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    1. VOLTAIRE##


VOLTAIRE. PRINCIPALES ŒUVRES

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ne sauva pas La Barre, il aida du moins son complice, d’Étallonde, qui avait fui. Cf. à d’Alembert, à Damilaville, 1° juillet 1766 (xliv, 323 et 324), à Morellet, 7 juillet (ibid., 330), à Richelieu, 19 août (ibid., 391) ; Relation de la mort du chevalier de La Barre, par M. Cass*** (Cassen), avocat au Conseil du roi (Voltaire), 1764 (xxv, 510-516) ; Le cri du sang innocent, 1775, suivi de La procédure d’Abbeville, 1775 (xxxix, 375). Cf. Chassaigne, Le procès du chevalier de La Barre, in-8°, Paris, 1920 ; Busson, Les apôtres de la tolérance, dans Revue de métaphysique et de morale, 1918, p. 707 sq.

Il s’occupa aussi des affaires de droit commun, Martin, de Bar, 1767, Montbaillꝟ. 1770, d’où la Méprise d’Arras, in-8°, Lausanne, 1771 (xxviii, 425) ; de la douteuse affaire Morangiès, 1772-1777, d’où : Déclaration de M. de Voltaire, sur le procès entre M. de Morangiès et les Verron, 1773 (xxix, 25-32) ; Précis du procès… (ibid., 66-84) ; de l’affaire de Lally-Tallendal, d’où Fragments sur l’Inde (ibid., 85-212).

En 1766, il publia son Commentaire sur le livre des délits et des peines (de Beccaria) par un avocat de province, in-8°, s. 1. (Genève) ; en 1769, son Histoire du Parlement de Paris par M. l’abbé Big… (Bigorre), 2 vol. in-8°, Amsterdam, que la peur lui fera désavouer en hâte, Lettres du 5 juillet 1769 à Marin, secrétaire de la librairie (xlvi, 367) ; du 9 à Lacombe qui est à la tête du Mercure (ibid., 373) ; du 21 à d’Argental (ibid., 389). La réforme de Maupeou le sauva. De la même époque et se rattachant aux mêmes idées datent un Essai sur les probabilités en fait de justice, in-8°, s. I. (Genève), 1772 ; ses Nouvelles probabilités en fait de justice, ibid. ; le Prix de la justice et de l’humanité, 1777 (xxx, 533-586). Cf. E. Marmonteil, La législation criminelle dans l’œuvre de Voltaire, in-8°, Paris, 1902.

On a vu son action contre les jésuites d’Ornex. Vers la même époque, il s’en était pris à un de leurs amis, le curé de Moëns, Ancian, qui exigeait des vassaux de Voltaire les redevances auxquelles il avait droit. Deux ans après, janvier 1761, ce même curé était compromis dans une rixe suivie de mort ; Voltaire s’acharna contre lui, au nom de la justice et des droits des hommes. Il obtint peu. En 1776, grâce à Turgot, il affranchit, à son propre avantage d’ailleurs, le pays de Gex de certaines charges. À partir de 1770, en dix écrits et en de multiples démarches, le tout inauguré dans une requête Au roi en son conseil. Pour les sujets du roi qui réclament la liberté de la France contre des moines bénédictins, devenus chanoines de Saint-Claude, en Franche-Comté, il attaque les droits de mainmorte, qu’exercent les chanoines de Saint-Claude, héritiers des bénédictins du Jura, sur « les serfs du Jura ». Battu devant le parlement de Besançon, août 1775, il s’efforcera d’obtenir un édit du roi libérant « douze mille esclaves de six pieds de haut de vingt petits chanoines ivrognes ». Lettre à Turgot, 17 mai 1777 (l, 225).

Dès 1757, Catherine II l’avait appelé à Saint-Pétersbourg. Il entretiendra avec elle une correspondance dont il sera fier, malgré les meurtres de Pierre III et d’Ivan VI. Déjà, pour plaire à l’impératrice Elisabeth, il avait entrepris, au mécontentement de Frédéric II, une Histoire de la Russie sous Pierre le Grand, dont le t. i, s. 1. (Genève), parut en 1759. Le second, s. 1. (Genève), parut en 1763. Voltaire louera beaucoup Catherine II de son Instruction sur le code qui assurait une certaine tolérance en Russie. Voir Lettres à d’Alembert, 4 février 1763 (xlii, 371), à M. Pictet, septembre (ibid., 584-585).

