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VOCATION LA CULTURE DES VOCATIONS


Le mauvais esprit : qui en tout ne sait voir que le mauvais côté des choses, prête aux autres ses intentions perverses, critique, blâme, méprise tout et rendrait le bon Dieu responsable de ce que le monde n’est pas parfait. — Le caractère anarchique : vraie phobie de l’autorité, qui est de toutes les oppositions, de toutes les dissidences, et au fond n’admet pas d’autre volonté que la sienne. — Le caractère inconstant et impulsif : espèce de girouette morale, changeant d’avis, de projets, de résolutions à tout vent d’impressions senties ou d’influences subies ; vraie balance folle, tantôt au plus haut de l’enthousiasme, tantôt au plus bas du découragement, jamais dans l’équilibre d’une juste pesée des choses. — Le manque de piété et l’esprit mondain : tel serait un jeune homme qui n’aurait que peu ou point de goût pour la prière, la confession, la communion, les cérémonies de l’Église, et qui subirait, au contraire, la fascination des divertissements profanes, comme d’un bal public, d’un film peu moral, d’une lecture légère.

Tous ces défauts risqueraient de tenir en échec la formation cléricale. Et, se laisseraient-ils plus ou moins comprimer provisoirement par la discipline du séminaire, ils ne manqueraient probablement pas de rebondir plus tard. Aussi le canon 1371 décide-t-il : E seminario dimittantur dyscoli, incorrigibiles. seditiosi, ii qui ob mores atque indolem ad statum ecclesiasticum idonei non videntur ; prsesertim vero statim dimittantur qui forte contra bonos mores aut fidem deliquerint.

2. Signes positifs.

Les signes positifs, ou favorables à la vocation, ne doivent naturellement être demandés au sujet qu’en proportion de son âge et de son développement intellectuel.

Chez les tout jeunes enfants, ces signes peuvent se résumer en cette formule de la Consistoriale dans sa lettre aux évêques d’Italie en date du 16 juillet 1912 : Inclinati aile cose di Chiesa, Acta ap. Sed., 1912, p. 492. Qu’ils aient de l’inclination aux choses de l’Église. C’est tout simplement l’attrait. Cet attrait sans doute s’enveloppera d’imagination et de sentiment. Cependant, il ne suffirait pas que le petit garçon n’aimât dans les < choses de l’Église » que la splendeur d’un décor, l’harmonie des chants, le hiératisme des vêtements sacrés : cela ne le changerait pas essentiellement de ce qu’il pourrait aimer au théâtre. Il faut qu’à travers ces symboles, somptueux ou rustiques, il sente, à sa manière enfantine, l’attrait du bon Dieu, de Jésus, de la sainte Vierge, le goût de la prière et l’horreur du péché ; il faut que, dans la personne du prêtre, il vénère le représentant de Jésus-Christ.

Chez le jeune adolescent, les signes positifs de vocation devront être notablement plus différenciés. On les trouve très nettement énumérés et définis en cette phrase de l.éon XIII, flans son motu proprio du 22 août 1897 pour l’érection du séminaire d’Anagni : Alumni rooptentur in quibus acies ingenii, discendi ardor, indotes et voluntas ad sacerdotium sit. Actes de Mon XIII, collection Desclée de Brouwer, t. vii, p. 67.

En premier lieu donc, des esprits ouverts et ardents à l’étude. Mais remarquons-le bien : l’intelligence et l’ardeur au travail ne suffisent pas. Un esprit purement littéraire ou scientifique auquel la piété et le zèle des âmes resteraient a peu près indifférents, qui se laisserait pour ainsi dire porter par les bancs Molaires vers le sacerdoce pour s’y livrer un jour à son dilettantisme intellectuel moyennant le double pensum de la messe et du bréviaire, un lel esprit annoncerait plutôt un professeur ou un érudit nu un écrivain en soutane qu’une âme de vrai prêtre.

DIC1. M. i Hlnl.. CATHOL.

Il lui manquerait l’orientation vers le sacerdoce, ad sacerdotium sit.

Le caractère, lui aussi, doit être orienté vers le sacerdoce. II faut donc qu’il soit disciplinable, c’est-à-dire susceptible de formation à l’humilité, à l’obéissance, au désintéressement. La volonté devra être généreuse, c’est-à-dire capable d’abnégation et de sacrifice ; constante, c’est-à-dire capable de tenir une résolution bien prise, assez orientée vers le sacerdoce pour dire avec Jésus devant le calice de la Passion : « Pas comme je voudrais, mais comme vous voulez, ô mon Dieul »

Enfin, à tout cela, devra s’ajouter un commencement de solide piété. La piété étant le fruit savoureux de la religion, on n’en peut, chez un adolescent, exiger que le germe. Encore faut-il qu’elle ne soit pas conçue par lui comme un placage de rites superficiels ou comme une source de suavités sentimentales. Il faut qu’il la conçoive comme un recours assidu et plein de foi à la prière et à la pratique des sacrements, en vue d’éviter le péché et d’acquérir les vertus chrétiennes.

Comment développer la vocation.

La vocation

une fois reconnue probable ou moralement certaine, il appartient au père spirituel de la développer par sa direction ; c’est-à-dire, en l’éclairant, en l’affermissant, en l’épanouissant, de la rendre pleinement consciente dans l’âme de son dirigé. Il évitera cependant de se prononcer trop tôt ou avec trop d’assurance sur l’appel divin. Mais, gardant l’attitude expectante, il invitera son fils spirituel à la prière, à la réflexion, à l’amour et à l’imitation de Notre-Seigneur. Progressivement, par ses entretiens familiers, par des lectures choisies, il lui découvrira le rôle, la beauté, les obligations du sacerdoce ou des vœux de religion. Il prendra occasion des difficultés rencontrées, des échecs subis, des reproches reçus, pour former l’âme à l’humilité, au courage, au pardon des injures, au dévouement et au sacrifice. Il profitera des vacances pour l’aguerrir contre le respect humain et les tentations ; aussi pour développer en elle l’esprit d’initiative, l’habitude de la circonspection, le sens de la responsabilité.

Si le dirigé est une de ces âmes à demi-voilées à leurs propres yeux et qui ont besoin qu’on les révèle à elles-mêmes, le prêtre pourra se montrer plus aflirmatif ; il sera surtout très encourageant. Mais dans tous les cas. qu’il se garde de se substituer au Saint-Esprit en faisant le prophète, ou au dirigé en décidant pour lui. Le rôle du directeur n’est pas, ici. de parler à la place de Dieu, mais de mettre son dirigé à même d’entendre la voix de Dieu dans son âme ; son rôle n’est pas davantage de vouloir pour son dirigé, niais de rendre celui-ci capable de vouloir lui-même et pour lui-même.

5° La psychologie de la vocation. La vocation,

si elle est vraie, est bien la parole de Dieu ; mais une parole qui. en retentissant dans l’âme, y revêt les formes de la pensée humaine et suit les lois de notre psychologie.

1. Quelquefois cette parole se prononce en quelque sorte elle-même dans notre esprit, sans cpie nous puissions lui trouver une cause dans l’association des idées, c’est-à-dire dans nos souvenirs, impressions, préoccupations antérieures. On dirait une créa tion directe de Dieu au centre de notre âme, une lumière allumée par lui au plus profond de nous-mêmes : et elle est cela, en effet, si vraiment il n’y a pas de cause mentale qui l’explique. Aussi bien s’accompagne t elle alors d’une paix, d’une humilité, d’une joie et d’une disposition au sacrifice, qui sont la marque et comme le parfum du S ; iinl

Esprit,

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