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VOLONTAIRE. NOTIONS


a. 2, et des mouvements purement spontanés, réactions naturelles de la sensibilité à la présentation d’un bien qui l’excite. On n’élimine pas pour autant du domaine du volontaire les éléments sensitifs et moteurs qui, dans les mouvements dits volontaires, constituent un mécanisme souvent inconscient déclenché dans l’organisme humain par l’acte de la volonté. Loin de nier la complexité de ces éléments physiologiques et mécaniques sur lesquels la psychologie expérimentale a raison d’insister, la psychologie rationnelle demande simplement qu’on place à leur origine l’acte spécifique de la faculté supérieure, le « fiât » de la volonté, vouloir conscient tendant vers un bien connu et désiré.

3. Volontaire et voulu.

L’effet voulu peut, par extension, être appelé volontaire, parce qu’il résulte d’un acte de la volonté. Mais le souci d’éviter les confusions exige qu’on distingue « volontaire » et « voulu ». Par rapport au volontaire qui est toujours un acte positif, le voulu peut prendre un aspect positif ou un aspect négatif : positif, s’il procède de la volonté effectivement, d’une manière soit immédiate, soit médiate ; négatif, si la volonté s’abstient intentionnellement d’apporter obstacle à l’effet produit, bon ou mauvais. Ainsi le péché d’omission suppose toujours dans la volonté un acte positif : vouloir omettre, bien que, dans l’effet, il prenne un aspect négatif. Voir ici t.xii, col. 154.

4. Volontaire et libre.

Le volontaire n’est pas nécessairement le « libre ». Volontaire est le genre ; libre est l’espèce. Cf. M. -S. Gillet, Les actes humains, trad. de la Somme, édit. de la Revue des Jeunes, Paris, 1926, notes 3-6 et Appendice ii, § 2, p. 450451. La volonté ne peut s’attacher à un bien déterminé que parce qu’elle y trouve, concrétisée en un objet particulier, la raison du bien en général qui est le motif suprême et nécessaire de tous ses choix. Relativement au bien en général, le volontaire est nécessaire et pas libre. Voir Liberté, t. ix, col. 663. Le volontaire libre ne peut porter que sur les moyens ; c’est le domaine de l’élection, voir t. iv, col. 2242. On ne saurait donc admettre la distinction subtile de CL Piat, affirmant la liberté de l’acte volontaire même relativement au bien en général, parce que, dit cet auteur, cette tendance vers le bien en général procède de la nature et non de la nécessité. La liberté. Paris, t. ii, Le problème, p. 262-267. Il faut éviter, par une confusion entre nécessité d’exercice et nécessité de spécification, de ressusciter, même sous une forme anodine, l’erreur janséniste prétendant que le volontaire nécessaire, dès là qu’il procède de la nature, est libre et engage la responsabilité. Cf. Prop. 3. Denz.-Bannw., n. 1001 ; Jansénisme, t. viii, col. 485-491.

Toutefois, pratiquement, les moralistes confondent volontaire et libre, et c’est avec cette acception que Doua l’envisagerons dans la suite.

Conditions fondamentales du volontaire libre.


Bien qu’à la rigueur ces conditions s’appliquent aussi au volontaire nécessaire, elles apparaissent avec plus de relief dans le volontaire libre. Elles découlent de la définition qu’on a donnée plus haut.

Tout d’abord, le volontaire doit procéder d’un principe qui s’y rapporte intrinsèquement : il ne peut procéder que de la volonté et d’une volonté portée effectivement et par sa tendance naturelle vers l’objet désiré. Ainsi la volonté qu’a Dieu de permettre

le péché ne fait pas que Dieu veuille le péché : le

pé « le-lui même ne procède pas de la volonté divine.

