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VOLONTÉ. DE DIEU, SALVIFIQUE UNIVERSELLE


naître. Mais déjà l’appel divin trouve, même au temps des anciens prophètes, des échos chez les peuples infidèles. L’histoire de Job, la conversion de Ninive par la prédication de Jonas, plus d’un trait emprunté au prosélytisme des Juifs de la captivité le montre clairement.

Les psaumes messianiques reflètent les mêmes perspectives. Le salut est annoncé à toutes les nations jusqu’aux extrémités de la terre. Ps., xcvi, 1-3 ; lxvi, 2-3 ; lxxxvi, 4-7. Toutes les familles de la terre se tourneront vers Dieu et lui rendront gloire. Ps., xxi, 28 ; i.xxxv, 9. Ces prophéties, ouvrant au genre humain tout entier des perspectives de salut, témoignent à leur façon de la volonté qu’a Dieu de sauver tous les hommes.

Cette idée s’affirme avec plus de consistance, quand Dieu déclare « ne pas vouloir la mort du pécheur, mais qu’il vive » et se convertisse. Ez., xxxiii, 11 ; cf. xviii, 27, 28. Dieu pardonne, quand il voit le pécheur pénitent : peut-il ne pas aimer toutes ses créatures ? Sap., xi, 24-25 ; cf.xii, 18-20.

2. Le Nouveau Testament.

a) Les évangélistes. — L’universalité du salut apporté aux hommes par le Messie est au premier plan de la prédication de Jésus. Jésus, en effet, est venu fonder sur la terre un royaume spirituel qui doit s’étendre au delà des frontières de" Palestine. Cf. Matth., viii, 5 sq. L’infidélité des Juifs sera l’occasion de manifester ce transfert du royaume aux nations de l’Orient et de l’Occident : c’est la conclusion des paraboles des vignerons homicides, id., xxi, 33-46, et du festin nuptial, id., xxii, 2-11. D’ailleurs, l’Évangile doit être prêché à toutes les nations, id., xxiv, 14, et avant de remonter au ciel le Christ en donne l’ordre formel aux apôtres, id., xxviii, 19 ; cf. Marc, xvi, 15-16 ; Luc, xxiv, 46-47 ; Act., i, 8.

Saint Jean fait écho aux synoptiques. Le Verbe est la lumière venue en ce monde pour éclairer tout homme ; si les siens ne l’ont pas reçu, il a donné à tous ceux qui l’ont reçu le pouvoir de devenir enfants de Dieu, Joa., i, 9, 11-12. La suite de l’évangile confirme la leçon du prologue : Jésus est l’Agneau qui porte les péchés du monde, i, 29 ; Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour sauver tous ceux qui croient en lui, iii, 6 ; cf. iv, 30-40 ; xvii, 12, etc. Dans sa l re épître, saint Jean dira nettement que Jésus est « propitiation pour nos péchés ; non pas seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier. » ii, 2.

A la lumière de cette affirmation de saint Jean, il est plus conforme à la vérité de donner un sens universaliste à la rédemption dont saint Matthieu affirme qu’ « un grand nombre » seront bénéficiaires, XÔTpov 4vri 7toXXâiv. Voir également l’affirmation du sang « répandu pour un grand nombre (7repi tcoXXûv) en rémission des péchés. » Matth., xxvi, 28 ; cf. Marc, xiv, 24.

b) Saint Paul. — Avec saint Paul, on aborde plus directement la doctrine de la volonté salvifique universelle. L’Apôtre met en relief le salut apporté à toute l’humanité pécheresse par Jésus-Christ, le nouvel Adam. Ici encore, le parallélisme nous oblige à identifier, quant au sens, ol — oXXot, beaucoup, la multitude, et --/vtec. ton, .

SI par le péché d’un seul homme, beaucoup (ol itoXXot) sont morts, bien plus abondamment, par la grftce d’un seul homme, Jésus-Christ, la grâce et le don de Dleti m-sont répandus sur un grand nombre ( :  ; ro&( roXXovc)… Comme donc c’est par le péché d’un seul que tons les nommée sont tombée dans la condamnation ( --n-iz àv6pû t.’ij :::/-/-/P, [(la), njnsi c’est par la justice d’un seul

que tous les hommes reçoivent la Justification de la i’| T.Ti-.y. stvOpitfftove lie, Bixafojffiv I ( ; ir de même que par la désobéissance d’un seul homme beaucoup (ol -’// / ol) ont été constitués pécheurs, de même ; iussi, par loi., i

sance d’un seul, beaucoup (ol TtoXXo :) sont constitués justes (Rom., v, 15, 18-19).

