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2973 VIE ÉTERNELLE — VIENNE (CONCILE DE) 2974

reçue des apôtres ? L’article du symbole « la vie éternelle » ne fait que rendre d’une manière plus explicite la foi en la vie future à laquelle s’attachait l’espérance chrétienne et qui était implicitement renfermée dans la croyance au jugement dernier et à la résurrection générale. Cf. S. Thomas, Sum. theol., U*-U x, q. i, a. 8.

A. Michel.



VIELMI Jérôme, des frères prêcheurs, xvie siècle.

— Originaire de Venise, après avoir reçu les rudiments de la vie religieuse chez les frères prêcheurs de Vérone, il fit ses études à Padoue, où il fut le disciple de Barthélémy Spina et où il enseigna ensuite la théologie et la métaphysique. En 1554, le Sénat de Venise l’appela à enseigner saint Thomas et en 1560, Pie IV l’installa à la Sapience pour interpréter l’Écriture sainte. Saint Charles Borromée fut son disciple. Vielmi fut créé évêque d’Argos en 1563. Il prit une part active aux derniers travaux du concile de Trente, puis vint à Padoue comme vicaire général et suffragant du siège. Après avoir repris l’enseignement de la sainte Écriture de 1565 à 1570, il fut nommé évêque de Citta Nova, en Istrie, et mourut chargé de mérites à Venise, le 7 mars 1582, fête de saint Thomas.

Échard signale de lui : Oralio apologetica contra oblrectatores theologiæ (1544) ; De optimo episcopi munere oralio (1565) ; De sex diebus conrfito orbe liber (1575) ; De D. Thomee Aquinalis iloclrina et scriptis libri duo (1575).

Marillier.



VIENNE (CONCILE DE), XVe concile œcuménique (1311-1312). — De ce concile œcuménique tenu à Vienne en France en 1311-1312, on n’a longtemps connu que les décrets ; sur les événements qui ont déterminé le cours du concile et qui, en éclairant l’origine et le but de ses décisions, eussent permis d’en apprécier la portée, on possédait peu de documents : la plupart d’entre eux avaient été perdus, d’autres supprimés ou falsifiés ; les témoignages des contemporains étaient viciés par des préoccupations polémiques. Beaucoup de sources n’ont pas encore pu être retrouvées. Cependant, après les recherches et les découvertes du cardinal Fr. Ehrle, puis de H. Finke, l’histoire du concile a pu être retracée dans ses lignes essentielles par le P. Éwald Millier, O. M., Das Konzil von Vienne, 7311-1312, Seine Quellen und Geschichle, Munster-en-W., 1934. Nous rappellerons d’abord les circonstances qui ont occasionné le concile et exercé une influence sur ses travaux ; elles aideront à comprendre les décrets dogmatiques et disciplinaires qu’il a portés.

I. Histoire.

II. Décrets dogmatiques.

III. Décisions disciplinaires.

I. Histoire du concile.

L’occasion du concile fut fournie par la lutte soutenue par Philippe le Bel contre la papauté. Le concile axait été voulu et demandé par le roi de France depuis 1297, il avait été préparé par ses légistes, et il était l’aboutissement des théories conciliaires répandues par les partisans du roi, cf. Dom Jean Leclercq, Jean de Paris ri l’ecclésiologie du XIIe siècle, Paris, 1942, p. 124-131, et La renonciation de Célestin V et l’opinion théologique en France du vivant de Boniface VIII, dans d’histoire de l’Église de France, t. xxv, 1939, p. 185-190. Philippe le Bel avait d’abord demandé qu’un concile universel fût convoqué en vue de juger et de déposer Boniface VIII, accusé d’avoir supplanté Célestin V d’une manière illégitime. A partir de la mort de Boniface VIII (1303), le prétexte Invoqué pour motiver le concile fut de mettre un terme an procès ouvert par Philippe le lie ! contre les templiers. Parallèlement ail procès des templiers s’en poursuivi ! un autre, sur le développement duquel nous sommes peu renseignés pour cette période, celui qui divisait les deux factions adverses de l’ordre franciscain, les « spirituels », et la « communauté », voir Spirituels.

