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VOLONTÉ. DE DIEU, ATTRIBUTS


Cette condition faisant défaut, en raison de l’infidélité des pécheurs, la volonté salvifique demeure inefficace.

Cependant toute volonté conditionnée n’est pas nécessairement inefficace, car la condition peut être réalisée par la volonté divine elle-même. Ainsi Dieu n’accorde la gloire éternelle qu’aux mérites des saints ; mais sa volonté, par la grâce efficace, fait acquérir aux saints les mérites qui seront couronnés : lanta est erga homines bonitas (Dei), ut eorum velit esse mérita, quæ sunt ipsius dona. Conc. Trid., sess. v, c. xvi ; cf. can. 32 ; Denz.-Bannw., n. 810, 842. Le texte de saint Augustin, auquel se réfère tacitement le concile, est celui-ci : Cum Deus coronat mérita nostra, nihil aliud coronat quam munera sua. Epist., cxciv, n. 19, P. L., t. xxxiii, col. 880.

D’ailleurs, même quand la volonté divine, par le fait de la résistance du pécheur, demeure sous un rapport inefficace, elle garde encore toute son efficacité relativement à la fin dernière, la gloire de Dieu, qui sera, par la justice, finalement réalisée.

Volonté de bon plaisir et volonté de signe.

La

volonté de bon plaisir est la volonté réelle, incréée, existant en Dieu et dans laquelle Dieu se complaît (de là le nom) : cette volonté même que l’on a divisée en volonté antécédente et en volonté conséquente. La volonté de signe n’est que la manifestation extérieure, créée, dans laquelle nous pensons trouver l’expression de la volonté réelle de Dieu. On l’appelle volonté de Dieu par métonymie ou par métaphore.

On énumère communément cinq signes de la volonté divine : la défense qui interdit de faire quelque chose ; le précepte qui, au contraire, impose un acte jugé nécessaire par le supérieur ; le conseil, simple avis émané du supérieur ou d’une personne sans autorité suffisante, suggérant une décision sans l’imposer ; l’opération, par laquelle Dieu lui-même, agissant extérieurement, montre ce qu’il attend de nous ; enfin la permission, par laquelle Dieu ou un supérieur n’empêchent pas de faire quelque chose (bien ou mal). Les deux derniers signes concernent le présent ; les trois premiers, l’avenir.

On peut se demander quels sont les rapports de la volonté de signe à la volonté de bon plaisir. Une volonté de signe ne coïncide jamais avec la volonté de bon plaisir, c’est la permission qui tolère le mal qu’elle ne peut empêcher et qu’elle réprouve. Une volonté de signe coïncide toujours avec la volonté de bon plaisir : c’est l’opération de Dieu, Dieu ne pouvant se contredire. Enfin, le précepte, la défense, le conseil peuvent parfois coïncider, parfois ne pas coïncider avec la volonté de bon plaisir : tel, le précepte donné par Dieu à Abraham de tuer son fils. Dans les cas où la volonté de signe ne coïncide pas effectivement avec la volonté de bon plaisir, elle n’est dite volonté de Dieu que métaphoriquement. Cf. Billuart, op. cit., dissert. VIII, a 5.

Conclusion. — Sommes-nous obligés de conformer notre volonté à la volonté divine et comment ? Cf. I » -II* q. xix, a. 3 ; De veritale, q. xxiii, a. 7. La réponse affirmative s’impose : il faut toujours vouloir, sinon ce que Dieu veut, du moins ce qu’il veut que nous voulions. Lu prenant pour règle les défenses, les préceptes et les conseils divins, on peut être assuré de vouloir et « le ne pas vouloir ce que Dieu veut que nous voulions et ne voulions pas : et telle doit être notre conformité au vouloir divin, bien cpie nous ne soyons peut-être p : is assurés d’une conformité abSO lue de l’objet de notre vouloir avec l’objet du vouloir de Dieu : la volonté divine n’a-t-cllr |> : is pour nous

des mystèrei Impénétrable* ? Cf. liillot, op. cit., th. xxix, in fine.

V. Attuihuts.

Certains attributs divins dol vent être rapportés plus spécialement à la volonté

de Dieu, soit dans l’ordre moral, soit dans l’ordre de l’action ad extra.

Dans l’ordre moral.

