Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/868

Cette page n’a pas encore été corrigée
3265
32
VŒUX DE RELIGION. CONSECRATION
60

n. 136-137 ; Vermeersch, De religiosis, n. 297-299. Notons, pour le principe, que pourraient être commandés par le supérieur « certains actes contraires à la religion », mais alors ils ne rentreraient ni dans le vœu, ni dans la vertu d’obéissance ; dans le doute, néanmoins, la présomption est en faveur du supérieur. De même pour l’appréciation morale de l’infraction, dont la gravité est celle du vœu en général, voir l’article précédent, col. 3221 ; mais d’ordinaire un supérieur religieux ne donne d’ordre formel que pour une chose grave. Enfin, le vœu de religion, partie d’une discipline extérieure, ne réclame proprement que l’exécution extérieure de l’ordre donné ; mais l’adhésion volontaire, qui en fait un acte méritoire, comme va le dire saint Thomas, est requis par la vertu d’obéissance.

e. La soumission de volonté. — Il ne faut pas obéir par force, ce qui rendrait l’acte involontaire et sans mérite ; mais la « nécessité conséquente à l’obéissance est affaire de volonté libre, en ce sens que l’homme veut obéir, encore que peut-être il ne voudrait pas faire la chose commandée, s’il la considérait en elle-même. C’est par là justement qu’il plaît à Dieu, en se soumettant à la nécessité de faire certaines choses qui secundum se ne lui plaisent pas », ad 5um. « L’obéissance aux lois doit sans doute, pour être méritoire, procéder d’un mouvement intérieur du libre arbitre. Mais le but de la loi est suffisamment réalisé par la simple prestation extérieure de ce qu’elle ordonne. » Si pourtant on soumet sa volonté au commandement ut imperatum, ce sera déjà une obéissance intérieure de la part du sujet que cette décision intime : « Je veux obéir. » O. Lottin, Considérations sur l’étal religieux…, p. 76. Sur l’obéissance à contre-cœur, voir les utiles réflexions de Cajétan, in h. loc.

j. La soumission de l’intelligence. — « Il est impossible à l’inférieur de renier son jugement théorique en le soumettant au jugement théorique et pratique du supérieur. Mais lui serait-il impossible, tout en maintenant sa conviction théorique, de répudier son jugement pratique personnel ? » O. Lottin, op. cit., p. 79. Non, d’abord en empêchant que son jugement ne devienne une idée-force, et puis en reconsidérant ce jugement théorique, à la lumière de ce fait nouveau qui est le jugement tout aussi prudent de son supérieur ; enfin en substituant à son propre jugement pratique, qui peut resurgir, un principe qui soit une raison d’obéir » ; tel ce principe d’ordre moral : Il est bon de ne. pas me faire l’esclave de ma décision personnelle, et de suivre les ordres du représentant de Dieu qui m’en demande le sacrifice », op. cit., p. SI, ne serait-ce que pour « m’exercer », comme dit saint Thomas, en bridant un peu nies initiatives. Cf. Ami du clergé, 1913, p. 283. Sur l’usage cl l’abus des humiliations dans certains instituts, voir dom I’. Delatte, Comment, de la règle de S. Benoît, p. 104.

Les Pérès grecs avaient, dans ce sens, préconise l’unanimité, ce qui n’est ni toujours possible, ni désirable. Cf. Ami du clergé, ibid., p. 284. Saint Benoît, plus pratique, ordonne d’obéir au jugement et commandement d’un autre », et cela, « sans murmurer, même dans son cœur ». Régula, c..">. cf. c. 3. Les au leurs monastiques, suivant leur tempérament, avaient insisté sur le dressage par l’obéissance, ou sur la méthode <ie persuasion, qui obtient l’obéissance intérieure. Sur ce dernier point, il y a quelques nuances entre dom Delatte, op. cit., p. 102-103, dom Marmion, l.r < Jinsi idéal du moine, p. 161, et Mgr Hedley, Retraite, c. 19, p. 212.

Chez les frères prêcheurs, on avait entendu dans le même sens Humbeii de-Romans, Vœux et vertu » dans l’état religieux, p. 23 ; sainte Catherine de Sienne. Dialog., clviii, etc.

