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VŒUX DE RELIGION. OBJET

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sant par lui-même. Cependant, n’oublions pas le monachisme oriental, où la continence perpétuelle est l’élément le plus apparent de l’observance, le seul qui soit l’objet d’un vœu.

2. Raisons théologiques.

Elles sont fondées sur l’excellence de la vertu morale de chasteté ; mais elles n’apparaissent distinctement que dans le prolongement de cette vertu, qui est la continence parfaite.

a) C’est à propos justement du mariage que Notre-Seigneur, Matth., xix, 10-12, et saint Paul, I Cor., vu, 32-33, ont été amenés à préciser ces trois avantages du conseil de virginité, tels que plus tard les auteurs spirituels les ont développés ; mais déjà, dans les deux textes eri question, au jugement des meilleurs exégètes modernes, P. Allô, Première épître aux C.orinth., p. 162 sq., les trois avantages de cette continence consentie pour Dieu sont marqués nettement et dans le même ordre : libération des soucis matériels (S. Paul), en particulier des périls de la vie conjugale, Matth., xix, 10 ; plaire au Seigneur (S. Paul), comprendre son désir, Matth., xix, 1 1 ; service de son royaume, « de tout ce qui regarde le Seigneur ». L’une et l’autre recommandation visaient la continence volontaire, non la chasteté vouée.

b) Parmi les Pères, deux courants se font jour : l’un plus mystique et tributaire de saint Paul, qui exalte, voire exagère l’efficacité de la virginité pour la charité, S. Jean Chrysostome, Epist. ad Olymp., c. n ; De virginitate, c. x, P. G., t. xlviii, col. 540, 563, au risque d’en diminuer « les avantages pratiques pour le siècle présent », S. Augustin, De sancta virgin., c. xiii, P. L., t. xl, col. 431 ; l’autre courant, plus réaliste, plus près, semble-t-il, de Matth., xix, 12, insiste, non sans excès de langage et même de doctrine, sur les incommodités, les mécomptes et les embarras du mariage, Tertullien, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, op. cit., saint Ambroise en ses quatre livres sur la virginité, de 377, 378, 392 et 393 ; ou bien sur les dangers de la sensualité. S. Jérôme, Cont. VigiL, c. xvi, P. L., t. xxiii, col. 252. Au Moyen Age latin, c’est ce caractère défensif de la continence qui est développé, avec des réminiscences de saint Augustin sur la concupiscence de la chair. S. Anselme, De concordia…, q. iii, c. 13. Saint Bonaventure capte les deux enseignements, De perfect. evang., t. III, c. i, n. 2-4, 6 ; c. n.

c) Le Docteur angélique s’est tenu également éloigné de l’optimisme des uns et du pessimisme des autres, IL-ID, q. clxxxvi, a. 4, en se plaçant sur le terrain délimité de « l’état religieux qui requiert la suppression des choses qui empêchent l’homme de se porter entièrement au service de Dieu : or, l’usage du mariage se révèle ici comme un obstacle : a cause de la violence du plaisir charnel et de son influence’retardatrice, à la longue, sur l’intention parfaite d’aller à Dieu ; et puis à cause des soucis qu’apporte au chef de famille le soin de son épouse et de ses enfants ». Intentio ad Deum, et cogitât io de his qua sunt f)ei, voilà bien les deux buts de tous les ordres religieux : aux uns comme aux autres, le vœu de continence est nécessaire comme condition préalable, removens, prohibais : » ce serait présomption pour les faibles d’entreprendre sans cela le travail de leur perfection », ad 2°, n ; niais aussi comme moyen - d’achever sa sanctification, car la pureté du corps et de l’esprit se conserve par la continence », sed contra. Il n’y a plus rien là de l’attitude conquérante, quelque peu provocatrice, des anciens panégyristes de la virginité.

Le vœu religieux de chasteté atteint-il directement les actes Internes ? Voir Xorma-, c. 129 et S. Congr, Relig., décret du 15 mai 1891, exposés dans Ami « /// clergé, 1920, p. ♦..’î7.

