Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/785

Cette page n’a pas encore été corrigée
3099
3100
VITAL (PRINCIPE)


chaud. Biographie universelle, nouvelle éd., t. xi.m, p. 61 1 ; Hcefer, Nouvelle biographie générale, t. xi.vi, col. 277278.

J. Meï’.cier.


VITAL (PRINCIPE). — La question du principe vital dans l’homme peut paraître, au premier abord, d’ordre purement philosophique et physiologique. Elle présente cependant un aspect formellement théologique qui lui donne droit de cité dans ce dictionnaire. La solution catholique a déjà été donnée à l’art. Forme du corps humain, t. vi, col. 559 sq. On se contentera donc ici de rappeler comment, en face de systèmes plus ou moins entachés d’erreur, l’Église a été amenée à intervenir.
I. Systèmes erronés.
II. Intervention de l’Église.

I. Systèmes erronés.

Notre vie n’est pas seulement une vie intellectuelle ; elle est aussi une vie animale. On s’est demandé si la vie animale dans l’homme doit s’expliquer par l’âme-spirituelle qui serait le principe unique et de la vie intellectuelle et de la vie animale, ou par un principe distinct de l’âme spirituelle.

Trois systèmes principaux marquent les tendances des philosophes dans la solution de ce problème ; mais seul le troisième est accepté par l’Église. Les deux autres sont plus ou moins entachées d’erreur.

Solution mécaniciste ou même matérialiste.

D’une façon générale, on entend par mécanicisme la doctrine qui prétend trouver dans les éléments du corps lui-même l’explication de la vie. Ce système revêt toutefois deux formes assez différentes, l’une n’excluant pas l’âme spirituelle, l’autre nettement matérialiste.

1. La formule cartésienne.

Au xviie siècle, Descartes, en opposant la pensée (âme) à l’étendue (corps), réduisait la vie du corps à n’être qu’un simple mouvement mécanique : le corps vivant se distinguerait du corps inorganique uniquement par l’arrangement des parties qui le composent et les mouvements qui en résultent : « On a cru sans raison que notre chaleur naturelle et tous les mouvements de notre corps dépendent de l’âme… Le corps d’un homme vivant diffère autant de celui d’un homme mort, que fait une montre ou autre automate lorsqu’elle est montée et qu’elle a en soi le principe corporel des mouvements pour lesquels elle est instituée, avec tout ce qui est requis pour son action, et la même montre ou machine, lorsqu’elle est rompue et que le principe de son mouvement cesse d’agir. » Passions de l’âme, a. 5 et 6. Ainsi l’animal est un pur automate, machine admirablement construite, dont les ressorts produisent tout ce que nous admirons en lui : l’araignée est une machine à tisser, la taupe une pelle à fouir. L’homme lui-même, dans sa vie corporelle, est réductible à un pantin mécanique. Ainsi faut-il faire rentrer dans le lot des mouvements mécaniques « le battement du cœur, la digestion des vivants, la nutrition, la respiration de ceux qui dorment et même de ceux qui sont éveillez, le marcher, chanter, et autres actions semblables quand elles sont sans que l’esprit y pense. » Réponse aux quatrièmes objections, éd. Adam et Tannery, t. vii, p. 220. Voir ici Descartes, t. iv, col. 557.

Les cartésiens, notamment Malebranche, ont suivi Descartes dans cette explication de la vie animale. Cf. Janet et Séailles, Hist. de la philosophie, 14e éd., Paris, 1928, p. 52. Pour Malebranche en particulier, la douleur est la conséquence du péché originel. Les animaux ne souffrent donc pas, puisqu’ils n’ont pas péché. Donc, ils n’ont pas de sensibilité, à moins qu’on n’admette qu’ils aient « mangé du foin défendu ». Cf. Recherche de la vérité, t. V, c. m ; Janet et Séailles, loc. cit.

2. La formule matérialiste.

Aujourd’hui, sous l’influence de la philosophie matérialiste et du développement pris par la chimie organique, le mécanisme a évolué vers une formule nouvelle et, au point de vue religieux, extrêmement dangereuse. C’est l’évolution de la matière qui aboutirait progressivement à donner la vie. On appelle cette doctrine : l’autobiogénèse. La vie serait née de la matière inanimée grâce à un heureux concours de matériaux et de forces exceptionnelles, et peu à peu elle se serait différenciée et perfectionnée. C’est l’évolutionnisme de Spencer et de Hœckel, la génération spontanée de Wirchow et de Vogt. Voir Matérialisme, t. x, col. 316 sq. Bergson a protesté contre une interprétation similaire donnée à 1’ « évolution créatrice » qui est à la base de sa métaphysique. Voir Lettres au P. de Tonquédec, dans Éludes, 1912, t. i, p. 515.

3. Appréciation.

Ces théories se heurtent aux faits. Jamais le mouvement mécanique, jamais les combinaisons chimiques, même les plus savantes, n’ont pu produire un être vivant. Même si l’on pouvait provoquer quelques phénomènes élémentaires constatés dans l’être vivant, on serait toujours dans l’impossibilité d’expliquer le fait vivant lui-même, c’est-à-dire la formation de l’individu d’après un type préconçu, son développement dans un sens déterminé, l’organisation de tout son être et de tous ses éléments vers un but identique, qui est son évolution vitale. Si un être vivant pouvait sortir un jour de réactions chimiques, le problème du principe métaphysique de la vie resterait tout entier et sa solution religieuse n’en serait pas atteinte. Cf. P. -M. Périer, Le transformisme, l’origine de l’homme et le dogme catholique, Paris, 1938, p. 107. L’Église a d’ailleurs expressément condamné la doctrine matérialiste. Déjà le Syllabus de Pie IX cite le matérialisme comme une erreur condamnable (prop. 1). Denz.-Bannw., n. 1701. Le concile du Vatican l’a anathématisée comme une hérésie. Const. De flde catholica, can. 2, ibid., n. 1802. Voir Matérialisme, col. 334.

Solution vitaliste.

1. Exposé.

Pour avoir une solution satisfaisante du problème métaphysique de la vie, il faut donc accepter un principe vital distinct de la matière et de ses mouvements. D’où le nom de vitalisme donné à la théorie qui enseigne l’existence d’un tel principe. Le principe vital donne à tout être vivant une activité immanente, d’après un type invariable et des lois immuablement fixes. Cette doctrine du vitalisme s’applique au corps des animaux aussi bien qu’à celui de l’homme. C’est ainsi qu’en un sens très véritable on peut parler de 1’ « âme » des animaux : âme inférieure sans doute, mais principe simple et vital. En ce qui concerne les animaux inférieurs à l’homme, aucune hésitation n’est possible : cette âme inférieure est leur principe vital. Elle leur est transmise par la voie de la génération. Voir Traducianisme, col. 1358. Mais l’homme possède une âme spirituelle et immortelle. Pour lui donc se pose nécessairement une nouvelle question : son principe vital sera-t-il un principe distinct de l’âme intellectuelle, une sorte d’âme inférieure, ou bien doit-on identifier l’âme spirituelle et le principe vital ? Faut-il parler d’un vitalisme pur et simple ou d’un vitalisme-ani’nii’sme ?

2. Appréciation.

Au point de vue philosophique, le problème n’est peut-être pas susceptible d’une solution indiscutable. Cependant la doctrine qui tient pour l’identité, dans l’homme, du principe vital et de l’âme spirituelle et qu’on appelle pour cette raison l’animisme, semble s’appuyer sur d’excellentes indications :
1° L’unité de conscience de tous les phénomènes d’ordre biologique aussi bien que d’ordre psychologique ;
2° La psychologie de la connaissance,