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VICTORINUS AFER. LA VIE CHRÉTIENNE
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Les sacrements.

La vie sacramentelle du chrétien, « quum aliquis inilio christianus incipit esse,

commence par la catéchèse, mot grec dont le sens est circumsonare ou juxta assonarc, parce que Dieu et le Christ sont redits comme un écho à ses oreilles et confiés à son cœur ». Col. 1194 A. On s’assure évidemment d’un minimum de dispositions intellectuelles et morales de la part du catéchumène : « l’homme a-t-il l’usage de sa raison, reconnaît-il que le monde n’est pas son (milieu), tout en discernant bien tout ce qui est dans le monde ; admet-il Dieu comme son créateur, alors l’âme peut recevoir le Christ » au baptême. Col. 1184 B. Alors « on le catéchisera d’un mot qui est une invocation », allusion peut-être à la tradition du Pater, « et on l’instruira en esprit de modestie », loc. cit., col. 1194 B. Sur les parrains du baptême, col. 1184 B, 1268 B.

1. Le baptême.

« C’est la consécration de la foi : il n’y a qu’une foi dans le Christ, celle qui confesse le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; si aliter ab aliis, non baptisma : le baptême donné par les hérétiques n’est pas le baptême. » Ad Ephes., iv, 5, col. 1272 A. « C’est dans cette foi que le fidèle est assumé » par le Christ « dans le bain de l’eau et l’invocation de la parole » ;

c’est tout le déroulement du mystère ». « Celui qui est baptisé et qui dit : Credo, reçoit la foi de la vérité, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, et se trouve sanctifié. » Adv. Arium, t. IV, c. xvi, col. 1112. Il y a comme un double effet : « purification devant le Seigneur de toute tache et ride, de tout ce qui défigure l’âme, et puis reparaît la vigueur, la fraîcheur, la beauté native ». Col. 1287-1288. Car « cette création dans le Christ sccundum baptisma n’est que la reprise de la création primitive de toutes choses par le Christ, et l’amorce de cette autre commulatio in Christo, qui s’opère tout au cours de la vie chrétienne. Col. 1054 D. Car i celui qui est plongé dans le Christ par le baptême est dans le Christ, c’est un fils de Dieu ». Col. 1173 B. D’un autre côté, comme « la vertu entière du mystère est dans le baptême, sa puissance consiste à nous conférer l’Esprit ». Col. 1051 A. Qu’on ne s’en étonne point : « Si l’on dépasse la simple explication du baptême qui nous donne le Christ », pour en venir au sens profond » du sacrement, qui est la formation du Christ en l’âme, il faut dire que « le Christ ainsi formé c’est l’Esprit, qui, greffe et développé en nous, nous délivre per credulitatem, et nous confère le salut de la lumière éternelle. Ahl c’est là un germe puissant et énergique ! Col. 118 1 C.

Faut-il voir une suppléance du baptême dans la révélation ? col. 1262 CD. Aucune allusion à un rite Sacramentel pour - l’achèvement du mystère » ou confirmation du baptême, col. 1246 C. ni pour la rémission des péchés, col. 1213 D.

2. L’eucharistie. fidèle à l’usage africain qui l’appelait tout simplement Yita, Victorin désigne l’eucharistie par Pain de oie, le pain de vita Dei, et la vie ex tadem subslantia. Col. 1063 B, 1094 C. Ce peuple chrétien est donc rcepiOÛffLOÇ quand il assiste au sacrifice : i II est dans l’abondance, bien sur. comme dit le traducteur latin ; mais, d’après le grec, il est circa vit/m), quam Christus et habet ri dut. Aussi la prière de l’oblation — qui était un dérivé de l’anaphore d’Ilippolyte… cf. (I. Hardy, Formules liturgiques grecques à Rome au IVe siècle, dans Rech. scirne. relig., Janv. 1940, — prie ainsi : Eûaov mpioûoiov Xaov, populum circumvitalem. en parlant du peuple qui

il autoui de la substance de Dieu. Col. 1063 C. Comment serons nous fils de Dieu sans la participation a la vie éternelle, Joa., vi, 59, que le Christ

nous présenta de la part du l’en-’Col. 1094 B.