III. LES DERNIÈRES ANNÉES. LE RETOUR A PARIS ET LA MORT EN 1778.

Depuis longtemps, Voltaire se disait mourant. C’était un moyen de défense. Quand il ne put plus douter que sa fin approchât, il poursuivit avec autant, sinon plus de vigueur, sa guerre contre l’Infâme, comme le prouvent les Dialogues d’Évehmère, Londres (Amsterdam), 1777 (xxx, 465), son Histoire de l’établissement du christianisme, qu’il laisse en portefeuille, la publication qu’il fit à Genève de l’Éloge et Pensées de Pascal (de Condorcet). Nouvelle édition, corrigée et augmentée de XCIV dernières remarques, par M. de V., in-8°, Paris (Genève), 1778. Cf. ici, t. xi, col. 2192-2193. L’abbé Guénée, ayant publié en 1769 ses Lettres de quelques juifs, in-8°, Paris, et ayant réédité cet ouvrage en 1771, 1772 et 1776, Voltaire y répondra encore par Un chrétien contre six juifs, in-8°, La Haye (Genève), 1777.

Il n’est pas d’ailleurs en bons termes avec l’évêque d’Annecy, Biord. Il a eu avec lui des difficultés à propos de l’église de Ferney qu’il a fait démolir et rebâtir de sa propre autorité avec l’inscription Deo erexit Voltaire, à propos aussi d’une croix ancienne qu’il a fait abattre sous prétexte qu’elle gênait la perspective, et de ses Pâques qu’il fait — comme déjà à Colmar en 1754 — en 1768, en l’église de Ferney avec un cérémonial grotesque ; en 1769, dans son lit, sous prétexte de maladie, mais en y ajoutant, cette fois, une série d’actes notariés, dont le dernier fut, le 15 avril, une profession de foi catholique.

Il répétait qu’il se plaisait à Ferney. Mais Paris lui manquait, dont il était exilé depuis vingt ans. Comptant sur une cour mieux disposée, cédant aux appels du parti qui se sent en baisse, prétextant la représentation d’Irène, il arrivait à Paris, le 10 février 1778. Tous, sauf Louis XVI, qui ne lève pas l’interdiction, orale il est vrai, de son prédécesseur, lui font un triomphe. Le 30 mars, à la représentation d’Irène, c’est son apothéose. Il est reçu à la loge des Neuf-Sœurs et élu président de l’Académie. Dans l’intervalle, il a failli mourir. Craignant d’être après sa mort « jeté à la voirie comme la pauvre Lecouvreur », il a reçu un ex-jésuite, aumônier des Incurables, Gaultier, qui subordonne l’absolution à une rétractation (l, 371 sq. et passim). Voltaire lui en écrit une, à sa manière, insuffisante par conséquent. Les choses en restèrent là. Voltaire mourra le 30 mai, furiis agitatus, dira son médecin Tronchin, cf. Maynard, op. cit., p. 614-619 ; Desnoiresterres, op. cit., t. vi, p. 341-386 ; A. Baudrillart, Les derniers moments de Voltaire, dans Revue apologétique, 1905-1906, p. 448449, sans s’être réconcilié avec l’Église et laissant à son secrétaire Wagnière une profession de foi théiste.

L’archevêque de Paris et le curé de Saint-Sulpice refusèrent à sa dépouille la sépulture ecclésiastique. L’évêque d’Annecy avait interdit, d’autre part, de l’inhumer dans l’église de Ferney. Son neveu Mignot, conseiller-clerc au Parlement, abbé de Scellières en Champagne, emporta subrepticement le cadavre dans cette abbaye et le fit inhumer dans la chapelle, ce que blâma l’évêque de Troyes. A Paris, les cordeliers refusèrent de célébrer pour Voltaire le service que l’Académie leur demandait pour chacun de ses membres défunts ; les desservants de l’église, exempte cependant, des chevaliers de Malte firent de même. Une pompe funèbre à la loge des Neuf-Sœurs remplaça le service religieux le 28 novembre.



II. Principales œuvres philosophiques et religieuses de Voltaire.

Il y a, d’après G. Lanson, op. cit., p. 223, trois éditions qui comptent des Œuvres complètes de Voltaire :
1° l’édition de Beaumarchais, dite de Kehl, « la Vulgate de Voltaire » : Œuvres complètes de Voltaire, 70 vol. in-8° et 92 vol. in-12, Kehl, 1784 et 1785-1787 ;
2° l’édition Beuchot, Œuvres complètes de Voltaire, 50 vol. in-8° et 2 volumes de Tables, Paris, 1828-1840 ;
3° l’édition Moland, reproduction de l’édition Beuchot, avec des adjonctions, surtout