Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/720

Cette page n’a pas encore été corrigée

2969

VIE ÉTERNELLE. LES SYMBOLES

2970

ces ouvrages ne s’attachent guère au point de vue scripturaire qui, seul, a retenu ici notre attention. À cet égard, on devra consulter J.-M. Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1923, Introd., Le royaume de Dieu, p. clvi-clxvii ; Évangile selon saint Jean, Paris, 1925, Introd., c. IV, § 6 : Jésus-Christ, vie et auteur de la vie, p. r.LXiii-CLXvm, et les notes sur l’entretien de Jésus et de Nicodème, p. 72-86 ; F. Prat, La théologie de saint Paul, t. ii, Paris, 1923, I. VI, c. ii, Les fins dernières, p. 427-465 ; cf. note Z, Eschatologie judaïque, p. 564-566.

En ce qui concerne les Pères apostoliques, nous avons utilisé, texte et traduction, les trois premiers volumes de la collection Hemmer-Lejay : i-ii, Doctrine des apôtres, Êpitre de Barnabe, par II. Hemmer, G. Oger et A. Laurent, Paris, 1926 ; II. Clément de Rome, Êpitre aux Corinthiens, Homélie (2e ép.) aux Corinthiens, par H. Hemmer, Paris, 1926 ; m. Ignace d’Antioche, et Polycarpe de Sniyrne, Êpîtres, Martyre de Polycarpe par Aug. Lelong, Paris, 1927. On a suivi l’ordre de cette publication.


II. L’origine historique.

Comment cette croyance catholique en une vie éternelle, consécutive à la résurrection de la chair et au jugement général, est-elle entrée dans les formules du symbole ? C’est là un problème historique auquel il est difïîcile de fournir une solution précise. On notera 1° les formules qui ont préparé l’article et vitam œternam du symbole des apôtres ; 2° les premières constatations de cet article à partir du IVe siècle.

Les formules préparatoires.


On les trouve dans les professions ou règles de foi proposées par les apologistes du iie et du iiie siècle.

Saint Irénée enseigne qu’après le jugement les pécheurs seront condamnés au feu éternel et les justes, soit qu’ils aient conservé, soit qu’ils aient récupéré par la pénitence l’amour du Christ, recevront la vie, l’immortalité, la clarté éternelle. Cont. hær., I, x, , P. G., t. vii, col. 552 A. Cf. III, iv, 2, col. 865 A. L’expression vitam œternam, reprise de saint Jean, I Joa., v, 13, se lit au t. III, xvi, 5, col. 924 C. La Prédication parle du « baptême pour la vie éternelle », n. 3, et rappelle expressément que « le Dieu de tous accordera la vie éternelle par la résurrection des morts ». N. 41, P. O., t.xii, col. 662, 758 (tr. fr., col. 690, 766).

Dans la première Apologie, saint Justin proclame que la récompense des chrétiens fidèles au Christ est la vie éternelle, exempte de tribulation. Apol. /, n. 57 ; cf. n. 10, P. G., I. vi, col. 414 C, 341 A. Voir également Cohort. ad Grœcos, n. 8, col. 257 A. Même aillrmation chez Athénagore. Legatio, n. 31, 33, ibid., col. 961 C ; 965 A.

A Alexandrie, Origène enseigne qu’après cette vie, l’âme recevra la sentence qu’elle aura méritée, sive vitir œternæ ac beatitudinis hæredilate polilura…, sire igni rnterno ac suppliciis mancipanda. Le corps lui-même, après la résurrection, prendra part à cette-vie de récompense ou de châtiment. Dr princ, pne f.. n. 5, P. (, ., t. xi, col. 118 A.

Lu Afrique. Tcrtullien professe que le Christ reviendra dans sa gloire pour s’associer les saints dans la récompense de la vie éternelle et envoyer les méchants au feu éternel de l’enfer, après que, pour lis uns et les autres aura été faite la résurrection de la chair. De prtetcrlpt., c. xiii. P. /… t. ii, col. 26 B27 A. Moins d’un demi siècle après, saint Cyprien nous apprend que l’interrogatoire u catéchumène est déjà formel : Crédit in vitam teternam et remiseionrin peccatorum per sanctam Ecclutam ? EpisL, i.xx, n. 2. P/… I m cl. KiT.H A ; Ilahn. S 12. Aux nova tiens, Cyprien fait remarquer qu’ils sont sans Église ci, in conséquence, m-peuvent poser la même question au baptême. Le texte i « aie i< i : Crédit in remittlonem peccatorum et vitam seternam per tanctam Ecclettatn ? Epttt., lxix, n. 7. ibid., col. 1191 A. Von V d’Alès, L- ; théologie </< tatint Cyprien, Parla, 1922. p. 231-232.