Ensuite l’acte volontaire doit être précédé de la

connaissance intellectuelle du bien recherché et le volontaire n’existe que dans la limite où existe cetti connaissai

De ces deux conditions, les moralistes tirent la conclusion suivante qui est à la base de la moralité des actes humains : un acte ne sera vraiment volontaire que s’il est posé en connaissance de cause, cette connaissance portant à la fois sur l’acte lui-même et ses circonstances et sur sa valeur morale. Mais cette connaissance peut être plus ou moins parfaite et comporter toute une gamme de nuances, depuis l’inconscience qui s’éveille à peine dans les mouvements indélibérés de notre affectivité jusqu’à l’advertance parfaite d’une conscience distincte, en passant par les lueurs plus ou moins confuses d’une conscience encore mal éclairée. Sur l’advertance et les actes semi-délibérés, voir Péché, t.xii, col. 229. Les limites de cette prise de conscience, étant les limites du volontaire libre, seront aussi les limites de la responsabilité morale.

Causes influant sur le volontaire.

Les remarques

précédentes obligent à étudier ces causes : les unes influent sur le volontaire immédiatement, d’autres d’une façon médiate ou plus éloignée.

1. Influence immédiate.

Cette influence immédiate peut s’exercer soit sur l’élément de connaissance prérequise, soit sur l’élément proprement volontaire.

— a) Sur l’élément de connaissance, les moralistes notent l’influence de Y ignorance et de l’erreur, auxquelles se ramène le préjuge, qui est une opinion, le plus souvent fausse, adoptée sans examen. Voir ici Ignorance, t. vii, col. 735 sq. ; cf. Péché, t.xii, col. 194 (voir le péché d’ignorance, col. 185 ; le péché d’erreur, col. 187). — b) Sur l’élément de volonté, on note l’influence de la crainte, voir Crainte et responsabilité, t. iii, col. 2011-2014 ; — des passions, voir Péché, col. 195, et Concupiscence, t. iii, col. 803 et surtout 809 sq., Passions, t. xi : les passions et la volonté, col. 2221-2225 ; responsabilité personnelle, col. 2225-2232 ; le péché de passion comparé au péché d’habitude consentie et entretenue, col. 2226-2232 ; l’utilisation de la passion dans la moralité, col. 2232 ;

— de la violence, voir Violence, t. xv, col. 3086.

2. Influence médiate.

Cette influence peut revêtir un triple caractère : personnel, familial, social. — a) Au point de vue personnel, l’influence des habitudes contractées, bonnes ou mauvaises, est considérable et souvent prépondérante. Développant la facilité de l’acte, l’habitude en diminue le caractère volontaire et méritoire ou déméritoire, sauf si cette habitude est et reste actuellement consentie. Voir Habitude, t. vi, col. 2016-2018 et Vertu, t. xv, col. 2766 sq. Sur la responsabilité morale des mauvaises habitudes, voir ce mot, t. vi, col. 2016. Le tempérament et le caractère exercent aussi une grande influence sur le volontaire, en incitant la volonté à accueillir complaisaniment les tendances plus ou moins innées qui peuvent être un adjuvant soit pour le bien soit pour le mal. Il faut en juger comme on juge de l’influence des [lassions en général. Enfin, certains états pathologiques, dénotant un déséquilibre intérieur de l’organisme ou une perte plus ou moins accentuée de l’usage des facultés supérieures, doivent ici retenir l’attention. Citons les aboulies, les manies irrésistibles, la neur asthénie, le scrupule, l’hystérie, l’épilepsie, le sommeil hypnotique, les idées fixes, etc. Leur action délétère a été beaucoup étudiée depuis plus d’un demi siècle. spécialement au point de vue de la responsabilité morale des malades et des moyens d’y remédier. Tandis que certains psychiatres se laissent encore influencer par leur déterminisme et jugent qu’il ne

peut plus être question ici de volonté libre et de responsabilité, d’autres estiment qu’il semble inipos sible. à la lumière des dernières découvertes de psychiatrie et des conclusions de la psychologie expé rimenlale. de Soutenir plus longtemps cette irrcspmi