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VOLONTÉ. DE DIEU, ATTRIBUTS


la miséricorde de Dieu. On devra surtout observer que la foi en la miséricorde de Dieu a dû se préserver, dans les premiers siècles, de deux excès contraires : la rigueur novatienne, voir t. xi, col. 839, présentant aux croyants un Dieu cruel (erreur renouvelée dans les temps modernes par tous ceux qui, comme Hartmann, en raison du dogme de l’enfer éternel, accusent Dieu d’une odieuse tyrannie) ; — le miséricordisme, erreur de tous ceux qui, à toutes les époques, ont renouvelé l’hérésie origéniste du salut universel ou du moins ont adouci outre mesure les rigueurs des peines infernales. Voir ici Enfer, t. v, col. 74-76 ; Jérôme (Saint), t. ix, col. 980-981 ; Mitigation des peines, t. x, col. 2005-2007. Cf. A. Lehaut, L’éternité des peines de l’enfer dans saint Augustin, Paris, 1912, première partie.

Les vertus qu’on peut rapprocher de la miséricorde sont : la libéralité, Dieu agissant non pour sa propre utilité, mais seulement parce qu’il est bon, S. Thomas, I », q. xliv, a. 4, ad l"™ ; la magnificence, qui amplifie encore la libéralité, soit dans l’ordre naturel, soit dans l’ordre surnaturel (incarnation, eucharistie), cf. Ex., xv, 11 ; I Par., xxix, Il et fréquemment dans les psaumes ; la magnificence divine est apparue dans la transfiguration, II Pet., i, 17 ; la longanimité, mélange de patience et de magnanimité, cf. Ps., en, 8 ; Rom., ii, 4 ; xi, 22 ; II Pet., iii, 15 ; la patience, dont le Christ a été un parfait exemple dans sa passion, II Thess., iii, 5 ; la mansuétude, dont Dieu fait constamment preuve à l’égard des pécheurs, cf. Matth., v, 45 ; la clémence, s’exerçant à l’égard des inférieurs, et dont la liturgie, au jour de l’Ascension, chante les bienfaits à l’égard de nos crimes (hymne des vêpres et des laudes) ; la piété qui, aux vertus précédentes, ajoute la tendre affection qui unit les membres de la même famille (parabole de l’enfant prodigue, du bon Samaritain), la suavité, la bénignité, l’humanité, la grâce. Voir, sur toutes ces vertus, d’heureux développements, avec application à la vie spirituelle, dans Janssens, op. cit., p. 356-363.

Parmi les œuvres de miséricorde, Lessius énumère tout d’abord l’incarnation, puis la doctrine céleste apportée par le Christ au monde ; l’exemple de toutes les vertus donné par le Christ ; notre libération du péché et de la mort éternelle ; notre adoption comme fils de Dieu ; le trésor inépuisable de pardon par le moyen des sacrements ; le mystère de l’eucharistie ; enfin, tous les bienfaits d’ordre plus particulier qui nous viennent de la providence naturelle ou de la religion du Christ. Op. cit., I. XII, De misericordia Dei.

Enfin, saint Thomas (a. 4) met en relief une vérité fondamentale dans l’économie chrétienne : dans toutes les œuvres divines, la miséricorde se mêle à la justice. Dieu ne doit rien aux créatures ; tout ce que celles-ci possèdent leur vient de sa bonté. Il est donc logique que ce point de départ se retrouve par une influence prépondérante dans tout le reste. Ainsi la miséricorde divine accroît la mesure des bienfaits comme elle diminue la rigueur des châtiments. Voir Mitigation des peines, t. x, col. 1998.

2o Dans l’ordre de l’action ad extra : la toute-puissance. — En parlant de la puissance divine, il ne peut être question que d’une puissance active, ordonnée à l’action, et d’une puissance parfaite B’identi fiant avec l’essence divine et avec son propre acte. Il est clair que Dieu, créateur du monde, ne peut agir ad extra que s’il a la puissance active à un titre souverain >. Cf. Sum. theol., I q. xxv, a. 1 ; cf. Conl. Cent., t. I, c. xvi ; t. II, c. vu ; De potentia, q. I, a. 1 ; q. vu. a. 1. Cette puissance est nécessairement infinie, puisqu’elle S’identifie avec l’acte pur qu’est Dieu, Stim, theol., toc. cit., a. 2 ; elle est donc une toute-puissance.

1. I.n lontr-puissancc divine, 1, e dogme de la

toute-puissance divine est expressément énonré. dans les symboles primitifs : Credo in Dttim omnipotentrm ;

cf. Den2.-Bannw., n. 2. fi. 13, i">. 39 (non 1res omnipotentes, seit iinus omnipotent), 54, 88 ; ci dans les formules déprécatives de la liturgie, Omnipotent srmpiterne

Deus. Dogme défini au IVe concile du Latran, c. i, Denz.-Bannw., n. 428 et au concile du Vatican, sess. m, c. i, ibid., n. 1782-1783.

