatre) Homélies prononcées à Londres en 1765, dans une assemblée particulière, in-8°, s. 1. (Genève), 1767 (xxvi, 315), et Cinquième homélie prononcée à Londres le jour de Pâques, in-8°, s. 1. n. d. (Genève, 1769) (xxvii, 557). — Première homélie sur l’athéisme (xxvi, 315-329). — Dieu existe. Preuves : J’existe, donc quelque chose existe de toute éternité ; nous sommes intelligents, donc il y a une intelligence éternelle. P. 316. Objections : 1° Le mouvement étant essentiel à la matière, toutes les combinaisons sont possibles sans une cause extérieure. Ibid. Réponse : Il n’est pas prouvé, au contraire, que le mouvement soit essentiel à la matière. Le fût-il, cela ne prouverait pas contre l’intelligence qui dirige son mouvement. Ibid. Cela n’expliquerait pas non plus les êtres organisés, l’ordre et les lois des choses, ni surtout la sensation et l’idée. P. 317. 2° Il y a, convient Spinoza, « une intelligence universelle ». Ibid. Mais elle est immanente à la matière ; « Il n’y a qu’une seule substance, … l’universalité des choses, …à la fois pensante, sentante, étendue, figurée. » Réponse : « Il y a un choix dans tout ce qui existe » et le choix suppose « un maître qui agit par sa volonté ». L’intelligence suprême n’est donc pas « purement mécanique ». Ibid.

Cet être suprême nous est forcément incompréhensible. Il nous suffît d’ailleurs de savoir qu’il est notre maître et notre bienfaiteur. P. 318. Mais alors que conclure du mal qui inonde la terre ? Que Dieu n’existe pas ? Mais il est démontré. Qu’il est un être méchant ? C’est absurde et contradictoire. Qu’un mauvais principe altère ses ouvrages ? Cela soulève de grosses difficultés. Que le bien général est composé des maux particuliers ? C’est déraisonnable. Que le mal physique et le mal moral sont l’effet de la constitution de ce monde ? Cela est vrai mais n’explique rien. P. 319. Espérer une vie meilleure ? Boîte à Pandore, dit-on, et les Juifs, éclairés par Dieu même, « ne connurent jamais une autre vie ». P. 321. Mais qu’y a-t-il d’impossible à ce que « ce qui pense en nous survive à notre corps » ? Notre immortalité seule peut justifier la Providence ; Dieu est en effet rémunérateur et vengeur ou il n’est pas. P. 321. Ces principes se justifient d’ailleurs par leur utilité sociale. P. 322. Il semble aussi qu’ils soient un cri de la nature, tant ils furent universels. S’ils disparurent de chez les Juifs, ce ne fut que pour un temps. Il y eut, c’est vrai, des athées vertueux, Spinoza, La Mettrie, mais des athées « qui auraient en main le pouvoir seraient aussi funestes au genre humain que des superstitieux ». P. 329.

Deuxième homélie. Sur la superstition (329-338). — La superstition naquit le jour où l’homme fit Dieu à son image : « fier, jaloux, vindicatif, bienfaiteur capricieux, … le premier des tyrans ». Dès lors « l’histoire du monde est celle du fanatisme ». P. 330. Il y a des superstitions inofîensives, même bienfaisantes : la divinisation des hommes qui ont bien servi l’humanité, le culte de certains saints. Ils sont des exemples. P. 330-331. Mais le superstitieux en général est le bourreau de qui ne pense pas comme lui et, « depuis la consubstantialité jusqu'à la transsubstantialité », p. 333, termes incompréhensibles, tout a été sujet de disputes et a fait verser des torrents de sang. P. 333336. « Quiconque me dit : Pense comme moi ou Dieu te damnera, me dira bientôt : Pense comme moi ou je t’assassinerai. » P. 337. Heureusement en parlant, en écrivant, on peut guérir les peuples de la superstition.