Selon les règles rappelées

à Attributs divins, t. i, col. 2226-2227, on ne saurait transférer en Dieu les affections qui, bien que dénotant une certaine perfection, renferment cependant des éléments d’imperfection : telles, la tristesse, la crainte, l’obéissance, le courage même. Si parfois l’Écriture attribue à Dieu ces vertus, c’est par anthropomorphisme, en raison, comme on l’a déjà dit, de la similitude des effets.

Trois vertus de la volonté humaine, perfections simples, doivent être transférées formellement à la volonté divine : la sainteté, la justice, la miséricorde. Elles comportent d’ailleurs quelques vertus annexes.

1. La sainteté.

Que Dieu soit saint, l’Écriture l’atteste expressément, voir Sainteté, t. xiv, col. 841-842. Cette sainteté est essentielle en Dieu, précisément parce que la volonté divine veut nécessairement le Bien souverain qu’est Dieu lui-même. Mais elle se manifeste aussi dans les décisions libres de cette volonté souveraine, toujours pleinement conformes aux exigences du Bien souverain. Par là, elle est la règle suprême de toute sainteté. Cf. Janssens, De Deo uno, t. ii, p. 366-367. Ainsi sont réalisés en Dieu les deux éléments de la sainteté : pureté, fermeté. Cf. S. Thomas, H a -II ! B, q. lxxxi, a. 8. En Dieu, l’immutabilité est garantie de la fermeté.

Lessius énumère six différences entre la sainteté divine et la sainteté des créatures. En Dieu, sainteté essentielle, subsistante, infinie en intensité et en extension, sans diminution ni accroissement possible, dépassant infiniment toute sainteté créée, dont elle est cause efficiente, exemplaire, formelle, finale. De perject. moribusque divinis, t. VIII, c. il.

Quelques affirmations de l’Écriture paraissent contredire cette sainteté de la volonté divine dans ses rapports avec les créatures : l’ordre donné par Dieu aux Hébreux de dépouiller les Égyptiens lors de leur départ, Ex., iii, 22 ; l’endurcissement du Pharaon, voulu par Dieu, ibid., iv, 21 ; la volonté du Christ de parler en paraboles pour n’être pas compris, Matth., xin, 13 ; le préjudice injuste causé au propriétaire des porcs noyés à Gérasa, ibid., viii, 32, etc. Difficultés de solution facile, donnée par tous les commentateurs.

A la sainteté de Dieu on peut rattacher la beauté divine. Cf. Franzelin, De Deo, thèse xxx ; P. M. Garénaux, La beauté de Dieu et son amabilité, Tournai, 1910 ; H. Krug, De pulchriludine divina, Fribourgen-B. , 1902 ; F. Ould, The Beauty of God, Londres, 1923.

2. La justice.

Sur la notion de la vertu de justice, voir t. viii, col. 2001. La justice est une vertu propre à la volonté, col. 2004, vertu en laquelle on distingue la justice commutative et la justice distribut ive, col. 2011.

a) Dieu est juste. — Vérité de foi, clairement enseignée dans l’Écriture et la tradition.

a. Écriture. — Les psaumes sont de fait remplis d’affirmations relatives à la justice de Dieu : vii, 10, 12 ; ix, 8 ; x, 7 ; xxx, 2 ; xxxii, 5 ; xxxiv, 24 ; xxxv, 7 ; xxxvi, 6 ; xxxix, 11 ; xliv, 8 ; l, 16 ; lx, 13 ; lxx, 19 ; lxxi, 1 ; xci, 16 ; xcv, 13 ; xcvii, 2 ; xcviii, 4 ; eu, 6, 17 ; xc, 7 ; exi, 3 ; cxv, 5 ; cxviii, 123, 137, 142, 164. Voir aussi Job, xxxiv, 10, 11 ; Jer., xxiii, 6 ; xxxiii, 16 ; Prov., xxiv, 12 ; Sap., XII, 15. Cf. Notscher, Die Gcrechligkcil Gottes bei den vorcxilischen Propheten, Munster, 1915.

Dans le Nouveau Testament, Dieu est appelé juste. Joa., xvii. 26 ; Apoc, xvi, 5-7, et la justice apparaît dans ses Jugements : Matth., xvi, 27 ; cf. v, 12 ; XII, 26 ; x, 42 ; Rom., Il, 62 iq. ; iii, 24 Bq. ; Gal., vt, X ; II Cor., ix, 6 ; Ilebr., vi, 10 et surtout II Tim., iv, 8.