En Espagne, Priscillien, dans le dernier tiers du ive siècle, résume ainsi la foi demandée aux catéchumènes : Credentes in sanctam Ecclesiam, sanctum Spiritum, baptismum salutare, sicut scriptum est : nisi quis renalus fuerit ex aqua et Spiritu sancto, non ascendet in regnum cœlorum. Liber ad Damasum, tract. II, édit. Schepss, Corpus de Vienne, t. xviii, 1889, p. 37.

Vers la fin du iv c siècle, Phébade d’Agen commente le symbole jusqu’à l’article de la résurrection de la chair, et il ajoute : Et animas cum hac carne vel corpora nostra accepturos ab eo ad vitam œternam præmium boni merili, aut sententiam pro peccatis œterni supplicii. Libellus fidei, P. L., t. xx, col. 50 C. Cf. De Filii divinitate et consubstantialitate, c. viii, ibid., col. 49. Cf. Hahn, § 189.

A Rome, dès le temps de saint Hippolyte, la Tradition apostolique qui figure parmi les écrits de cet auteur et remonte très certainement au premier tiers du iiie siècle, atteste l’usage romain d’interroger le catéchumène. La formule : Credo in… unum baptisma, in sanctam Ecclesiam (calholicam et vitam œternam) s’y retrouve, les mots entre parenthèse étant suppléés d’après les canons d’Hippolyte. Duchesne, Origines du culte chrétien, 5e édit., Paris, 1920, p. 554 ; Hahn, § 6. Au siècle suivant, Kufin, prêtre d’Aquilée, ne signale pas encore, dans son commentaire sur le symbole, la présence de l’article In vitam œternam. Il dit cependant d’une manière expresse que les morts ressusciteront in vitam œternam. Comm. in Symbol, aposl., n. 48, P. L., t. xxi, col. 386 C.

Insertion de l’article.


1. En Occident. —

Le texte primitif du symbole romain ne contenait pas la finale vitam œternam. Cf. Denz.-Bannw., n. 2 ; Hahn, § 18-23. Cette finale se lit dans le texte reçu ou gallican, qui finalement s’est imposé à Rome même. Ibid., n. 6 ; Hahn, § 24-30 (interrogations du baptême : Sacramentaire de Gélase, § 31e ; Ordo Bomanus, ibid., f). Voir ici Apotrks (Symbole des), t. i, col. 1665. Bratke a découvert un texte du symbole, avec la finale vitam œternam, qu’il estime être un svmbole gallican antérieur à 400. Col. 1662. Cf. Hahn, §" 90.

Le premier document, dont la date peut être approximativement fixée aux premières années du ve siècle est VExplanalio symboli de Nicétas de Remesiana. Le texte du symbole y comporte l’addition vitam œternam (comme aussi l’addition communionem sanctorum), n. 10, P. L., t. lii, col. 871 L : Hahn, § 40. Un peu plus tard, on trouve l’addition dans les homélies sur le symbole de Fauste de Riez. Cf. Caspari, Ungedruckte… Quellen znr Geschichte des Taufsgmbolt und der Glaubensregel, ii, Christiania. 1869, p. 200 ; Hahn, § 61 ; Lietzmann, Symbole der alten Kirche, 2° édit., Bonn, 1914, p. 14. Voir aussi de Fauste une allusion certaine à l’article vitam œternam dans le De Sfiirilu sancto. I. I, c. ii, Corpus de Vienne, t. XXI, p. 104. Enfin, un troisième témoin. quelque peu postérieur, est saint Césaire d’Arles, voir llnhn. § 62 : et ici t. ii, col. 2176.

Mgr Batiftol a rappelé, t. i, col. 1664, que l’inseï tion de Vitam œternam avait pour but d’expliquer le dogme de la résurrection de la chair en excluant le millénarisme. On trouve la même préoccupation dans l’Église d’Afrique. Saint Augustin dit exprès sèment que l’addition vitam seternam exclut un mode iii résurrection analogue à la résurrection de Lazare. Srrm : ad calech., n. 17, P. L., I. xi., col. 636. C.’est encore, à coup sûr, le symbole africain qui est com mente dans le serai. CCXV, n. 9, où l’évêque souhaite aux catéchumènes d’apprendre, par la vraie et sainte e catholique, ce qu’est » la rémission des péchés. la résurrection de la chair et la vie éternelle ». P. L..