mande en particulier d’empêcher les mariage entre chrétiens et païens. Très soucieux de l’évangélisation de son diocèse, où les païens étaient encore fort nombreux, il envoya en Anaunie, à quelque dix lieues de Trente, quelques-uns de ses clercs, le diacre Sisinnius, le lecteur Martyrius et le portier Alexandre. Ceux-ci, après avoir, pendant un temps, annoncé la bonne nouvelle, tombèrent victimes de leur zèle, 29 mai 397. Vigile, qui avait été le témoin de leur mort glorieuse, rapporta leurs reliques à Trente et les honora aussitôt comme martyrs. Mais il ne put conserver à son Église ces précieux restes : sur la demande qu’il reçut de l’évêque de Milan, Simplirien, il envoya dans cette ville les corps de Sisinnius et d’Alexandre, avec une lettre où il raconte leur mort glorieuse. P. L., t. xiii, col. 549. Vers le même temps, on lui demanda encore une partie de ces reliques pour Jean Chrysotome qui venait d’être nommé archevêque de Constantinople : en dépit de sa peine, il accéda à ce désir et adressa à l’archevêque une longue lettre, écrite en un style ampoulé, où il renouvelle le récit du martyre de ses clercs. Ces deux lettres sont les seuls restes de l’activité littéraire de Vigile de Trente et elles ne donnent pas une haute idée de sa culture ou de sa science. Gennade, De vir. illustr., 38, assure que Vigile srripsil ad quemdam Simplicianum in laudem marli/rum libellum ri epistulam conlinentem gesta sui lemporis apud barbaros marli/rum. Il doit y avoir confusion, car la lettre à Simplicien ne mérite pas le nom de libellas. En 405, l’évêque de Trente fut lui-même mis à mort par les païens, sur les bords du lac de Garrie, où il était allé prêcher l’Évangile. La légende raconte qu’il y renversa une idole et que les païens, furieux, l’assommèrent à coup de pierres. Ses reliques furent, semble-t-il, conservées à Trente rians une église qu’il avait bâtie et consacrée aux saints Gervais et Protais, mais qui, plus tard, vers 1120, fut rebâtie et dédiée à sa mémoire.
Tlllemont, Mémoires, t. x, p. 542-552 ; Seeritti li atoriae d’arte per il V r renlrnarin tlellu morte ili S. Vigilio vescovo e martire, Trente, 1905.
G. Bardy.
1. VIGOR Simon, prélat français du xvie siècle
II est surtout connu comme controversiste. Originaire
d’Évreux, où il a pu naître vers 1515, il est
en 1540 recteur de l’université de Paris, prend le bonnet
de docteur en 1545 et devient pénitencier
d’Évreux. Il est au concile de Trente en 1562, comme
théologien du roi et y accompagne son évoque Michel
le Veneur. À son retour il obtient la cure de Saint-Paul
à Paris, et se fait remarquer tant par ses prédications
que par ses controverses avec les réformés,
lue de celles-ci est demeurée célèbre, celle qu’il eut
à Paris avec deux ministres huguenots et dont les
actes ont été publiés : on parle aussi de controverses
à Rouen, Metz, Amiens. Théologal de Paris en 1569,
Vigor reçoit le titre de prédicateur du roi. lui 1570.
il est nommé archevêque de Narbonne ; après six ans
d’un épiscopat bien rempli, il meurt à Carcassonne
le I" novembre 1575. — En dehors des Actes de la
conférence contradictoire ci-dessus mentionnée et
qui parurent du vivant de l’auteur à Paris, 1568, on
a publié de lui, après sa mort, plusieurs volumes de
sermons, dont la série rouvre l’ensemble de l’année
liturgique. 1577 ; réédites en 1585 et complétés en 1588. Ha sont principalement orientés vers la enntroavec les réformés.
Moréri, I.e qrané dictionnaire, éd. <lr 1759, t.. p, <>I7 ; Michaud, Biographie universelle, t. m.iii, p. 390 ; Hurler, Nomenclator, : ° éd., I. iii, col. 12.
}’.. Amann.
