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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. AVANT L’ÉPOQUE CAROLINGIENNE

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ps. lvi, 4, col. 401 D (unité d’opération ad extra) ; cf. ps. cvi, 46, col. 765 D ; ps. cxxxi, 2, col. 947 CD et ps. cxxxii, 18, col. 955 D ; ps. cxxxv, concl. col. 967 (égalité dans l’adoration). La consubstantialité est indiquée au ps. lv, 9, col. 398 AD.

La collection canonique de Denys le Petit doit être mentionnée parce qu’elle acclimate les canons des conciles et les décisions des papes ; le dogme de la Trinité y trouve sa place marquée.

UHistoire des Francs de saint Grégoire de Tours débute par une profession de foi en la Trinité. P. L., t. lxxi, col. 161 B-162 A ; cꝟ. t. III, n. 31, col. 264 B. Son récit contient un certain nombre de professions de foi et de miracles attestant cette vérité. Cꝟ. t. II, n. 3, col. 195 B ; t. VI, n. 40, col. 406 C ; t. IX, n. 15, col. 493 B ; t. V, n. 44, col. 358 BC. Voir aussi Miraculorum libri, t. I, c. xiii, col. 718 BC ; c. lxxxi, col. 777-778, etc.

A cette époque (vie et vir 3 siècles), la foi au mystère de la Trinité était, à coup sûr, considérée comme le fondement de la vie chrétienne. Les « sermons » de saint Colomban ont pour point de départ une instruction De Deo uno et trino, P. L., t. lxxx, col. 229 sq. Boniface V exhorte le roi Edwin d’Angleterre à révérer avant tout « ce Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est l’indivisible Trinité ». Epist., ii, ibid., col. 437 A. Le roi Dagobcrt I er invoque fréquemment la Trinité au début de ses diplômes. Ibid., col. 499 sq., passim. Voir aussi ceux de Dagobert II, ibid., col. 1301 sq. On constate la même formule initiale dans les chartes des donations aux vu » et viiie siècles. Ibid., col. 1077 sq. Les homélies attribuées à saint Éloi, évêque de Noyon, se terminent presque toutes par la doxologie trinitaire. Ibid., col. 593 sq. Une lettre, écrite en 679 par Damien de Pavie à l’empereur Constantin et à laquelle quelques manuscrits donnent le titre de De flde catholica, expose la croyance trinitaire et christologique de l’Église romaine et de l’Église de Milan, sorte d’explication du symbole de Nicée-Constantinople et des décisions de Chalcédoine. Ibid., col. 1261-1267. Le premier des sermons de saint Boniface, archevêque de Mayence, est consacré à un bref exposé de la foi chrétienne : le dogme trinitaire y tient une place prépondérante. P. L., t. lxxxix, col. 844 D845 AB ; cf. serm. v, col. 852 B ; serm. vii, col. 857 AB.

Dans ses commentaires sur l’Écriture, Bède offre d’excellents exposés théologiques du mystère. In Joan., c. i, P. L., t. xcii, col. 637-638, 645-646 (trinité des personnes) ; cf. c. viii, col. 745 AB ; c. v, col. 695697 (consubstantialité du Père et du Fils) ; cf. c. vi, col. 727 ; c. v, col. 698 (génération) ; c. vi, col. 726 (procession du Fils et du Saint-Esprit) ; c. xiv, col. 826 D-827 D (mission du Saint-Esprit dans les âmes) ; ibid., col. 830 (habitation de la sainte Trinité) ; ibid., col. 831 (unité d’opération ad extra) ; cf. c. xvii, col. 881 CD, 888 BC ; c. xvi, col. 859 (relation de la Trinité à l’incarnation). Voir aussi dans les homélies, t. I, hom. vii, t. xciv, col. 58 sq. ; t. II, hom. vi, col. 161 B-162 C ; hom. vii, col. 166 D ; hom. x, col. 181 D-182 A ; hom. xxi, col. 246 C-247 B. Chaque homélie se clôt par la doxologie trinitaire.

b) Les évêques espagnols forment un groupe compact. Au vie siècle, le priscillianisme est encore assez vivant en Espagne. Saint Martin, évêque de Braga, préside un concile dans cette ville (563) et porte le dernier coup à l’erreur : les deux premiers canons anathématisent les erreurs trinitaires. Voir Priscillien, t. xiii, col. 395 ; Denz.-Bannw., n. 231, 232. Sa lettre De trina mersione montre qu’il avait une parfaite notion du mystère. Voir Martin de Brada, t. x, col. 205.

