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VIGER (MARC)


Rome avec le cardinal Dominique Grimani, son successeur comme cardinal protecteur, le chapitre général des frères mineurs d’où sortit comme général Raynald Graziani de Cotilogna. Libéré de sa charge de protecteur, Viger se mit à publier les travaux ébauchés à Sinigaglia. En 1507, il fit paraître coup sur toup, à Fano, un traité De annunliatione B. M. Virginis, puis son célèbre Decæhordum christianum ; enfin, en 1508, à Rome, la Controversia de excellentia inslrumentorum dominieæ pussionis. La guerre l’arracha au culte des lettres. Le Il décembre 1510, Jules II le créa légat des troupes pontificales envoyées contre le duc Alphonse I er d’Esté, de Ferrare et Marc Viger alla mettre le siège devant la Mirandole où le pape vint le rejoindre pour donner l’assaut à la place et s’en emparer en personne (20 janvier 1511). Cette même année le cardinal fit pourvoir son ancien collègue Antoine Trombetta, de Padoue, du siège d’Urbin, cité où régnaient les délia Rovère, et lui résigna quelques bénéfices. Vers la fin de l’année, le cardinal de Sinigaglia, comme on l’appelait, commença une Apologie de Jules II pour répondre aux attaques du conciliabule de Pise. Pour le récompenser, le pape le nomma en 1512, à la place de Guillaume Briçonnet, l’un des révoltés de Pise, cardinal-évêque du siège suburbicaire de Palestrina. En cette qualité, Marc Viger assista au Ve concile du Latran. Après la mort de Jules II (21 fév. 1513), le cardinal se démit de son siège de Sinigaglia en faveur de son neveu également nommé Marc Viger. C’est vers cette époque qu’il composa une Apologie pour défendre le théologien français, Le Fèvre d’Étaples, inquiété pour ses travaux exégétiques. Fort bien traité par Léon X, le cardinal franciscain, après les victoires de François I er, suivit le pape à Viterbe. Il assista également à l’entrevue de Bologne (11-18 oct. 1515) entre le saint père et le roi de France. L’année suivante, le 18 juillet, il mourut à Rome, âgé de soixante-dix ans et fut inhumé à Sainte-Marie Irons Tiberim, laissant le souvenir plutôt d’un humaniste délicat que d’un prélat vraiment recommandable par ses vertus.

II. Œuvres. — 1° Scolasliques. — 1. Tractatus de Universalibus aelivorum. 2. Commeniarii in Eihicam Aristotelis. — Ce traité et ces commentaires qui doivent être l’écho de l’enseignement de Maître Viger ne nous sont connus que par le Decæhordum (voir ci-après) qui en parle pour le n. 1 à la chorda /, c. xxxi et poHr le n. 2 à la chorda fi, c. i, et à la chorda 7, c. XLIII.

Théologie dogmatique et morale.

1. De. præcipuis

incarnait Verbi mysteriis, Douai, 1004, cf. Migne, DicL bibliogr. ralh., t. iv, p. 033. — 2. De vita, morte et resurrectione Domini, Douai, 1607, 1616 ; cf. G. Moroni, Dizion. d’erudizione, c. 08, Venise, 1860 ; Beda Kleinschmidt, M. Vig. dans Kirrhenlexicon, t.xii, col. 051. Fribourg-en-B., 1901, — 3. De annuntiatione Beats Mariée Virginis. Fano, 1506, 1507 ; cf. Slmralea, Supplem., p. 511, Borne, 1806. Ces Lois ouvrages <l< christologie et de mariologie semblent bien avoir été utilisés par la suite dans le Decæhordum ("voir ci-après).

1. Tractatus de Anlechristo, cf. Pierre Ant. de Venise, Gloriosr memorie…, op. cit., lui. Nous ne connaissons de cet ouvrage que le litre. — 5. Marri Vlgerit Savonensis San (et se) Maria Irons Tibe(rim) Prsetb(yler) Car(dinalis) Senogallien(st8) Decæhordum christianum Julio II Pont(tflcl) Max(imo) Diciitum. Fano, 1507. Ce petit in-f" de 7 f. et de LVl p. (10 fig. sur bois) a été appelé i I pins beau livre qui soit jamais sorti des presses des Son dno i’auteur, s’inspiranl du décacorde sur lequel

