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VOLONTE. DES ANGES


b) Les enfants.

Leur situation a été examinée à Baptême (Sort des enfants morts sans), t. ii, col. 376 sq., surtout 377. Toutefois sur ce point précis, deux additions seront utiles :

a. — Certains auteurs estiment que, si la grâce du baptême ne parvient pas à certains enfants, c’est toujours la faute de quelqu’un. Solution inacceptable, parce qu’exagérée et, partant, fausse. Peut-on admettre que, là où la loi chrétienne du baptême n’est pas suffisamment promulguée, le baptême puisse encore être suppléé par un remède de nature ou un acte religieux analogue à la circoncision des Juifs ? Cf. Perrone, De baptismo, n. 135. Question longuement exposée et débattue dans l’Ami du clergé, 1922, p. 725-735. En toute hypothèse, la réponse de Billot, De Deo uno, th. xxvii, § 2, reste pertinente : « Par eux-mêmes, les petits enfants sont tout à fait incapables de pourvoir à leur salut. Il suit donc que la volonté antécédente de Dieu ne saurait prévoir, pour les petits enfants, comme elle le prévoit pour les adultes, un moyen suffisant de salut mis à leur disposition personnelle. La volonté salvifique de Dieu à leur égard doit donc s’expliquer différemment : Dieu veut le salut des enfants autant que les causes secondes ne s’opposeront pas à l’application du sacrement de la régénération, lequel a été préparé pour tous d’une façon générale. Certains théologiens voudraient restreindre aux causes libres seules ces causes secondes dont dépend la possibilité d’appliquer aux enfants le sacrement de baptême : dans cette opinion, aucun enfant ne mourrait, privé de la régénération spirituelle, sans qu’intervienne une faute humaine, distincte du péché d’Adam, ou tout au moins une négligence plus ou moins grave soit des parents soit d’autres personnes. Mais une telle restriction (difficilement conciliable, semble-t-il, avec les faits) ne paraît pas nécessaire. On dirait peut-être avec plus de vérité que la volonté divine est que le remède du salut soit appliqué aux enfants, dans la mesure où ne s’y opposent pas soit les libres décisions des hommes, soit le cours régulier de la nature… Dieu veut leur salut, à condition cependant que ceux au soin desquels sont confiés les petits enfants ne manquent pas à leur devoir et que par ailleurs il ne soit pas nécessaire de faire des miracles pour éloigner les empêchements provenant des causes physiques… Vouloir le salut des enfants sous ces conditions, c’est le vouloir vraiment, encore qu’une telle volonté ne s’étende pas jusqu’au choix de moyens extraordinaires et moins convenables. Ainsi on dit qu’un père veut vraiment la santé de son fils malade, encore qu’il ne le veuille qu’en tant qu’elle peut être obtenue par les moyens ordinaires et habituels » (p. 245-246). Cf. Garrigou-Lagrange, De Deo uno, p. 434-435.

b. — Pour sauvegarder la volonté salvifique universelle à l’égard des petits enfants, il n’est donc pas nécessaire de recourir à des moyens extraordinaires : purification de leur âme par un baptême de désir répondant soit à la foi des parents (hypothèse de Cajétan), soit à un acte de foi et de charité, personnel et pour ainsi dire miraculeux des enfants eux-mêmes (Klee), soit aux souffrances de la mort qui agiraient à la façon du martyre (Schell), etc. Ces hypothèses, dont il est peut-être possible théoriquement d’envisager le non-répugnance, pratiquement et normalement s’opposent à la croyance el à la discipline de l’Église. En voir la discussion détaillée dans V Ami du eltrgi, 1931, p. 497 sq. ; 1938, p. 337 sq. ; 1948, p. 32 sq.

Conclusion. —

Si le dogme de la volonté salvifique s’impose sans discussion possible à la conscience chrétienne, l’application concrète de cette vérité générale à l’ensemble des hommes qui ont vécu, vivent et vivront Jusqu’à la On du monde est enveloppée de beaucoup de mystère et d’obscurités. Les décisions de l’Église ont posé certains jalons, qui nous permettent d’éliminer des conceptions incompatibles avec la bonté et la justice divines ; mais, en pareille matière, vouloir des précisions serait s’exposer à faire fausse route. On évitera donc, en parlant de la volonté salvifique, les formules trop rigoureuses, qui voudraient imposer à la miséricorde divine les conclusions de la logique humaine, les formules trop larges, où l’imagination et le sentiment se substituent trop souvent à la saine théologie. On évitera surtout de passer, sans marquer la nuance, du domaine de la volonté antécédente à celui de la volonté conséquente, s’exposant ainsi à transformer l’universalisme de l’appel en un universalisme de réalisation ou d’élection absolument répréhensible. Si vague soit-elle, l’assertion du concile de Trente reste la pierre de touche de l’orthodoxie : « Bien que le Christ soit mort pour tous, tous ne reçoivent pas le bénéfice de sa mort, mais seulement ceux à qui est communiqué le mérite de sa passion. » Sess. vi, c. iv.

