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VOLTAIRE. PRINCIPALES ŒUVRES


c) Le christianisme dans l’empire romain. — Si les chrétiens furent poursuivis dans l’empire, qui ne persécuta jamais personne pour ses croyances, ce fut seulement à partir du iiie siècle, en raison de leur fanatisme et de leur esprit de domination. Le nombre des martyrs d’ailleurs est minime — quoi qu’en disent des contes qui font pitié. C. xxvi. Contes aussi les miracles racontés des apôtres et des martyrs et « bêtises injurieuses à la divinité ». P. 272. C. xxviii. Pendant dix-huit ans Dioclétien les favorisa, mais leur insolence l’obligea à les abandonner à Galérius. C. xxviii. Avec Constantin, tout vice et cruauté, ils vont triompher, c. xxix ; mais leurs divisions vont éclater au grand jour, autour de leurs dogmes absurdes. « Qu’un Juif, nommé Jésus, ait été … consubstantiel à Dieu, cela est absurde et impie ; qu’il y ait trois personnes dans une substance, cela est également absurde ; qu’il y ait trois dieux dans un Dieu, cela est également absurde. » P. 279. Or, autour de ces absurdités, qui ne figurent pas d’ailleurs dans les évangiles, ariens et athanasiens luttent les uns contre les autres par tous les moyens. C. xxx et xxxi. Des successeurs de Constantin, un seul est digne de son rôle, Julien, le stoïcien, si sottement nommé apostat par des prêtres, p. 284, grand homme, qui, s’il eût vécu, eût amené les Romains à la seule religion digne de Dieu, la religion naturelle. C. xxxii et xxxin.

d) L'Église romaine à partir de Théodose. — Quelques (mots résument son histoire : « disputes théologiques, anathèmes et persécution », c. xxxv, « usurpations des papes » sur l’autorité des rois : surtout avec Grégoire VII, ils tentent de « ressembler aux califes qui réunissaient les droits du trône et de l’autel ». L’Angleterre a souffert par eux, c. xxxvi ; « excès épouvantables » dans la persécution de ceux qui ne partagent pas les croyances chrétiennes, c. xxxvii, i débauches obscènes », c. xxxviii.

Cette conclusion s’impose : « Tout homme sensé, tout homme de bien, doit avoir la secte chrétienne en horreur… La seule vraie religion est d’adorer Dieu et d'être honnête homme. » P. 298. Le peuple n'étant pas encore digne d’elle, il faut lui laisser son culte, mais contenir l'Église et éclairer les esprits : « plus les laïques seront éclairés, moins les prêtres feront de mal ». Il faut même « éclairer les prêtres et les amener à être citoyens ». P. 300.

25° Le dîner du comte de Boulainvilliers, in-8°, S. 1. (Genève), 1728 (1767) (xxvi, 531). —Voltaire l’attribue à Saint-Hyacinthe, un déiste mort en 1716. Cf. Lettres du I février 1768 à Damilaville et du 12 à M. le comte de Rochefort. Ce Dîner comprend trois Entretiens. L’un, p. 531-537. Avant-dîner, entre l’abbé Couet, qui avait été grand vicaire de Noailles. et le comte, opposé au catholicisme, lequel outrage le bon sens et la vertu, p. 532 : opposé à Jésus-Christ qui a dit :

Contrains-les d’entrer : je suis venu apporter le glaive et non la paix ; que celui qui n'écoute pas l'Église soit regardé comme un païen ; je leur parle en paraboles, afin qu’en (Montant ils n’entendent point », et dont le Discours sur la montagne prête à tailt de critiques. Épictète, au langage divin, peut-il être damné? demande le comte, d’où discussion sur la maxime :

Mors de l'Église, pas de salut. » P. 536.

Le second entretien, p. 537-552, Pendant le dîner, est entre l’abbé, le comte, la comtesse et l-'réret, sous le nom duquel Levesque de Burignv venait de publier son Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, |n-8°, s. I, (Paris). 1766. Le comte et Fréret font la critique dis preuves du catholicisme. I.rs chrétiens sont des Juifs ; leur Dieu n’est-il pas né Juif ? i, p. 539 ; des idolâtres, témoin l’eucharistie. Ils appuient leur foi sur des preuves ridicules : les prophéties, « galimatias et obscénités., p. 542 ; lis

DICT. DE THBOL. CATHOL.

miracles : ceux de Jésus sont aussi ridicules que ceux de Moïse ; les martyrs : Pascal est-il donc certain des martyrs qu’il invoque ? la propagation du christianisme : elle n’est pas plus merveilleuse que celle de l’islamisme. L’histoire de l'Église enfin est « une suite épouvantable de massacres ». P. 549.

