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VOLONTAIRE. DIVISIONS


sabilité totale chez les malades psychiques. Voici, à ce sujet, la conclusion avertie d’un auteur contemporain :

Il y a, bien entendu, des troubles d’une violence telle qu’ils influencent toute la vie psychique et empêchent radicalement l’exercice de la volonté libre. Dans ces cas, il ne peut être question de responsabilité. Par contre, il y a des troubles dont l’influence sur fa vie psychique est minime, de telle sorte que l’exercice de la volonté n’en est pas empêché mais seulement diminué ; il est impossible, en ce cas, de nier radicalement la libre détermination. Remarquons encore que certains troubles psychiques se limitent à une certaine catégorie d’actes et laissent dès lors subsister assez de liberté pour que les autres soient très certainement imputables. En outre, certains malades psychiques ne subissent que des troubles intermittents ; en dehors de ces moments, l’exercice de la volonté reste entier. Il est donc faux de prétendre que les malades psychiques sont toujours irresponsables de leurs actes… Dans maints cas, non seulement la rééducation de la volonté est parfaitement possible, mais encore le malade agit consciemment et avec sa raison. J.-H. Bless, Traité de psychiatrie, tr. fr., p. 45-46.

Sur les méthodes à suivre pour rendre à la volonté son autonomie morale, on consultera les auteurs qui ont envisagé la possibilité de ce relèvement : André Thomas, Psychothérapie, Paris, 1912 ; Pierre Janet, Les médications psychologiques, Paris, 1919, et La médecine psychologique, Paris, 1924 ; Familier, Pastoral-psychiatrie, Fribourg-en-B., 1898, et Grundlagen der Seelenstôrùngen, ibid., 1906 ; S. Weber, Zwangsgedanken und Zwangszusiànde in pastoral psychidstrischer Beurteilung, Paderborn, 1903 ; Schlôss, Propâdeutik der Psychiatrie, Vienne 1908 ; Raymond, O. P., Le guide des nerveux et des scrupuleux, Paris, 1911 ; Arnaud d’Agnel et D r Espiney, Direction de conscience, Psychothérapie des troubles nerveux, Paris, 1922 ; P. Eymieu, Le gouvernement de soi-même, Paris, 1910, t. i et surtout n ; D rB Capellmann et W. Bergmann, La médecine pastorale, tr. fr., Paris, 1926, p. 177-205 (du D r Capellmann, Selbstbefreiung aus nervSsen Leiden, Fribourg-en-B., 1919) ; R. Vittoz, Traitement des psychonévroses, Paris, 1921 ; R. de Sinéty, Psychopathie et direction, Paris, 1924 ; J.-H. Bless, Traité de psychiatrie, psychopathologie morale, Bruges, 1938 ; D r Henri Bon, Précis de médecine catholique, Paris, 1936, c. xxi et xxiii, etc.

b) Le point de vue personnel se complète fréquemment du point de vue familial, en raison du phénomène de l’hérédité. L’hérédité fournit le plus souvent l’explication première des maladies et des tendances ci-dessus indiquées. En un sujet où règne encore tant d’incertitude, il semble avéré que les tendances des parents se transmettent aux enfants avec une facilité d’autant plus grande que ces tendances dépendent plus étroitement de l’organisme. En sorte qu’en matière d’hérédité morbide, physique ou mentale, c’est la prédisposition physiologique à la maladie ou à la psychose qui est transmise. Les dispositions innées des parents se transmettent fréquemment, les dispositions acquises, rarement ou même, selon certains auteurs, jamais. La transmission du caractère est incertaine ; la similitude de caractère peut être simplement le résultat de l’éducation. Sur les différentes sortes d’hérédité, directe, médiate ou atavique, collatérale, convergente, voir Bless, op. cit., p. 23. Les prédispositions transmises par l’hérédité ne suppriment pas, mais diminuent simplement le volontaire dans les actes. Peut-être, en certains cas, lorsque l’usage de la raison est totalement suspendu, la propension au mal, héritée des parents, devient irrésistible, mais c’est l’exception : « L’homme, héritant des modes de sentir et de penser de ses pères, est sollicité à vouloir et, par suite, à agir comme eux.

