Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/810

Cette page n’a pas encore été corrigée
3149
3150
VOCATION. DONNEES SC RIPT U R AI RES


pour enseigner ; soit l’exhortation, pour consoler ; l’un distribue ses biens avec générosité, l’autre préside avec sollicitude, un troisième fait l’aumône de bon cœur. » Rom., xii, 6-8. On voit par ces textes quel rôle jouent dans l’organisme du Corps mystique la vocation sacerdotale et la vocation religieuse. Le sacerdoce, par l’enseignement officiel de la doctrine, l’administration des sacrements et l’exercice de l’autorité, continue le rôle des apôtres. Les ordres religieux, par la pratique intense de la prière et de l’ascèse, par les œuvres d’éducation et de direction spirituelle, par le soulagement des infirmités corporelles et la consolation des détresses morales, continuent, à leur manière, le rôle des charismes infus, comme étaient le don de prophétie, celui de guérir les malades ou celui d’exhorter les âmes.

Nous n’avons à traiter ici que de la vocation sacerdotale et de la vocation religieuse.

II. Données scripturaires sur la vocation

    1. SACERDOTALE ET SUR LA VOCATION RELIGIEUSE##


SACERDOTALE ET SUR LA VOCATION RELIGIEUSE.

La vocation sacerdotale.

Les données scripturaires

sur la vocation sacerdotale peuvent se réduire aux points suivants.

1. Le sacerdoce exige une vocation spéciale de Dieu. — Le sacerdoce n’est pas une simple grâce de sanctification personnelle : c’est un charisme, c’est-à-dire une dignité et une fonction conférée par Dieu à certains hommes pour la sanctification de leurs semblables. « Tout pontife, dit l’épître aux Hébreux — et le mot vaut proportionnellement pour le simple prêtre — étant pris d’entre les hommes, est établi en faveur des hommes dans les choses qui se rapportent à Dieu, afin de lui offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. » Hebr., v, 1. C’est donc une participation à l’œuvre rédemptrice du Christ. Or, le simple titre de chrétien ne donne évidemment pas droit à un pareil honneur. Le chrétien, comme tel, ne peut prétendre qu’aux grâces qui lui sont personnellement nécessaires pour son salut. Pour accéder au sacerdoce, il faut donc y être spécialement appelé de Dieu. « Personne, poursuit le texte de l’épître, ne s’attribue à soi-même cet honneur, s’il n’y est appelé de Dieu comme Aaron. » Hebr., v, 4. De fait, nous voyons le Christ choisir et appeler lui-même ses apôtres. Après une nuit passée en prière, nous dit saint Luc, » il appela ses disciples et il choisit douze d’entre eux auxquels il donna le nom d’apôtres > Luc, vi, 13. Et il leur dira un jour avec une précision péremptoire : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure. » Joa., xv, - 16. Cette vocation est si nécessaire que le Christ lui-même n’en a pas été dispensé : il a dû la recevoir de son Père céleste. « C’est pourquoi, conclut l’épître aux Hébreux, le Christ ne s’est pas arrogé à lui-même la dignité de pontife ; mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui » ; et dans un autre endroit il dit : « Tu es prêtre selon l’ordre de Melchisédech. » Hebr.. v, 5-6. Si une vocation spéciale de Dieu a été nécessaire au pontife humano-divin de la Rédemption, à plus forte raison doit-elle l’être à ceux dont le Christ fait ses instruments sacerdotaux dans l’œuvre rédemptrice.

2. La vocation divine au sacerdoce s’exprime par l’appel de la hiérarchie et l’imposition des mains de Vëvêque. — L’appel de Dieu consiste dans la promo tion au sacerdoi i par l’Église. Saint l’aul nous mon lie en effet, en plusieurs endroits de ses (’pitres, qu’on n’accède a la dignité sacerdotale que choisi ou agréé par la hiérarchie ecclésiastique et consacré par l’imposition ries mains du presbylerium. Il écrit à Timothée : Ne néglige pas la gràrc qui est etl toi. laquelle