! ’psalmiste < hantait les louanges de Jahvé. a voulu

lui aussi, à l’aide de dix cordes littéraires, exalter l’Homme-Dieu, le Christ Jésus. Son ouvrage se divise en dix livres correspondant à autant de cordes. De la chorda prima à la chorda septima (1, I à t. VII, p. i-cl), l’auteur traite de l’Annonciation, de la Nativité, de la Circoncision, de l’Epiphanie, de la Purification puis, saute brusquement à l’Entrée de Jésus à Jérusalem. La septima chorda retrace l’Agonie du Sauveur à Gethsemani et les dernières chordæ (1. VIII-X, p. cc-ccxlvi) chantent les mystères glorieux : Résurrection, Ascension, Pentecôte.

Bien que Wadding (Script, ord. min., 242, Rome, 1650) ait qualifié le Decæhordum d’opus theologicum, doctum et varium, l’auteur s’y montre, cependant, à peine un théologien, mais bien plutôt un humaniste docte et abondant. La christologie de Marc Viger n’a rien d’original. À noter, pourtant, certains beaux accents sur la génération éternelle du Verbe et sur la génération humaine du Christ. Chorda prima, c. i, fol. xv sq. ; De annunciat. Virg. prolog. À remarquer également que le Decæhordum place l’adoration des Mages, Chord. VI, t. I, c. i, tout de suite après la circoncision avant la purification. Rien à dire non plus de la mariologie. Le cardinal franciscain donne cependant à Marie la première place après Jésus dans la création, Chorda I, t. I, c. ix : De sanctæ Mariæ excellentia, passim, et, sans enseigner clairement l’immaculée conception, il insiste souvent sur le fait que la Vierge a toujours été gratia plena, ibid., c. xx, De obumbralione Virg. Mariée a Sp. Sancto. Il faut rendre cette justice à Marc Viger que dans les cinq premières Cordes de son ouvrage, il met fréquemment en scène saint Joseph, époux de Marie, père putatif de Jésus, et se montre ainsi l’un des précurseurs immédiats du culte que le xvie siècle allait bientôt rendre au glorieux patriarche. II n’en reste pas moins vrai que le Decæhordum est beaucoup plus qu’un ouvrage dogmatique un traité d’ascétisme proposant à notre imitation les admirables vertus professées ici-bas par Jésus, Marie, Joseph. Le Decæhordum a connu sous le même titre une seconde édition chez Josse Badius, Paris, 1517, suivie de la Controversia de excellentia instrumentorum dominieæ passionis per eumdem Dfominu)m Marcum Vigerium discussa. (5 f. Decæhordum de i à exc, puis de exc à cem la Controversia et 14 f., voir ci-après.)

Ouvrages de controverse.

1. Historiques. —

a) La Controversia… dominieæ Passionis que nous venons de nommer parut en l rc et 2e édit. a Borne, en 1508 et 1512 (in-4° de 2 et 42 f.) ; en 3e édit. à Paris à la suite du Decæhordum, en 1517 (voir plus haut) ; en 4e édit., à Haguenau, en 1517, également avec le Decæhordum.

b) De dignitate jerri lanceæ Christ i et vestimentorum ejus (Ms. à la Vaticane, Wadding, op. et loc. cit. ; Jean de Saint-Antoine, Bibliot. univ. francise, t. ii, 320, Madrid, 1732). Bien que Bayle, ait écrit « l’auteur donna es deux ouvrages au public pour montrer que des deux reliques que Bajazet (II) avait eues en sa possession, savoir : la tunique de Jésus-Christ et la lance de Longin, la tunique qu’il avait envoyée au Pape (Innocent VIII, en 1492) était préférable à la lance qu’il avait gardée ». Did, historiq. et critiq., 3’édit., t. iv, col. 2815. cependant il semble bien qu’il ne s’agit ici que d’un seul et même ouvrage. Au xvir siècle, le Jésuite Richard Gibbons publia toute une Compilation dont le t. i or portait ce titre :

llisi. admiranda de j.-c. sttgmattbus sacra tlndoni

impressis ab Alph. Patenta archiepisc. II liononens. explic…, Douai, 1607, et dont le t. n s’annonçait ainsi llislor. admiranda Inmus aller compleelens M(arci) Vtgertl, S. H. L’. cardlnalit de prtectpuis incarnait Verbi mytierii » decæhordum christianum.