Le troisième entretien, p. 552-558, Après le dîner. Mêmes interlocuteurs. Il faut une religion aux hommes. Mais laquelle ? Le déisme est le seul vrai frein et la seule vraie consolation. Malheureusement les hommes en sont loin ; esclaves de la coutume, ils n’y seront pas amenés d’un seul coup. En attendant, certaines mesures pourraient les en rapprocher : « l’abolition des moines a peuplé et enrichi les États du Nord ». P. 554.

En post-scriptum, p. 558-560, figurent des Pensées détachées de l’abbé de Saint-Pierre, où sont dénoncés les excès de pouvoir de la papauté, la pauvreté de ses titres, les maux répandus par le catholicisme. Ce qu’il faut, ce sont des temples où Dieu soit adoré et la vertu recommandée et d’où tout le reste soit proscrit ; ce sont des curés, qui ne soient que maîtres de morale et soutiens des âmes, mariés d’ailleurs pour le bien de l'État. — De ce livre il y eut une réfutation : Le mauvais dîner ou Lettres sur le Dîner du comte de Boulainvilliers, in-8°, 1770, par le R. P. Viret, cordelier.

26° La profession de foi des théistes, par le comte Du… au R. D. (P ?), traduit de l’allemand, in-8°, s. 1. n. d. (Genève, 1768), réimprimé dans L'évangile du jour, sous le titre de Confession de foi (xxvii, 55). — Après une invocation au roi de Prusse, cf. Lettre de d’Alembert, 15 juin 1768 (xlvi, 64), « qui porte sur le trône la philosophie et la tolérance », et le souhait « que la vérité triomphe comme ses armes », Voltaire glorifie le théisme. Le théisme compte pour fidèles « plus d’un million d’hommes en Europe », dans toutes les professions qui honorent, « revêtus enfin de la puissance souveraine ». P. 55. C’est que cette religion est « divine ». Ibid. Elle est en effet l'écho de la raison universelle, aussi ancienne que le monde, faite pour unir tous les hommes ; donc de Dieu ; tout ce qui la dépasse divise ; donc est l’erreur. P. 56. Le théisme est pur des superstitions qui souillent toutes les autres religions ; pur aussi des croyances magiques qui leur ont inspiré, surtout à la juive, des sacrifices de sang humain, p. 61-64 ; du fanatisme qui a provoqué les croisades, lesquelles « dépeuplèrent l’Europe pour aller immoler des Turcs et des Arabes à Jésus-Christ » ; des massacres de chrétiens appelés hérétiques, la Saint-Barthélémy, p. 64-67 ; des mœurs vicieuses qui furent celles des patriarches et des Juifs et pour lesquelles l'Église a le pardon facile. P. 59-67. Les théistes ne troublent pas les États et n'ébranlent point les trônes avec des querelles religieuses, comme le catholicisme. P. 67-68. Ils ne sont même pas dangereux à l'Église ; ils imitent Jésus qui allait au Temple. Le séparant en effet de la religion chrétienne, ils font de lui « un théiste israélite ». P. 69. Seuls, ils sont de sa religion. Le christianisme, c’est « une foule de mensonges i, suivie d’une foule d’interminables disputes ». P. 70-71. Mêmes divisions dans toutes les religions. « Seul le théisme est resté immuable Comme le Dieu qui en est l’auteur ». P. 71.

Le théisme demande à toutes les religions de se tolérer entre elles. Il a un droit sur elles : « il est la source pure d’où sont nées < leurs eaux corrompues » - idée à laquelle les théistes d’alors tiennent beaucoup. Pourquoi le combattent-elles ? Par crainte'.' » Qu’elles se rassurent. Les théistes ne forment pas un corps…, ils n’ont point de fanatisme… et ils n’ont jamais prétendu ramener la justice par la violence. » P. 73. IN se bornent a souhaiter que dans les religions, ceux qui travaillent le plus ne soient plus les moins récom T. — XV.

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