Cette hérédité des impulsions et des tendances constitue pour lui un ordre d’influences internes au milieu desquelles il vit, mais qu’il a la faculté de juger et de vaincre. Elles n’entraînent pas plus que les autres circonstances internes ou externes la suppression, l’anéantissement du facteur personnel (quelle qu’en soit la nature), la nécessité irrésistible des actes. Th. Ribot, L’hérédité psychologique, 4e éd., Paris, 1895, p. 324. La plupart des auteurs admettent que l’éducation peut corriger, tout au moins dans une large mesure, les tendances héréditaires. Cf. Guyau, Éducation et hérédité, Paris, 1889, p. 16-32, 70-90.

c) Le milieu social exerce, lui aussi, une influence considérable sur le volontaire, soit dans le sens du bien, soit dans le sens du mal. Par les habitudes et coutumes reçues, et dont elle nous imprègne pour ainsi dire à notre insu, la société facilite notre éducation dans le sens de la morale courante. Exempta trahunt. Elle peut être un sentiment efficace de l’honnêteté professionnelle et civique, grâce au respect des obligations imposées par la vie en commun. On voit de quel secours, dans l’orientation des volontés vers le bien, sera l’influence des milieux sociaux, famille, école, profession, cité, Église. Mais on peut craindre aussi les pires perversités, quand l’orientation des volontés s’exerce en un sens contraire à la saine morale individuelle, familiale, professionnelle, civique ou religieuse. Comme c’est l’éducation qui joue ici le rôle prépondérant, c’est principalement sur la connaissance du bien à accomplir que porte l’influence de la société.

Conclusion. — Toutes ces considérations nous amènent à conclure qu’en vue de donner à son vouloir une direction conforme aux exigences de la vraie morale, l’homme est tenu de cultiver son intelligence dans le sens du vrai, voir Vérité, et sa volonté dans le sens du bien. Pour que la volonté ne devienne pas le jouet des influences délétères venant de l’intérieur comme de l’extérieur, il est nécessaire qu’elle cherche toujours et de plus en plus à trouver et à garder la pleine possession et maîtrise de soi-même. Pour cela, gouverner ses tendances, résister à l’influence mauvaise d’autrui ; tels sont les deux principaux devoirs de l’homme à l’égard de sa volonté. Cf. Mgr Dupanloup, De l’éducation, Ie éd., Paris, 1866, t. i, p. 89-402 ; t. ii, p. 108-484, 547-599 ; H. Spencer, De l’éducation, tr. fr., 7e éd., Paris, 1888 ; Marion, Leçons de psychologie appliquée à l’éducation, Paris, 1895 ; D r P.-E. Lévy, L’éducation rationnelle de la volonté, 4e éd., Paris, 1904 ; J. Guibert, La formation de la volonté, Paris, 1903 ; G. Dwelshauvers, L’exercice de la volonté, Paris, 1935, etc.

II. Divisions.

Outre la distinction établie ci-dessus entre le volontaire nécessaire et le volontaire libre, les moralistes proposent un certain nombre de divisions, dont l’usage est courant en théologie.

Volontaire parfait et volontaire imparfait.


Cette distinction est commandée par le degré de connaissance ou de consentement libre qu’on trouve dans l’acte volontaire. Les actes répréhensibles, provoqués par une passion violente, une crainte soudaine, la découverte inattendue d’une infidélité, manquent trop la plupart du temps de l’advertance, du consentement nécessaire pour qu’ils soient parfaitement volontaires ; ils ne le sont que d’une manière imparfaite, avec toutes les nuances que peut comporter la gamme des imperfections.

2° Volontaire absolu ( simpliciter) et volontaire relatif (secundum quid). — Souvent on confond cette distinction avec la précédente. Cf. Prùmmer, Alanuale theologiæ moralis, t. i, n. 53 ; Tanquerey, Theologia moralis fundamenlalis, t. ii, n. 129. Interprétation plausible. Toutefois, tout en conservant une identi-