La sainte Écriture est formelle. Dans l’Ancien Testament Dieu est appelé plus de soixante-dix fois El Shaddaï, c’est-à-dire le Dieu tout-puissant ; d’autres formules présentent un sens analogue, exaltant la puissance irrésistible de Dieu dans ses œuvres, principalement dans la création. Cf. Gen., xvii, 1 ; xvin, 14 ; Ex., xv, 3 ; Esther, xiii, 9 ; Job, xlii, 2 ; Eccl., xviii, 4, 5 ; Ps., xxxii, 6, 9 (cf. Apoc, iv, 11). Dans le Nouveau Testament : Luc, i, 37, 49 ; II Cor., vi, 18 ; I Tim., vi, 15 ; Apoc, i, 8 ; xix, 6. Le Christ lui-même proclame que tout est possible à Dieu, Matth., xix, 26 ; Marc, x, 27 ; xiv, 36.

Les témoignages patristiques pourraient être cités en nombre considérable. Contentons-nous tout d’abord des règles de foi : S. Irénée, Adv. hær., t. I, c. x, n. 1 ; cf. c. xxii, n. 1, P. G., t. vii, col. 549 A, 669 A ; Tertullien, De præscript., c. xiii, P. L., t. ii, col. 26 B ; De virg. velandis, c. i, ibid., col. 889 A ; Origène, De principiis, præf., n. 4, P. G., t. xi, col. 117 A ; Novatien, De Trinitate, c i, P. L., t. iii, col. 913 A. Ensuite, des affirmations très nettes contre le dualisme, la toute-puissance divine étant à l’origine de toutes choses, même de la matière : Aristide, ApoL, n. 4, 5, P. G., t. xevi, col. 1109 sq., 1121 A, C ; Théophile d’Antioche, Ad Autol., t. I, n. 4, ibid., t. vi, col. 1029 AB ; Tertullien, Adv. Herrnog., c. viii ; cf. xvi, xvii, P. L., t. ii, col. 204 B, 211-212 ; Lactance, Div. inst, t. II, c. ix ; t. VII, c. xxi, P. L., t. vi, col. 297 À sq. ; 800 B sq. ; S. Augustin, Cont. Felicem manich., t. II, c. xviii, ibid., t. xlii, col. 547 ; De civ. Dei, t. V, c. x, n. 1, t. xli, col. 152. Voir aussi, se rapprochant de l’affirmation précédente : S. Irénée, Fragm., vi, P. G., t. vii, col. 1231 C ; Clément d’Alexandrie, Protrept., c. iv, n. 63, ibid., t. viii, col. 161 B164 B ; Origène, De princ, t. I, c. ii, n. 10 ; t. II, c. ix, n. 6, ibid., t. xi, col. 138 C, 230 AB. Même les démons sont sous la dépendance de la toute-puissance divine, Dial. de recta in Deum fide, sect. iii, n. 9, ibid., t. XI, col. 1800 A. — Enfin, quelques textes d’une portée générale et absolue : pour Tertullien, Dieu peut tout, De resurr. carn., c. xi, P. L., t. ii, col. 809 A ; du dogme de la toute-puissance, Origène déduit celui de la Providence, In Gen., hom. iii, n. 2, P. G., t.xii, col. 175 BC ; Cyrille de Jérusalem place Dieu au-dessus de tous par sa puissance, tcxvtcov SuvaTojTepoç, Cat., iv, n. 4, P. G., t. xxxiii, col. 460 A ; Grégoire de Nysse rejette de Dieu toute impuissance, Or. catrrh.. c. i, ibid., t. xlv, col. 13-16 ; cf. In Hexæmeron, ibid., t. xliv, col. 69. Pour saint Augustin, la toute-puissance divine est confessée par tous : on peut nier le Christ, on ne saurait nier la toute-puissance divine. Serm., ccxl, n. 2, P. L., t. xxxviii, col. 1131 ; cf. S. Pierre Chrysologue, Serm., cxli, ibid., t. lu. col. 578 B ; Cassiodore, De anima, c. ii, ibid., t. lxx, col. 1287 A. Voir aussi l’art. Création, t. iii, col. 2059 sq.

2. Notion philosophique de la toute-puissance divine.

— Mais que signifie exactement l’expression : « Dieu peu ! tout » ? Le seul sens acceptable est que Dieu peut tout le possible, c’est-à-dire toute chose dont l’existence n’implique pas contradiction. Il est possible que Socrale soit assis ; mais il est contradictoire qu’il soit à la fois assis et debout. Dieu ne peut pas réaliser ontradictoires, ou, plus exactement, ce sont les

contradictoires qui ne peuvent être réalisées : « Si Dieu pouvait faire ce qui est impossible, il ne serait plus tout-puissant, i S. Augustin. Serin.. CCXIII, n. 1,

P. L., t. xxxviii. col. 1060-1061. « L’impossible

est (pour Dieu) une marque, non d’infirmité, mais de puissance et de majesté. » S. Ambrolse, Epttt., L, n. 1, ibid., t. xvi (1880), col. 1205 B. Plus exprès