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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. DÉBUT DU XII* SIÈCLE

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bien de ce qui les laisse « un ». Voilà pourquoi nous ne reconnaissons pas deux principes, mais un seul principe du Saint-Esprit. En effet, lorsque nous disons que Dieu est le principe de la créature, nous considérons le Père, le Fils, le Saint-Esprit comme un unique principe, non comme trois principes. Aussi nous disons un seul créateur et non pas trois créateurs, bien que le Père, le Fils et le Saint-Esprit soient trois ; et la raison en est que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont créateurs par ce en quoi ils sont un, non par ce en quoi ils sont trois. Si donc, relativement à la créature, bien que le Père soit principe, que le Fils soit principe, que le Saint-Esprit soit principe, cependant ils ne sont pas trois principes, mais un seul principe ; de même, relativement au Saint-Esprit, bien qu’il procède du Père et du Fils, il ne procède pas de deux principes, mais d’un seul, comme il procède d’un seul Dieu qui est le Père et le Fils. » De processione S. Sp., c. xviii, col. 311-312. (Trad. de Régnon, t. ii, p. 202-203.) Bien que la dialectique ait emporté Anselme au point de lui faire négliger tout recours aux sources patristiques, les preuves scripturaires ont été invoquées surtout aux c. ix-xii et xix-xx.

La doctrine trinitaire de saint Anselme a été particulièrement mise en relief par L. Janssens, op. cit. : sur les processions, p. 49, cꝟ. 78 ; sur les relations, p. 249 ; sur le rôle de la raison dans l’étude du mystère, p. 395, cꝟ. 413 ; sur le nom de Verbe, p. 486 ; sur l’unique principe de laspiration, p. 607 ; sur l’égalité du Père et du Fils, p. 802 ; sur les missions divines, p. 818.

b) Anselme de Laon († 1117). —

Une mention doit être accordée à cet auteur, disciple et homonyme d’Anselme de Cantorbéry, qui fut, au xir » siècle, le chef d’une école florissante. Sur Anselme de Laon, voir Dict. d’hist. et de géogr. eccl., t. iii, col. 485-487. L’ouvrage principal d’Anselme est intitulé Flores sententiarum ac quee.stionum magistri Anselmi et Radulphi fratris ejus, ms. Bibl. Nat. lat. 16 528, fol. 1-252. Il est divisé en sept parties. En voir les titres dans L. Saltet, Les réordinations, Paris, 1907, p. 285, note 3. C’est dans la première partie qu’on rencontre les questions relatives à la Trinité (prima pars continet de Pâtre et Filio). L’inspiration en est nettement traditionnelle et reflète saint Augustin et saint Anselme. Elle évoque même Jean Erigène, dont le monisme toutefois est rigoureusement écarté. La philosophie y a une grande part. Les Flores ont été édités une première fois par G. Lefèvre (thèse), Évreux, 1895, sous le titre Anselmi Laudinensis et Radulphi fratris ejus sententise excerptse. Une édition plus complète et plus récente, par Bliemetzrieder, dans les Beitrâge de Bâumker, Munster-en-W., t. xviii, 1919.

c) Guillaume de Saint-Thiéry († 1148).—

Cet adversaire d’Abélard, voir plus loin. col. 1714, est un représentant de l’école traditionnelle. Son œuvre prépare celle de Pierre Lombard. Théologien profond, nourri des Pères, doué d’un jugement sûr et pénétrant, tel il nous apparaît. Trois de ses ouvrages, dont deux seulement sont édités, nous renseignent sur sa doctrine trinitaire :

1. Spéculum fidei, passim ; voir P. L., t. clxxx, col. 385 A, 392 AB, 394 AB, 396 BC ; — 2. JEnigma fidei, ibid., col. 405 AB, 408 AC, 409-414, 417 AB, 419-422, 425 D-432 C, 433D-436D, 437C-440 : — 3. Sententiss de fîde, inédit, où l’auteur « traite de l’essence divine, de ses attributs, de la trinité des personnes, de l’unité de nature et de la création des anges et des hommes, employant presque toujours les propres paroles de saint Augustin et de Boèce ». Dom Ceillier, Hisl. gén. des auteurs sacrés et ecclés., éd. Vives, Paris, 1863, t. xiv, p. 389. La préface de l’édition Migne indique un autre ouvrage inédit : Traité des relations divines contre les erreurs de Gilbert de la Porrée ( ?).