Le 12 août 1308, le pape Clément V avait lancé la bulle d’indiction du concile (Registre, n. 6293), invitant tous les prélats à s’y rendre. Par la bulle Aima mater du 4 avril 1310 (Hardouin, Concil., t. vii, col. 1134), il fixait au 1 er octobre suivant l’ouverture de l’assemblée. Mais, pour la première fois dans l’histoire des conciles œcuméniques et sous la pression de Philippe le Bel, le pape procédait alors à un choix parmi les prélats convoqués : la bulle s’adressait à tous les évêques, mais ceux-là seuls étaient tenus de venir qui étaient expressément désignés dans la lettre. À cet effet, Clément V avait dressé une liste officielle portant 231 noms ; cette liste fut, à Paris et sur les ordres du roi, réduite à 165 noms (texte des deux listes dans Mùller, op. cit., p. 663-670) ; encore parmi les prélats qui y figuraient beaucoup s’excusèrent-ils de ne pouvoir venir à cause des frais qu’entraînerait pour eux ce voyage en des temps aussi difficiles. Si les prélats invités étaient matériellement peu nombreux et en grande majorité français, le concile n’en était pas moins — formellement, c’est-à-dire dans l’intention du pape, et en fait — un concile œcuménique.

Il s’ouvrit le 16 octobre 1311. Étaient présents 20 cardinaux, 4 patriarches, 29 archevêques, 79 évêques, 38 abbés, les généraux des franciscains et des dominicains ; avec les procureurs des prélats absents, le nombre total des membres du concile atteignait environ 300. Les rois d’Aragon et d’Angleterre avaient envoyé des ambassadeurs ; Philippe le Bel était représenté par Guillame de Plaisians, auquel se joignit, à partir du 17 février 1312, Enguerrand de Marigny.

Les premiers travaux du concile (décembre 13Il début d’avril 1312) furent surtout consacrés au problème du secours à porter à la Terre sainte. On discuta différents projets, en particulier ceux qu’avait présentés Baymond Lulle, et on examina quels étaient les moyens de lever des dîmes en vue de financer une croisade éventuelle ; les envoyés de Philippe le Bel firent échouer toutes les propositions, prétextant l’absence de leur roi sine quo factum est nihil, disaientt ils. Mùller, p. 168. Sur les entrefaites (janvier-mars 1312), Philippe le Bel avait réuni à Lyon les États , généraux du royaume, entrepris avec le pape des négociations secrètes au cours desquelles le procès de Boniface VIII semble avoir été remis en question, et décidé de mettre bientôt un terme au concile. Le Il mars. Clément V tint un consistoire au cours duquel il fut impossible de concilier les exigences des rois de Portugal et d’Aragon avec celles du roi de France au sujet des biens des templiers. Le 20 mars, arriva Philippe le Bel accompagné d’une suite nombreuse. Aussitôt, dès le 22 mars, s’ouvrit la première session solennelle où fut décidée la suppression de l’ordre des templiers. Il restait à statuer sur le sort qui serait réservé à leurs biens. Malgré toutes les manœuvres de Philippe le Bel, spécialement autour du consistoire du 28 mars, le pape ne prit alors aucune décision au sujet des possessions des templiers d’Espagne. I.c 3 avril se tint la deuxième session solennelle, où Clément Y supprima définitivement l’ordre des templiers, en vertu de son pouvoir apostolique et avec l’approbation du concile. non pas, expliqua t il. par suite d’une décision infaillible, mais en Mie de la bonne administration de l’Église et pour s’acquitter des devoirs de sa charge pastorale. Millier, p. 209. Au cours de cette session. le pape prescrivit également a Ions les prélats de lever pendant six ans une dîme destinée à secourir