t’a été donnée, sur indication prophétique, par l’imposition des mains des presbytres. » I Tim., iv, 14. Et une autre fois : « Je te recommande de ressusciter la grâce de Dieu qui est en toi par l’imposition de mes mains. » II Tim., i, 6. Cette grâce est évidemment celle qui se confère de la même manière aujourd’hui par l’imposition des mains de l’évêque et des prêtres qui l’entourent : la grâce sacramentelle de l’ordination. Et ce qui le confirme, c’est que, après avoir rappelé à Timothée les aptitudes et les vertus qu’il doit exiger des aspirants au sacerdoce, il ajoute : « Ne te hâte pas d’imposer les mains à personne, afin de ne pas participer aux péchés d’autrui. » I Tim., v, 22. Cette authentification par l’Église de l’appel divin au sacerdoce est même si indispensable que, lorsque Dieu désigne lui-même extérieurement les sujets qu’il a choisis et appelés, il ne les en soumet pas moins à l’imposition des mains du presbyterium. Ce fut le cas pour saint Paul et saint Barnabe. Act., xiii, 1-3. L’Esprit-Saint, qui déclarait choisir Barnabe et Saul pour la fonction apostolique, aurait pu leur en conférer par le fait même la dignité et se contenter d’en avertir l’assistance. Mais non. Bien que choisis et désignés par Dieu, ils ne seront prêtres et évêques que par l’imposition des mains, c’est-à-dire par l’investiture de l’Église. Ainsi en décide le Saint-Esprit lui-même.

Cette subordination de l’appel divin au contrôle et à la consécration de l’Église est d’autant plus frappante que nous ne voyons rien de semblable pour les dons charimastiques, alors si fréquents et si sujets à illusion, tels que le don de prophétie et le don des langues. Saint Paul veut que l’usage en soit ordonné à l’édification de l’assistance. I Cor., xiv ; saint Jean recommande « d’éprouver les esprits pour s’assurer qu’ils viennent de Dieu. » I Joa., iv, 1. Mais nulle part la hiérarchie ne s’attribue un rôle quelconque dans la collation de ces charismes. L’appel de l’Église est donc l’expression de l’appel de Dieu.

3. L’appel divin ne doit être adressé par l’Église qu’à des sujets doués des aptitudes convenables et animés de l’intention droite. — Idonéité et intention surnaturelle, telles sont, en effet, les deux conditions que saint Paul prescrit à Timothée, I Tim., m, 1-7, et à Tite, Tit., i, 5-11, d’exiger des candidats au sacerdoce. L’idonéité est la condition préalable. « Il faut que l’évêque soit irréprochable, n’ait pas été marié deux fois ; qu’il soit prudent, digne, hospitalier, capable d’enseigner ; qu’il n’aime ni le vin ni les disputes, mais qu’il soit rempli d’indulgente bonté ; qu’il ne soit ni querelleur, ni avare ; qu’il sache bien gouverner sa maison et se faire religieusement obéir de ses enfants, car celui qui ne sait pas conduire sa maison, comment aurait-il soin de l’Eglise de Dieu ? » I Tim., iii, 1-7 ; cf. Tit., i, 7-9.

Mais cette description de l’idonéité exprime aussi l’obligation de l’intention droite, c’est-à-dire, ici, de l’intention surnaturelle. Dire que l’évêque ne doit être ni superbe, ni cupide, ni ami du plaisir, c’est assez dire qu’il ne faut désirer ou accepter le sacerdoce ni pour les honneurs, ni pour les richesses, ni pour les jouissances. Déclarer que l’évêque doit être, comme l’intendant de Dieu : hospitalier, bienveillant, sobre, juste et saint ; qu’il doit enseigner fidèlement la vraie doctrine, exhorter les âmes au bien et gouverner avec sollicitude l’Eglise de Dieu, c’est déclarer qu’on ne doit vouloir le sacerdoce que pour soulager les membres du Christ, prêcher selon l’Évangile, consoler les fidèles et édifier l’Eglise.

I)i-telles exigences se justifient assez par la sublimité du sacerdoce, qui, nous dit l’épître aux Hébreux, fait du prêtre, comme du Christ, « le médialeur entre les hommes et Dieu, offrant à Dieu dons