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nerait, pour faire pièce à Chalcédoine, les Trois-Chapitres, c’est-à-dire la lettre d’Ibas à Maris le Perse, Théodore de Mopsueste et certains écrits de Théodoret évêque de Gyr. Devenu pape, Vigile fut contraint par Antonina, femme de Bélisaire, à entrer en relations épistolaires avec Théodose d’Alexandrie, Anthime de Constantinople et Silvère d’Antioche, antérieurement condamnés par le Siège apostolique. » P. L., t. lxviii, col. 956 sq. Il semble bien que Victor brouille un peu tous les événements. Quand il parle, comme d’une condition mise par l’Augusta à l’élévation de Vigile, de la condamnation des Trois-Chapitres, il anticipe sur les faits. Ultérieurement il donne à l’appui de ses dires sur les collusions de Vigile un document qui est aussi dans Libératus et que nous retrouverons : le texte de cette pièce ne se superpose pas exactement à celui du Breviarium, encore qu’il en reproduise les idées. On doit donc laisser en suspens la question de savoir si Victor dépend de Libératus ou non, et s’il faut considérer son témoignage comme indépendant du précédent.

Il reste à interroger un troisième Africain ; c’est Facundus d’Hermiane, lui aussi partisan très décidé des Trois-Chapitres. Son ouvrage Pro defensione Irium capitulorum est un travail considérable, qui était rédigé en grande partie quand Vigile arriva à Constantinople en janvier 547. En tout état de cause, il était certainement terminé avant le samedi saint, Il avril 548, où Vigile fit paraître son premier Constilutum. Dans tout l’écrit, le pape est traité avec égards ; nulle part il n’est fait allusion à des manœuvres louches qui auraient amené Vigile au souverain pontificat. Le court Liber ad Mocianum, beaucoup plus tardif, est de l’époque où Facundus a rompu avec le pape et les Orientaux. Il est très sévère pour Vigile, mais ce qu’il lui reproche c’est principalement l’incohérence de son attitude, ses variations continuelles dans l’affaire des Trois-Chapitres, la manière brutale dont il a voulu plier à ses volontés les évêques occidentaux réunis dans la capitale. Mais il fait aussi grief à Vigile des moyens par lesquels il serait arrivé au Siège apostolique, de ipsius chiroyraphis, vel prias ambitionis impulsu, cum fieri arderet episcoi>us, vel poslea de venalitale ; ce sont ces engagements antérieurs, qui ont fait de Vigile le prisonnier des adversaires de Chalcédoine. Op. cit., dans P. L., t. lxvii, COL 861. L’allusion est transparente aux événements dont Libératus a fait le récit détaillé.

Deux écrivains profanes, Procope et le comte Marcellin (ou son continuateur) sont amenés par leur sujet à traiter des événements en question. Le premier, dans le De bello gothico, 1, 25, et dans Y Historla arrima, i, 2 et 7, raconte très sommairement la substitution de Vigile à Silvère, sa narration se raccorde assez bien avec celle de Libératus et le second de ces textes fait clairement allusion au rôle joué, dans cette affaire, par Antonina. femme de Bélisaire. Quant à la Chronique du comte Marcellin, elle s’occupe plus des événements politiques et militaires que des faits religieux. Elle mentionne seulement la venue d’Agapet à Constantinople, son action (outre Anthime, la mort du pape, l’élection de Silvère a Rome, et, ajoute-t-elle, i comme celui-ci favorisait le roi des Goths, Bélisaire le déposa et lit nommer Vigile a sa place. P. /… t. m. col. 943.