Léandre de Séville est aussi un défenseur du dogme trinitaire dans ses deux traités de polémique anti-arienne, mentionnés par Isidore, De vir. (II., n. 41, P. L., t. LXXXIII, COl. 1103. Cf. LÉANDRE DE SÉVILLE, t. ix, col. 97. Léandre prit une part active au retour des Wisigoths à la foi catholique. Grâce à lui, le IIIe concile de Tolède (589) eut une exceptionnelle solennité et la profession de foi ainsi que les canons qui suivent sont un des plus beaux monuments élevés à la foi trinitaire. P. L., t. lxxxiv, col. 345-348.

La figure qui domine toutes les autres est celle du frère de Léandre, saint Isidore de Séville (î 636). Ce compilateur résume bien la pensée religieuse de son siècle. C’est au IVe concile de Tolède qu’il déploya toute son autorité. Bien que ce concile n’ait pas la même importance que le IIIe au point de vue trinitaire, on y doit signaler un premier canon De evidenti catholicæ fidei oeritate, P. L., t. lxxxiv, col. 365. Dans ses œuvres de théologie ou d’érudition, Isidore expose avec netteté la doctrine et la terminologie trinitaires. Cf. Etymol., I. VII, c. iv, P. L., t. lxxxii, col. 272 ; Differ., t. II, dif. î, t. lxxxhi, col. 69-73 ; Dc fi.de catholica contra Judœos, c. iv, col. 457-460 ; De ordine creaturarum, c. î, ibid., col. 913-916. Chose extraordinaire, les Sentences ne contiennent que quelques lignes sur la Trinité, t. I, c. xv, De Spiritu sancto, n. 1-3, ibid., col. 568-569.

Quelques noms gravitent autour d’Isidore. Taïon, évêque de Saragosse, expose la doctrine trinitaire en se référant fréquemment à saint Grégoire et à saint Augustin. Sentent., t. I, c. iv-vn, P. L., t. lxxx, col. 735-739. Ildefonse de Tolède indique nettement que le début du catéchuménat comporte la connaissance du mystère de la Trinité. De cognilione baptismi, c. n-iv, P. L., t. xevi, col. 112-113. Voir, sur la génération du Verbe, c. xxxix, col. 128-129 ; sur le Saint-Esprit, sa procession et ses différents noms, c. livlxxi, col. 134 C-138 A. Dans son Liber apologeticus des Trois-Chapitres, Julien de Tolède rappelle la foi trinitaire, sanctionnée aux XIVe et XVe conciles de Tolède. Mais cet exposé se rapporte à un incident qui aura sa place marquée plus loin.

En somme, chez les Pères, la continuité dans la croyance est parfaite. S’il n’y a guère de progrès, dogmatique ou théologique, il y a du moins possession sûre d’une doctrine traditionnelle.

2. Les décisions conciliaires. —

a) A Rome.

La controverse monothélite a sa répercussion et sa solution au concile du Latran de 649. Le can. 1 définit « la trinité dans l’unité et l’unité dans la trinité, à savoir un seul Dieu en trois subsistences consubstantielles et égales en gloire, aux trois appartenant la même et unique divinité, nature, substance, vertu, puissance, le même pouvoir et commandement, la même volonté, la même opération sans principe, sans commencement, incompréhensible, immuable, créatrice et protectrice de toutes choses ». Denz.-Bannw., n. 254. Voir Martin I er, t. x, col. 191.

b) En Espagne. —

La foi trinitaire est déjà précisée au prétendu I er concile de Tolède, Libellas im modum symboli. Denz-Bannw., n. 19 sq. On a signalé plus haut le concile de Braga, avec saint Martin, évêque de cette ville ; la profession de foi du IIIe concile de Tolède, lue par le roi Reccarède lui-même, cf. P. L., t. lxxxiv, col. 341 ; le can. De evidenti catholiese fidei oeritate de saint Isidore, au IVe concile. Ibid., col. 365. Le VIe concile (638) reprend, quant au sens, la même formule de foi au can. 1, De plenitudine fidei catholicæ, ibid., col. 393.

Le XIe concile (675) fait un apport considérable à la théologie trinitaire. Il canonise une profession de foi que Kûnstle attribue à un théologien inconnu du ve siècle. Voir Symboles, t. xiv, col. 2929. C’est le célèbre symbole de Tolède Confilemur et credimus, inséré dans la collection dite Hispana, P. L., t. lxxxiv,