Cette universalité de la rédemption indique clairement que le Christ est venu en ce monde pour sauver les pécheurs, I Tim., i, 15 ; qu’il a été livré pour nos péchés, Rom., iv, 25 ; pour nous tous, ibid., vui, 32 ; qu’il est mort pour nous, ibid., v, 9 ; pour nous tous, II Cor., v, 15. Ainsi nous sommes justifiés dans son sang, Rom., v, 9 ; cf. Col., i, 14 et il est le sauveur de tous les hommes et principalement des fidèles, I Tim., iv, 10. Par là se manifeste le plan de la restauration de l’humanité : « Il a plu (au Père) que toute plénitude habitât en lui et, par lui, de se réconcilier toutes choses (rà roxvTa), pacifiant, par le sang de sa croix, soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux (eI’te Ta ércl -rrjç X^c, , être Ta èv toïç oùpxvoîç). Col., i, 19-20 ; cf. Eph., i, 9-10.

S’il a plu au Père de chercher, par le sang du Christ, cette réconciliation universelle, c’est donc que la bienveillance divine s’étend à tous sans exception et que Dieu, autant qu’il est en lui, veut le salut de tous. Saint Paul l’affirme nettement dans la première épître à Timothée, ii, 1-5.

Avant tout, je demande instamment qu’on ofïre de, s prières, des demandes, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes…, afin que nous menions une vie tranquille et paisible, en toute piété et honorabilité. Cela est bon aux yeux de Dieu notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité : car unique est Dieu, unique aussi notre médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s’est donné comme rançon pour tous (avTi’LoTpov

iiKiÇ, TiaVT(i)v).

On a souligné dans le texte les mots indiquant l’extension universelle de la volonté salvifique de Dieu ; Dieu veut le salut de tous les hommes, et il faut l’entendre de tous sans exception, « puisque l’exception n’est pas indiquée et qu’elle est, au contraire, exclue par l’emphase du discours et par le mot « tous » quatre fois répété ». F. Prat, La théologie de saint Paul, 6e éd., Paris, 1912, t. H, p. 118. Toute interprétation limitative ou restrictive doit donc être éliminée. Le salut est voulu pour tous ; la connaissance de la vérité, pour ceux qui en sont capables. Et la raison nous en est donnée, c’est celle qu’on a rappelée tout à l’heure : le Christ, médiateur unique, s’offrant en rançon pour tous. Et précisément cette raison montre que saint Paul se place dans l’hypothèse du péché originel : « Il enjoint actuellement de prier pour tous les hommes ; il affirme que Dieu présentement veut le salut de tous les hommes et que Jésus-Christ, une fois pour toutes, est mort pour tous les hommes. » Prat, op. cit., p. 120.

La volonté salvifique, exprimée ici par saint Paul, ne doit pas être confondue avec le propos divin (7rp66ecîiç), c’est-à-dire le décret absolu qui se réalise certainement et ne dépend pas des mérites de l’homme, cf. Rom., viii, 28 ; Eph., i, 11 ; iii, 11 ; II Tim., i, 5 ; ni avec le bon plaisir (eùSovia), qui indique une bienveillance gracieuse et ne s’applique jamais à la permission du mal. cf. Eph., t. - r), <> : l’hil.. ii, 13 ; II Thess., i, 11, etc. ; ni avec le conseil (ftauX^), sagesse éclairant les décisions de la volonté divine, Dieu « opérant toutes choses selon le conseil de sa volonté. Eph., i, 11 ; cf. Ileb., vi. 17 ; Act.. xiii, 36 ; xx. 27 (discours de saint Paul). I.a volonté salvilique est une volonté réelle, non absolue puisqu’elle ne se réalise pas nécessairement : on peut à bon droit l’appeler « volonté de désir. Cf. I Thess., iv, .’( ; I Tim., n. 1 ; Rom., ix, 22.

c) Saint Pierre. Dès ses premiers discours aux

Juifs, Act.. n iv. saint Pierre avait, d’une façon suffisamment claire, prêché l’universalité de l’appel au