I. Erreurs opposées au dogme.

Le dogme de la volonté salvifique universelle est mis en péril par l’exagération de l’universalisme, voir Enfer, t. v, col. 87-89. Il est nettement contredit, en sens inverse, par tous ceux qui professent l’hérésie du prédestinatianisme. Tout d’abord au ve siècle, le prêtre Lucidus, voir ce mot, t. ix, col. 1020, avec la bibliographie, col. 1021. Au IXe siècle, Gotescalc, voir Prédestination, t. xii, col. 2901 sq. Au xive siècle, Thomas Bradwardine, voir Augustinisme (Développement historique de V), t. i, col. 2536-2538 ; Thomas Bradwardine, t. xv, col. 765 sq. Au xve siècle, Wicleff, voir ce mot, et Augustinisme, t. i, col. 2511. Au xvie siècle, Luther et Calvin, voir t. i, col. 2542, mais surtout Luther, t. ix, col. 1283 sq. ; Calvinisme, t. ii, col. 1406 sq. Enfin, au xviie siècle, Jansénius et les jansénistes, voir JANSÉNISME, t. viii, col. 431-418 ; Prédestination, t. xii, col. 2959-29(13.

IL Tradition patristique. — Petau, De Deo, t. X, c. iv-v ; *Dp incarnatione, t. XIII, c. i-xiv ; Thomassin, De Deo Deique prnprietatibus, 1. VIII-X ; Passaglia, De partilione divines uoluntatis, Home, 1851 ; Franzelin, De Deo uno, th. xi.vii-i.m ; De Augustinis, De Deo, th. xxxvixxxvii ; De San, De Deo uno, t. ii, n. 11-17 ; Capéran, Le problème du salut des infidèles, 2e éd., Toulouse, 1934 (Essai historique).

III. Exposé théoi.ogique. — S. Thomas, Sum. theol., I », q. xix, a. 6 ; Cont. dent., t. III, c. c.lix ; De oeritate, q. xxiii, a. 2 ; In I’"" Sent., dist. XL VI, q. i, a. 1 ; In epist. ad Ilebr., c. xii, lect. 3 ; In epist. I’m ad Timolh., c. ii, lect. 1. Les commentateurs de la Somme, I", q. xix, a. 6, mais spécialement Billuart, De Deo, dissert. VII, a. 5-8. Parmi les auteurs récents, Chr. Pescli, De Deo uno, n. 321 sq. ; .lanssens, De Deo uno, t. ii, p. 256 sq. ; Billot, De Dro uno, th. xxvii ; Garrlgou-Lagrange, De Deo uno, p. 412-435 ;

Scheeben, Doqmatik, I. IV, p. 163 sq. et, en général, les traités De Deo uno. On consultera également le traité De qratia du P. Lange, S..1., p. 525-556 (thèse 25), et la thèse de P. Mannens, Disquisitio in doctrinam S. Thomiv de imluntate De.i salnifica et île prtvdestinatione, Louvaln, 1883.

A. Michel.


II. VOLONTÉ DES ANGES. Les données positives concernant la volonté des anges ont été, dans l’ensemble, rappelées à l’art. Anok, t. i, col. 1 189. La doctrine des Pères, col. 1202 sq., fait voir un réel progrès dans la conception du rapport de la volonté angélique au bien suprême après l’épreuve. Saint Augustin est vraisemblablement le premier qui ait précisé la doctrine catholique de la fixation de la volonté angélique, soit dans le bien, soit dans le mal. col. 12(11. Cette doctrine catholique a sa répercussion dans les explications fournies au xue siècle, col. 1223 1221. et surtout chez les grands scolastiques. On a donc étudié le rôle de la liberté et de la grâce pour ce qui est de la fixation des anges dans leur elat définitif, col. 1227, avec les modalités propres a chaque école, col. 1229, 1235 1237. L’obstination des démons ; i reçu un coin plément d’explication à DÉMONS, t. IV, col. 103 104,