Troisième homélie. Sur l’interprétation de l’Ancien Testament (339-349). — « Les livres gouvernent le monde… Le Pentateuque gouverne les Juifs et … il est le fondement de notre foi. » P. 339. Interprétés à

la lettre ses récits choquent le bon sens et le sens moral. Il faut donc les interpréter d’une manière allégorique, c’est-à-dire, ou tirer « de cette affreuse suite de crimes », p. 346, les leçons morales, ce qui est excellent pour nous, ou « regarder chaque événement comme un emblème historique et physique », ibid., et lui donner un sens prophétique mais cette interprétation, sans utilité réelle, « n’est qu’une subtilité de l’esprit et elle peut nuire à la simplicité du cœur ». Ibid.

Quatrième homélie. Sur l’interprétation du Nouveau Testament (349-354). — Ni authentique, ni vraisemblable, il n’est susceptible que d’une interprétation morale. Et alors, il est la condamnation, par l’humilité du Christ, de l’orgueil de ses ministres, p. 351, par ses paroles durant sa passion, de leur fanatisme et de leur intolérance sanguinaire. P. 352. Jésus « était un homme de bien, qui, né dans la pauvreté, parlait aux pauvres contre la superstition des riches pharisiens et des prêtres ; c'était le Socrate de la Galilée ». P. 353.

Cinquième homélie. Sur la communion (xxvii, 557).

— Ce sujet est l’occasion d’une longue diatribe contre l'Église romaine : ses prétentions orgueilleuses, p. 560 ; son amour de l’or « qui lui fait vendre des indulgences et recueillir des décimes », p. 561 ; son amour des guerres qu’elle appelle saintes. Ibid.

28° L’A. B. C, dialogue curieux, traduit de l’anglais, de M. Huet, in-8°, Londres (Genève), 1762 (1768), réimprimé avec des additions dans la Raison par alphabel, 6e édit., s. 1. (Genève), 1769, et au t. n de l'Évangile du jour (xxvii, 311). — Ce dialogue se compose de 17 entretiens. — 1 er Sur Grotius, Hobbes et Helvélius. L’auteur du De veritate religionis christianse liber (1636) et du De jure belli et pacis (1625) est dénoncé ici comme un franc pédant et un fort mauvais raisonneur, p. 312. — 2e Sur l'âme, p. 327-330. Voltaire y soutient ses thèses antérieures et conclut : « Occupons-nous donc seulement de notre intérêt qui est que nous soyons justes envers les autres, afin que tous puissent être le moins malheureux que faire se pourra ». P. 330. — 3e Si l’homme est né méchant et enfant du diable, p. 330-338. L’homme est loin d'être aussi « méchant que certaines gens le crient, dans l’espérance de le gouverner ». P. 332. L’idée du diable est née de l’ignorance des médecins attribuant les maladies à un mauvais génie, d’où « cette opinion que tous les hommes naissent endiablés et damnés ». P. 335. Les chrétiens ont repris des Juifs ce système « où tant de milliers d’enfants à la mamslle sont livrés à des bourreaux éternels » et d’après lequel « un être infiniment bon fait tous les jours des millions d’hommes pour les damner ». P. 336. D’où vient cette doctrine ? « D’une équivoque, comme la puissance papistique ». Ibid. « Le jour où vous en mangerez, vous mourrez de mort. » Adam en mangea et vécut. Il fallut donc une autre mort, la damnation.

— 10e Sur la religion, p. 362-368. A-t-on le droit de parler contre la religion de son pays ? Si les premiers chrétiens n’avaient pas pris ce droit — et comment ! — jamais le christianisme n’eût été établi. N’y faut-il pas des ménagements ? Avant tout, il faut éclairer. Tout ce qui corrompt la religion pure et simple doit être attaqué sans merci — en particulier la théologie : elle « n’a jamais servi qu'à renverser les cervelles et quelquefois les États ». P. 367.

29° Collection d’anciens évangiles ou monuments du premier siècle du christianisme. Extraits de Fabricius, Grasius et autres savants par l’abbé B***(igesc), in-8°, Amsterdam (Londres), 1769 (xxvii, 450). — Évangiles canoniques et évangiles apocryphes sont de même origine, quelques-uns de ceux-ci sont même antérieurs. Mais d’après les visions d'Ézéchiel, i, 10