3. L’ordre.’.< sacrement est clairement supposé par la distribution des ministères dans l’Église. A

l’origine, « les Apôtres avaient un triple pouvoir : agere, doccre et evangelizare ». Ad Ephes., iv, 12, col. 1275 D. On notera le mot aqere, pour désigner la fonction liturgique. Par la suite, cependant, et du vivant même de saint Paul, « d’autres aussi peuvent faire ces choses, qui ne sont pourtant pas apôtres : il y a eu distinction » des personnels et des ministères. Le but est toujours le même : « la consommation des saints, par l’action des apôtres et par l’action des autres », des prêtres, loc. cit. Et l’origine de ces pouvoirs est aussi la même : hérités des Apôtres, ils « ont été institués tous par le don du Christ ». Mais une distinction s’imposait entre « ce que nous avons à faire [envers Dieu’?), le mystère, et puis ce que nous faisons envers les autres, l’édification du corps du Christ. De là deux causes et deux etïets » ; disons : deux pouvoirs pour deux fonctions sacerdotales distinctes : d’abord le pouvoir d’ordre, « présider aux mystères », au baptême, à l’eucharistie, « charge toute personnelle ut ipsi agant, ut rninislri sint » : célébrer, faire les mystères, c’est la définition même du prêtre ; « et puis édifier le corps du Christ, qui est l’Église, c’est-à-dire confirmer les âmes vers la foi » ; assurer la catéchèse préparatoire au baptême, ad fidem, telle était la principale fonction doctrinale, presque la seule, des prêtres romains au ive siècle.

Quelles sont donc les prérogatives des évêques ? D’abord une institution divine spéciale, et la fonction de gouvernement : « Ainsi le Christ a fait aussi par son don les pasteurs et les maîtres, qui régissent le peuple de l’Église. Ceux qui administrent, Paul les a appelés pasteurs ; et ceux qui enseignent, il les a appelés maîtres. » Col. 1275 B. Mais les évêques n’enseignent-ils pas aussi ? Victorin, qui n’avait sans doute jamais entendu une homélie de Jules ou de Libère, réduirait volontiers le rôle des évêques à celle de duces, ad qubernandum. C’est du moins ce qui ressort de ses explications : « Leur nom de pasteurs, en effet, ne vient pas de ce qu’ils paissent le troupeau, et ils ne sont pas institués pour lui apporter la nourriture, mais pour le gouverner ; ainsi, en fait, on appelle les pasteurs episcopos, des surveillants. Le pasteur, aussi bien, c’est le Christ lui-même, puisque les brebis dont il s’agit, ce sont les âmes. En fait de maîtres, les pasteurs sont bien appelés les maîtres du troupeau, mais à titre de préposés ». Loc. cit., col. 1275 C. Voilà bien des précautions pour enlever aux évêques cette double prérogathe de docteurs et de chefs que leurs Eglises leur reconnaissaient. En somme, il n’y a ni maîtres, ni serviteurs « dans le service de l’Évangile, mais des pères et des fils qui collaborent dans la charité »… Col. 1214 D. Il y a dans cette vérification des pouvoirs des évêques des notations intéressantes qui anticipent sur les réserves plus connues de l’Ambrosiaster et de saint Jérôme. Cf. P. Batifïol, Études d’hist. et do titrai, posit., t. i. p. 267 sq.

4. Le mariage. Comme des précédents sacre

ments, Victorin semble en ignorer le signe sensible, pour ne connaître que la res surrumrnli : > Le mariage prêche à l’homme la patience, le don de soi. pour la sanctification de sa femme, tout cela à l’imitation du Christ souffrant pour l’Église, . » Ad Ephes., v, 26. col. 1287. i La vérité est dans le fait du Christ et de l’Église, que les époux doivent observer et imiter. l. or. cit., col. 1280 C. Pour Victorin, ce n’est encore que la morale élémentaire du mariage chrétien.

Mais, par-delà ce simple enseignement. Paul montre

qu’il y a autre chose, l.or. cit.. col. 1288. Mysterium hoc magnum, le caractère sacramentel. Victorin l’expose de deux façons successives : c’est le symbole de l’union i du Christ et de l’Église qui s’aiment : mais Surtout, c’est le symbole de cette réalité salutaire constituée i dans le Christ et dans l’Église. du mys