A Rome, le Liber poniiflcalls, dans les deux notices de Silvère ei de Vigile, qui ne doivent pal être de beaucoup postérieures a la mort de ce dernier, témoigne aussi qu’il avait transpiré, dans les milieux romains, quelque chose des louches agissements par lesquels Vigile étail arrivé au suprême pontificat, On a dit. à l’ail. SlLVÊRB, que la biographie de ce pape est formée de deux pallies, d’origine diverse.

assez maladroitement raccordées ; la première plutôt hostile au pape élu sous l’influence des Goths, la seconde, au contraire, présentant Silvère comme un martyr de la foi chalcédonienne. Vigile y joue un rôle odieux : « À cette date, écrit le biographe (il vient de parler de l’arrivée de Bélisaire à Rome), le diacre Vigile était apocrisiaire à Constantinople. Or, l’Augusta, très fâchée de ce que le patriarche Anthime avait été déposé par le pape Agapet, qui l’avait trouvé hérétique et lui avait substitué Menas, un serviteur de Dieu, ayant pris conseil du diacre Vigile, envoya une lettre à Rome au pape Silvère lui disant : <> N’hésitez point à venir ici, ou du moins rappelez Anthime sur son siège. » L’ayant lue, le bienheureux Silvère gémit et dit : « Je vois bien que cette affaire amènera ma fin. » Mais, plein de confiance en Dieu et dans le bienheureux apôtre Pierre, il répondit à l’Augusta : « Jamais je ne consentirai à rappeler un homme hérétique et condamné pour sa malice. » Indignée, l’Augusta envoya ces ordres au patrice Bélisaire, par le diacre Vigile : « Trouvez quelque prétexte contre Silvère et le déposez de l’épiscopat, ou du moins expédiez-nous le au plus tôt. Vous avez l’archidiacre et apocrisiaire Vigile, qui nous est très cher ; il nous a promis de rappeler le patriarche Anthime. » À réception de cet ordre, le patrice-Bélisaire dit : « J’exécuterai l’ordre ; mais c’est celui qui a intérêt à la mort du pape Silvère, qui rendra compte de ses agissements à Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Des accusations sont portées contre le pape, qui serait entré en rapports avec les Goths, pour leur livrer Rome. Sans trop croire à ces accusations, Bélisaire fait venir Silvère au palais du Pincio, sa résidence ; le clergé romain qui l’accompagne n’est pas autorisé à pénétrer dans le palais. Seul Vigile escorte Silvère jusqu’à l’appartement privé, où se tiennent Bélisaire et sa femme Antonina. Celle-ci reproche au pape sa trahison. File parlait encore que le sous-diacre Jean entre, arrache à Silvère le pallium et le conduit dans une chambre où on le dépouille du costume pontifical, le revêtant d’un froc monastique et où on le maintient au secret. Sur quoi, le sous-diacre Sixte sort pour annoncer au clergé, qui attend au dehors, que le pape a été déposé et réduit à l’état monastique, ’fous s’enfuient. Làdessus, l’archidiacre Vigile mit la main sur Silvère (suscepii in sua quasi fide) et « l’envoya en exil aux îles Pontise et il ne lui donna pour vivre que le pain de trihulation et l’eau d’angoisse. Silvère ne larda pas à mourir et fut ainsi confesseur de la foi. » Édit. Duchesne, t. i, p. 292 sq. L’ensemble du récit, comme on le voit, s’écarte notablement sur bien des points de la narration plus détaillée de Facundus ; il y manque, en particulier, l’exil de Silvère en l.ycic et son retour à Rome, qui devait lui être fatal. Mais le rôle joué en toute celle affaire par Vigile est sensiblement le même, encore que le narrateur romain n’indique jamais qu’à demi mol les initiatives prises par celui-ci.

Le même esprit s’accuse dans la notice consacrée à Vigile même, qui paraît bien être la continuation de la précédente. Elle raconte d’abord les entreprises de Bélisaire contre le roi des Goths. Wltigès qui, finalement, est fait prisonnier et envoyé à Constantinople ; c’est l’occasion pour.lusi inien d’apprendre de Bélisaire la façon dont Vigile a été substitué à Silvère. Puis elle |iasse aux rapports du nouveau pape avec l’Augusta : En ce temps-là. Théodore écrivit à Vigile : Venez ici et exécutez ce que vous avez promis au sujet d’Anthime ; remettez-le dans son office, i Mais contrairement aux données de Libératus, qui raconte les relations épistolaires entre Vigile et les lévériens Vigile, selon le biographe, opi’ose