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ter surnaturellement le sacerdoce n’est-ce pas, de la part de Dieu, inviter, appeler intérieurement au sacerdoce ? Voilà bien la vocation intérieure. Elle n’est que la face divine de l’intention droite, comme celleci est la face humaine de la vocation intérieure.

En d’autres termes, l’intention droite est l’acte de deux activités fusionnées ensemble : l’acte de Dieu inspirant le désir ou l’acceptation, l’acte de l’homme désirant ou acceptant. Que l’intervention, d’ailleurs primordiale, de Dieu mérite ici le nom d’appel, rien de plus exact. Car, si l’appel est une tentative d’attraction sur la volonté libre, quelle attraction plus intime et pourtant plus respectueuse de la liberté que celle qui consiste à inspirer le désir de l’acceptation ? Nous avons donc bien là une vocation intérieure de Dieu.

b) Désir ou acceptation du sacerdoce, la vocation intérieure, quand elle existe, précède nécessairement la vocation extérieure ou ordination et par conséquent se distingue d’elle. La vocation sacerdotale n’est donc pas tout entière dans l’appel de l'Église et l’imposition des mains. En réalité, elle est double et se fait en deux actes : dans le premier Dieu agit par la grâce sur la volonté humaine, dans le second il agit canoniquement par l’appel de l'évêque et l’impression du caractère sacramentel. La vocation extérieure, pour être légitime, doit supposer la vocation intérieure, puisque celle-ci se confond, en sa réalité profonde, avec l’intention droite. Mais la vocation intérieure, pour la même raison, est subordonnée légalement au jugement de l'évêque et n’obtient que de l’ordination son efficacité.

c) Cette identité foncière de la vocation intérieure avec l’intention droite, double aspect de la même entité psychologique, explique que la vocation intérieure ne soit pas nommée dans les textes scripturaires. Pratiquement, en effet, il est assez indifférent que la vocation extérieure soit conditionnée par l’intention droite ou par la vocation intérieure. Ainsi s’explique également qu’au cours du temps, par l'étude approfondie de la grâce, la vocation intérieure ait pris tant d’importance dans la préparation aux ordres sacrés et que le nom en soit devenu classique en théologie.

La vocation religieuse.

1. Notions préalables

sur la vie religieuse. - - La perfection chrétienne est proposée à tous : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Matth., v, 48. Et on peut y parvenir par l’observation parfaite des seuls préceptes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme et de tout ton esprit, et le prochain comme toi-même. En ces deux commandements consiste toute la Loi et les Prophètes. » Matth., xxii, 37-40. Mais on y parvient plus sûrement par la voie des conseils évangéliques : de là est née la vie religieuse. Celle-ci consiste dans une manière stable de tendre à la perfection chrétienne par les vœux publics de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, dans le cadre ascétique de la vie en commun, selon une règle approuvée par l’Eglise cl sous l’autorité de supérieurs reconnus par elle. Inaugurée dès les premiers jours du christianisme, développée, organisée et codifiée au cours des siècles, la vie religieuse présente aujourd’hui une grande variété « le formes, selon la prédominance qui s’y rencontre de la contemplation et de la pénitence ! de l’apostolat et de la science sacrée, ou des œuvres de miséricorde. Elle offre même au sacerdoce un cadre particulièrement approprié, qui le rapproche de la perfection évangélique. Code, can. 1N7 et 488.

2. Origine de la vie religieuse.

La vie religieuse n’a pas été, comme le sacerdoce, directement et formellement instituée par Jéaus-Chriatj mais elle

est née de ses exemples et de ses conseils. Jésus, pendant les trois années de sa prédication, vécut d’aumônes avec ses apôtres. « Les renards, dit-il, ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. » Matth., viii, 20. « Et quiconque, déclare-t-il ailleurs, aura quitté sa maison, ou ses frères et sœurs, ou son père et sa mère, ou son épouse ou ses champs à cause de mon nom, il recevra le centuple et il possédera la vie éternelle. » Matth., xix, 29. C’est l’origine du vœu de pauvreté. Jésus est né d’une vierge, a été annoncé par un précurseur vierge, a aimé de prédilection le disciple vierge. Et il a dit : « Il y a des eunuques qui sont tels par la nature, et il y en a qui se font tels (spirituellement) pour le royaume des cieux. Tous ne comprennent pas cette parole, mais ceux à qui la grâce en a été donnée : que celui qui en a reçu l’intelligence en profite. » Matth., xix, 11-12. Voilà l’origine du vœu de chasteté. Jésus a fait de toute sa vie un long acte d’obéissance à la volonté de son Père. En entrant dans ce monde, il dit : « Père, les holocaustes et les victimes expiatoires ne vous ont pas plu, mais vous m’avez adapté un corps. C’est pourquoi j’ai dit : Voici que je viens, selon ce qui est écrit, pour faire, ô Dieu, votre volonté. » Hebr., x, 5-7. Un jour, il déclara à ses apôtres : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » Joa., iv, 34. Et saint Paul dit de lui : <> Le Christ s’est humilié lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix. » Phil., ii, 8. Or, en disant au jeune homme riche : « Si tu veux être parfait, donne aux pauvres tout ce que tu possèdes, puis viens et suis-moi », Matth., xix, 21, il l’invitait à imiter non seulement sa pauvreté et sa chasteté, mais aussi son obéissance. De là est sorti le vœu d’obéissance religieuse. La vie religieuse est donc la réponse des âmes prévenues de la grâce aux exemples et aux suggestions du Christ.

3. La vocation religieuse.

Quoique non directement instituée par le Christ comme le sacerdoce, la vie religieuse n’en suppose pas moins une vocation proprement dite. Tous, en effet, n’y ont pas les aptitudes requises ou ne jouissent pas de la liberté nécessaire pour y entrer. Mais surtout il y faut une grâce spéciale de lumière et d’attrait surnaturel ou d’intention droite qui n’est pas donnée à tous. « Tous, dit Notre-Seigneur en parlant de la chasteté volontaire, ne comprennent pas cette doctrine, mais ceux-là seulement auxquels il a été donné. » Matth., xix, 11-12. C’est ce don, lequel porte aussi sur la pauvreté et l’obéissance, qui constitue proprement la vocation religieuse. On comprend d’ailleurs que ce don ne soit pas universel, puisque d’un côté on peut arriver à la perfection par la seule voie des préceptes, et que de l’autre le célibat généralisé arrêterait la propagation du genre humain.

4. La vocation religieuse, en vertu de la discipline actuelle, est soumise au jugement et à l’acceptation des supérieurs. — La vie religieuse, d’après la discipline actuelle de l'Église, étant communautaire, on comprend qu'à l’appel intérieur de la grâce doive s’ajouter l’appel extérieur des supérieurs de la communauté. Avant d’admettre un sujet dans son ordre ou dans sa congrégation, en effet, il faut, nécessairement, que le supérieur s’assure si le postulant est conduit par une intention surnaturelle et si ses aptitudes répondent aux exigences de l’institut choisi. Et comme le supérieur, en ce qui concerne son institut, agit par l’autorité de l'Église, il en résulte que la vocation religieuse, comme la vocation sacerdotale, doii. pour être authentique, être sanctionnée par l’appel extérieur de l’autorité légitime. Toutefois,