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V ITALIEN — VITORIA (FRANÇOIS DE)


comme métropolitain de Cantorbéry, avec pleins pouvoirs sur l’Église d’Angleterre, le moine grec Théodore, voir ci-dessus, col. 229, assurant par là même dans l’île la prédominance romaine. — Nous n’avons pas de données sur les rapports de Vitalien avec les royaumes francs ; les quelques pièces où interviennent les noms de souverains de ces pays sont apocryphes, de même que celles où il est question du vol, au Mont-Cassin, des reliques de saint Benoît et de leur transfert à Fleury-sur-Loire. Jafïé, n. 2099-2101. Ce que nous disons d’ailleurs sans rien préjuger de la vérité de ladite « translation ».

L’assassinat de Constant II à Syracuse fut l’occasion, en Sicile, d’un pronunciamento militaire, qui donna la pourpre au cornes obsequii, Mezezius. Vitalien demeura loyal envers l’empereur Constantin IV Pogonat, fils et légitime successeur de Constant II. Le jeune basileus montra sa reconnaissance à l’endroit de Rome. Dans sa lettre au pape Donus, qui inaugurait la reprise de contact entre le Sacré-Palais et la Curie romaine pour mettre fin au monothélisme, Constantin IV rend hommage au loyalisme de Vitalien. Dôlger, op. cit., n. 242. À quelque temps de là, quand le nouveau patriarche œcuménique Théodore II (677-679) voulut faire rayer des diptyques le nom de Vitalien, le basileus s’y opposa avec la plus grande énergie. Ainsi, même après sa mort, se faisait sentir l’action pacificatrice de Vitalien.

.laffé, Regesta pontificum Romanorum, t. i, p. 231237 ; L. Duchesne, Liber pontificalis, t. i, p. 343 sq. ; Caspar, Geschichte des Papsttums, t. ii, p. 580 sq.

É. Amann.


VITORIA (François de), dominicain espagnol († 1546). — I. Vie. II. Écrits (col. 3125). III. Doctrine juridique (col. 3133).

I. Vie.

Depuis un peu plus de trente ans, la personne, les écrits, la doctrine de François de Vitoria ont été étudiés en de nombreuses publications, et non sans des discussions passionnées. Nous résumerons ici le résultat de ces diverses études.

Date et lieu de naissance.

La tradition ancienne,

consignée dans les annales du couvent de Saint-Étienne à Salamanque par le P. Alonzo Fernandez au début du xviie siècle et le P. José Barrio au début du xviiie, fait naître François dans la ville de Vitoria, aujourd’hui capitale de la province d’Alava. Avec ces deux auteurs s’accorde l’historien Jean de Marieta, qui écrivait à la fin du xvi'e siècle. Mais cette tradition, jusqu’à présent à peu près unanime, a commencé à être discutée, depuis la découverte dans les archives du conseil municipal de Burgos d’un ms. de l’histoire du couvent de Saint-Paul de cette ville, composé par le P. Gonzalo de Arriaga au milieu du xviie siècle. On y affirme que François de Vitoria est né à Burgos. Le dit ms. semble être autographe, ce qui lui communique aux yeux des partisans de la thèse de Burgos une grande autorité. Le malheur est que cette mention fait défaut en une copie de cette même histoire qui se conserve à Borne. Il est bien vrai qu’à diverses reprises cette copie abrège le texte du ms. de Burgos. En tout état de cause, qu’elle soit un résumé fait par le P. Arriaga lui-même, comme certains indices le feraient croire, ou celui d’un religieux du couvent de Saint-Paul, l’omission de cette mention donne à penser que la première assertion sur le lieu d’origine de Vitoria ne reposait pas sur un fondement solide. On a beaucoup écrit la-dessus en cet dernières années - ; in > réussir à décider le litige. La thèse traditionnelle reste donc en possession, encore que la thèse contraire

iii quelque probabilité.