La pauvreté

Le conseil est donné par Notre-Seigneur au jeune homme riche, Matth., xix, 16-29 ; Marc, x, 17-27 ; Luc, xviii, 18-27, symbole de toutes les âmes qui « veulent être parfaites », et, comme pour le conseil de continence, dans un contexte qui en montre le caractère novateur : l’Ancien Testament ne l’avait pas connu, cf. Prov., xxx, 9 ; Eccl., vii, 15 ; Eccli., xi, 14 ; xiii, 23 ; xxxi, 7, et S. Jean Chrysostome, In Hebr., hom. xviii, n. 2, P. G., t. lxiii, col. 140. Le même conseil est répété, dans un autre contexte, Luc, ix, 57-62, à l’intention de ceux qui veulent se donner à l’apostolat, Matth., vi, 25-34 ; cf. Matth., iv, 19-22. Perfection personnelle, facilité pour le travail apostolique, voilà déjà deux buts distincts pour le même conseil ; et ce n’est pas encore la perfection religieuse…

Le renoncement volontaire aux biens de la fortune, en effet, peut s’entendre de diverses façons, depuis le renoncement en esprit à l’attrait des biens temporels jusqu’au renoncement effectif à la propriété ou à l’usage de ces biens, à l’usage personnel ou bien même à la possession collective. Le conseil de pauvreté a pris successivement toutes ces formes au cours des siècles chrétiens. Cf. M. von Dmitremski, Die christliche freiwillige Armut vom Ursprung der Kirche bis zum xii. Jahrhundert, c. iii, sq., Berlin, 1913. Les raisons qu’on en a données, tout en se référant au conseil du Christ, sont fort diverses, puisque le renoncement intérieur est une vertu essentielle, tandis que certains raffinements qu’on y a apportés par la suite ne peuvent s’autoriser que d’une conception particulière. « Il y a cette différence entre renoncer à tout et tout abandonner que renoncer convient à tout le monde, puisque cela permet d’user licitement des biens que l’on possède, l’âme demeurant tendue vers le ciel, tandis que tout abandonner est, au contraire, le lot des parfaits. » Glose citée, Bonaventure, Apol.paup., c viii, n. 23.

1. Développement historique. Après une réalisation de la première heure en la communauté de Jérusalem, Act., ii, 44, où individus et familles, iv, 36 ; vi, 1, mettaient volontairement leurs biens en commun, iv, 32, réalisation exclusive et éphémère de la pauvreté collective, il paraît que le conseil de pauvreté a été laissé en veilleuse durant les premiers siècles. Saint Cyprien est obligé de rappeler les vierges à la pauvreté essentielle et de les rassurer sur le lendemain. De opère et eleemosi/nis, c. xi et xii P. L., t. iv, col. 610. Commodien se dit mendicus Christi, Insl., ii, 39 ; mais dans quelle mesure ? Clément d’Alexandrie interprète la réponse de Jésus au jeune homme riche dans le sens du bon usage des richesses. Quis dives salvetur’.' P. G., t. ix, col. 607 Origènc pourtant connaissait des ascètes « qui échangeaient les richesses pour la pauvreté afin de devenir parfaits ». In Matth., tract. VIII. Athanase, après saint Méthode, recommande aux vierges de « se purifier de l’amour de l’argent, si elles veulent aimer Dieu ». De virginitate, c. vii, mais simplement pour se libérer « des soucis des biens, qui restent en leur possession », c. III. P. G., t. xxviii, col. 252 sq. « Il y a tant de cupidités dans le monde ! et les chrétiens se font mendiants. Pourquoi ? Pour obéir à l’inspiration de l’Esprit. Ne voit-on pas souvent une jeune fille, à la veille de ses noces, se réfugier dans la virginité (et son accnmpagnciient de vie pauvre) N’est-il pas Fréquent le cas du personnage en vue à la cour, qui dit adieu a sa fortune et à sa dignité ? S. Cyrille de Jérusalem, Catech., i. c. 10. P. (’, .. t. xxxiii, col. 944. Sur cette seule pratique de la pauvreté, Origène édifie tout ui programme de vie parfaite, une des plus belles pages qu’il ail léguée à la tradition monastique : Comment est II possible