Mais les traités polémiques de Guillaume contre Abélard sont encore la meilleure source à laquelle on doive puiser :

1. Sa lettre à saint Bernard, dans les œuvres de ce Père, Epist., cccxxvi, P. L., t. clxxxii, col. 531 ; — 2. Dispulatio adversus Petrum Abselardum, P. L., t. clxxx. col. 249-282 (la théologie trinitaire dans les c. ii-iv) ; — 3. Dispulatio altéra adv. Abœlardum, 1. I : réfutation de la doctrine abélardienne qui attribuait la puissance au seul Père, la sagesse au seul Fils, la bénignité au seul Saint-Esprit, ibid., col. 283298 ; 1. II : comment la trinité des personnes se concilie avec l’incarnation du seul Fils, col. 297-310 ; I. III, diverses erreurs abélardiennes y sont réfutées, notamment les erreurs cataloguées dans Denz.-Bannw. , n. 2, 3, 7, pour nous en tenir aux questions trinitaires. Ibid., col. 309 sq. Il faut enfin ajouter l’opuscule De erroribus Guillelmi de Conchis, ad sanctum Bernardum, col. 333 sq.

d) Rupert de Deutz († 1135). —

Le De Trinitate de Bupert de Deutz ne ressemble à aucun autre ouvrage sur la Trinité. C’est un commentaire sur un grand nombre de livres sacrés depuis la Genèse jusqu’aux évangiles. Il est divisé en trois parties : la première présente les événements depuis la création du monde jusqu’à la chute du premier homme ; la deuxième, depuis cette date jusqu’à l’incarnation et la passion du second homme, Jésus-Christ, Fils de Dieu ; la troisième, depuis ce temps jusqu’à la résurrection générale. Rupert attribue les œuvres de la première partie au Père ; celles de la deuxième au Fils ; celles de la troisième au Saint-Esprit. Ni son exégèse, ni sa théologie ne présentent d’originalité. Les applications trinitaires des textes de l’Ancien Testament en forcent évidemment le sens. Voir ici t. xiv, col. 175184. La procession du Saint-Esprit a Pâtre Filioque est cependant bien présentée au début de la troisième partie, c. iii-iv et c. xxviii, P. L., t. clxvii, col. 15731576, 1599-1600. La doctrine trinitaire proprement théologique de Rupert doit être glanée aussi en d’autres ouvrages, mais surtout dans le De glorificatione Trinitatis et processione Spiritus sancti, P. L., t. clxix, col. 13 sq., et dans le De divinis officiis, t. clxx, col. 13 sq. Sur le reproche fait à Rupert d’avoir affirmé l’incarnation du Saint-Esprit, voir ici t. xiv, col. 193194.

e) Hugues Métel († 1150). —

Si l’on cite cet auteur, ce n’est pas en raison de sa très modeste notoriété théologique, voir t. x, col. 1573. Mais ses lettres sur la Trinité attestent le caractère traditionnel des doctrines qu’il y présente. La lettre m est un petit traité composé à la prière de Tiécelin, son premier maître, et dans lequel Hugues propose ce que l’Église croit du mystère de la Trinité. Il n’y parle que d’après saint Augustin, saint Ambroise, saint Athanase, saint Jérôme et Boèce. La lettre xlv à l’abbé Odon explique la Trinité par les relations divines. Cf. Ceillier, op. cit., p. 363, n. 7 et 368, n. 25.

f) Honorius Augustodunensis.

Cet auteur, dont la personne demeure entourée de tant d’obscurité, a certainement vécu dans la première moitié du xii* siècle. Voir ici t. vii, col. 139 sq. Deux de ses ouvrages retiendront notre attention : 1. De philosophia mundi, P. L., t. clxxii, où les c. vi-xiv du 1. I esquissent rapidement le dogme et la doctrine des appropriations, col. 45 A-46. Le c. xv contient une allusion intéressante à l’adresse de ceux qui voyaient dans le Saint-Esprit l’âme du monde, col. 46 CD. — 2.Elucidarium sive dialogus de summa totius christianie théologies, dont deux petits chapitres (i et n) sont consacrés à la Trinité et aux noms du Père et du Fils. Un point de comparaison, pour l’intelligence du mystère, est donné dans le soleil, à la fois substance ignée, lumière et chaleur. Col. 1110-11Il A.