La caractéristique de saint Ignace est de traiter le point avec ampleur et à fond. Déjà, en sa lettre 112, il avait montré les motifs et les mérites de cette conformité de jugement ; en la lettre 136, il avait spécifié les hiérarchies de l’obéissance, et en la lettre 150 distingué trois degrés de perfection en cette vertu. Mais la lettre 304 du 26 mars 1553 aux jésuites portugais est un vrai traité sur la question de l’obéissance : elle doit être surnaturelle à trois degrés : l’obéissance d’exécution, celle de volonté, celle enfin de jugement, laquelle est possible par l’humilité, nécessaire pour cinq raisons… Ces directives trouvent leur intérêt principal lorsqu’une chose prescrite par le supérieur apparaît illicite, ou du moins moins bonne et moins utile : alors l’ordre du supérieur introduit un élément nouveau, qui donne à la chose commandée une excellence pratique qu’elle n’avait pas. Cf. l’article du R. P. Lavaud, O. P., L’obéissance relig. d’après saint Ignace de Loi/ola, 1929, p. 82-98, suivi du texte de la lettre ; P. Giraud, De l’esprit et de la vie de victime dans l’état religieux.


V. Consécration par le vœu.

C’est à dessein que nous parlons du vœu au singulier, tout comme saint Thomas se demande s’il est nécessaire que tombent sous le vœu, codant sub voto, la pauvreté, la continence et l’obéissance pour la perfection de la religion. II*-II", q. clxxxvi, a. 6. En effet, avant d’apparaître dans leur distinction de vœu de continence, etc., et même longtemps après, le « vœu de religion » embrassait cumulativement ces trois promesses comme essentielles au dit état religieux. Allons plus loin : le vœu primitif de virginité, le renoncement au monde attachaient pareillement les continents et les anachorètes à tout l’essentiel de nos trois vœux.

Développement historique. — À chacune des trois époques de la vie religieuse, les documents fort divers dont nous disposons permettent d’importantes observations sur le développement des vœux, sur les destinataires des promesses, et sur leur objet. Tout d’abord, les vœux de religion, qui, dans notre conception actuelle de l’état religieux, en sont comme la mise en détail en trois chapitres indispensables, sont apparus bien plutôt comme un moyen unique, cumulatif, pratique, d’assurer la garde d’un état de vie selon les conseils évangéliques. De même, c’est après de longs siècles de vie monastique que les promesses religieuses, le « vœu de religion », reçues jusque-là par les autorités officielles, ont été enregistrées comme des promesses faites à Dieu de suivre les trois conseils, essentiels désormais à toute institution religieuse. Os réserves sont nécessaires pour comprendre comment le vœu a pu apparaître fie si bonne heure en des organisations si rudimentaires.

1. Dans l’ascétisme primitif.

Malgré les conseils de retraite donnés aux ascètes par Clément d’Alexandrie. Quis dives salvetur ?. c. xxxvi, P. (’, .. I. x, col. 6 11 ; par Origène, //) Levitic, hom. xi, n. 1, P. f, ’., t.xii, col. 629 ; par Tcrtullien, Dr virgm. retondis, c. III, P. L., t. ii, col. 891 ; malgré les précautions prises pour le recrutement ou l’admission des continents et des vierges, ce qui suppose que ces personnes con clnaient un pacte mutuel, auve7rfj8rj<rav », S. Épi phane, Heeres., c. i.xvii, n. 2. P. < ;.. t. xi.n, col. 173 : il fallait que leur continence filt protégée par un vœu. C’est déjà le sens quc donne à la virginité des Mlles du diacre Philippe, l’olycrale d’Éphèse, dans Eusèbe,

H Ut. eccleê., l. v. c. jcxiv. De la « foi violée des veuves, I Tim., v, 12. saint Jean Chrysostome, In I Tim.,

hom. XV. dit que c’est un pacte (pli exige la vérité : après s’être vouées ; i Dieu, elles lui ont menti et l’ont

méprisé ; elles ont violé le pacte

Les textes du ir siècle ne sont pas aussi nets. mais. quand les apologistes révèlent aux païens que, clic/