Pour ce qui est de la date de la naissance, Arriaga, l’historien déjà mentionné, la met en 1483. D’autres

écrivains modernes, se fondant sur un texte du registre du général des dominicains, Cajétan, de 1509, qui dit : Fr. Francisais de Vitoria potest a superioribus suis exponi in 23 anno ad sacérdotium. font naître François en 1486. Jusqu’à présent, ces dates de 1483 et 1486 étaient unanimement acceptées comme dates limites. Mais récemment nous avons fait connaître un témoignage de Vitoria qui oblige à retarder sa naissance jusqu’à la fin de 1492 ou au début de 1493. Cf. Ciencia tomista, t. lxiv, 1943, p. 46-64. Certaines difficultés qui paraissaient s’opposer à la réception de ce témoignage ont fini par se résoudre, telle, par exemple, celle qui nous obligerait à supposer que François aurait été ordonné prêtre à dix-sept ans, en 1509. Au fait le texte du registre de Cajétan sur lequel se fonderait la dite supposition ne se rapporte pas à notre religieux, mais à un homonyme.

Les parents de François s’appelaient Pierre de Vitoria et Catherine de Compludo ; ils appartenaient probablement au personnel de la cour des rois catholiques. Un de ses frères, appelé Jacques, dominicain comme le fameux prédicateur, s’est rendu célèbre par sa campagne contre l’invasion et la tolérance de l’érasmianisme en Espagne à partir de 1526.

Études.

La première fois qu’apparaît le

nom de F. de Vitoria comme membre du couvent dominicain de Burgos, c’est dans les actes du chapitre provincial célébré en cette maison, en septembre 1506. François figure comme le dernier des profès. Sa profession, étant donné qu’il était né en 1493, manquait donc de son plein effet canonique et aurait dû être ratifiée dès qu’il aurait eu quatorze ans accomplis. Mais, comme on peut reporter la date de la naissance jusqu’à septembre 1492, il se pourrait néanmoins que la profession faite en 1506 ait été considérée comme valide.

Jusqu’à présent ceux qui ont parlé de ses études marquaient sa venue à Paris à cette même date de 1506 ou tout au plus en 1507. Comme il aurait eu comme professeur à la faculté des arts Maître Crockært et en théologie un certain Jean de Fenario, d’après les attestations de ses anciens biographes, comme, d’autre part, Échard affirme que Fenario se retira de l’académie parisienne en 1507, il était indispensable d’anticiper le plus possible l’arrivée en ce centre d’études du jeune Vitoria. Mais il est très difficile d’harmoniser ces détails sans des combinaisons artificielles relativement à la chronologie des études de notre auteur. On sait à présent que Fenario se trouvait à Paris de 1513 à 1515, qui sont précisément les années dans lesquelles Vitoria commença à étudier la théologie. Par ailleurs, nous savons que celui-ci, en mai 1507, se trouvait en Fspagne. Sa venue à Paris en septembre de la même année, encore que possible puisqu’il ne figure pas à Hurgos, n’est guère probable, puisqu’il n’avait encore que quinze ans. Sans doute il y a des chances pour un envoi prématuré, aux fins d’études à l’étranger, mais on n’en peut donner de preuves. Finalement il est tout indiqué de retarder le voyage à Paris du jeune Vitoria jusqu’en 1509 ou 1510. Auparavant, il aurait fait ses humanités à Burgos, où ces disciplines s’en geignaient avec un soin que révèle le haut degré d’humanisme qui paraît dans notre auteur. Ainsi il a du commencer l’étude des « arts » à Burgos même, pour la continuer dans la capitale de la France. Il eut comme maître en cette partie Jean de Celaya (de Valence) ! cf. Lectures de F. de Vitoria sur la II* II", q. xltx, a. I, Salamanque, 1932, qui, à partir de 1510, enseignait au collège de Coqueret. Les anciens chroniqueurs dominicains mentionnent cepen danl parmi ses professeurs à la faculté des arts un Crockært, ce qui n’a rien d’absolument invraiscm-