2. VIGOR Simon, neveu du précédent et
publiciste français. — Né vers 1556, il dut entrer
dans la cléricature, quoique nous ne puissions dire
s’il a jamais reçu les ordres sacrés ni par quelle filière
il est arrivé à être membre du grand-conseil. Ses
ouvrages témoignent d’une formation théologique
qui n’est pas d’un laïque. Les doctrines dont il’prend
la défense sont celles dont Edmond Richer s’était
fait en Sorbonne l’ardent propagateur. Le De ecclesiaslica
et politica potestate libellus de celui-ci avait
paru à Paris en 1611. Aussitôt il avait amené la formation,
dans la faculté de théologie, de deux partis,
l’un groupé autour de Richer et défendant un gallicanisme
exacerbé, l’autre qui avait pour chef André
Duval et soutenait les droits du Siège romain. C’est
au premier que se rattache Vigor. En 1613, il fait
paraître à Cologne ( ?), sous le pseudonyme de Theophilus
Francus, un livre qu’il avoua d’ailleurs ultérieurement :
Ex responsione synodali data Basileæ
oratoribus D. Eugenii papæ IV in congregalione
generali 3 non. sept. an. 1432, de auctoritale cujuslibel
coneilii generalis supra papam et quoslibet fidèles pars
prœcipua et in eam comme nlari us. C’est le commentaire,
dans le sens richériste, de la réponse faite aux
plénipotentiaires envoyés à Bâle par Eugène IV en
août 1432, et qui est la plus claire expression de la
théorie conciliaire (supériorité du concile sur le
pape). Voir ici Bale (Concile de), t. ii, col. 119 au
bas. Ce commentaire amena entre autres une réplique
de Théophraste Bouju, sieur de Beaulieu, qui publia,
en 1613 : Deux avis, l’un sur le livre de M. Ed. Richer « De la puissance ecclésiastique et politique », l’autre
sur un livre dont l’auteur ne se nomme point, qui est
intitulé : « Commentaire de l’autorité de quelque concile
que ce soit sur le pape, de la réponse synodale donnée
à Bâle ». Au même temps Duval attaquait la thèse
richériste dans son ouvrage : Libelli de ecclesiastica
et publica potestate elenchus pro suprema romani pontificis
in Ecclesiam authoritale, 1612. Vigor répondit
par une Apologia de suprema Ecclesiir auctoritale
adversus Andream Duval, Troyes, 1615. — Les polémiques
continuant, Vigor donne en français une traduction
amplifiée de son Apologia sous le titre : De
l’état et du gouvernement de l’Église, divisé en quatre
livres : 1. De la monarchie ecclésiastique. — 2. De
l’infaillibilité. — 3. De la discipline ecclésiastique.
— 4. Des conciles. La préface est une réponse à la Défense pour la hiérarchie de l’Église et Notre saint père le pape, par Théophraste Bouju. Un peu plus lard Vigor donnait également : Assertio fidei eatholiciv ex quatuor prioribus conciliis œcumenicis et aliis synodis celebralis inter tempora privdirtorum conciliorum, Paris, 1618. Lors de l’agitation qui suivit la
Déclaration de 1682°, on éprouva le besoin de faire revivre les ouvres déjà oubliées de Simon Vigor : Simonis Vigorii in magno consilio regio consiliarii opéra omnia, Paris, 1683. On attribue également à Vigor une Historia eorum qua-acla sunt inter Philippuni Pulchrum regem christianissimum ri Bonifa cium VIII pontificem ex variis srriptoribus ; cette histoire est la série des pièces sur le fameux différend imprimées en 1613. Cette publication porte bien sa date : l’année 1613 est celle de la grande agitation dis milieux parlementaires en faveur du gallica nisme politique. I.a célèbre légende du « complot de
Bourg-Fontaine ». en 1621 ( ?) voir ici Jansénishi.
t. viii, col. 323. fait de Simon Vigor l’un des sept conjurés ; il aurait été chargé pour sa part d’attaquer la puissance ecclésiastique. Il mourut le 29 février 162t. (Test un des représentants les plus caractéristiques, au début du xvir siècle, du gallicanisme a la fois politique et ecclésiastique, tel que Hicher l’i laborait.