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1° La foi et les œuvres. — On trouve dans les Commentaires de Victorin les affirmations les plus tranchées sur ce sujet, et qui semblent engager toute sa conception de la vie chrétienne : « C’est par la foi seule que vous avez reçu l’Esprit », Ad Gal., iii, 3, col. 111)7 C ; « la bénédiction ne peut venir des œuvres », ꝟ. 9, col, 1169 C ; « la foi en Jésus-Christ sudit à la justification », ꝟ. 22, col. 1172 B ; « ce n’est pas par nos mœurs que nous pouvons mériter la justice de Dieu », Ad Phil., iii, 9, col. 1219 C ; « il n’y a là pour nous aucun sujet de louange ». Col. 1231 A. « L’effort humain n’a aucune part en notre libération ». Col. 1258 C.

On a voulu voir en ces textes des anticipations de la théorie luthérienne de la justification par la foi seule, sans les bonnes œuvres. A. Benz, M. Victorinus, Stuttgart, 1932, p. 146, 156, 157. Mais d’où vient donc que « le Christ par sa discipline nous a enseigné à vaincre la chair et les désirs du monde » ? Ad Ephes., n, 15, col. 1258 BC, qu’ « il nous a enseigné à avoir la foi en lui, mais aussi à vivre suivant ses commandements ? » Loc. cit., col. 1278 C. La foi n’a-t-elle pas une œuvre de purification à faire en notre corps, notre âme et notre esprit ? Adv. Arium, t. I, c. i.xii, col. 1087 C. « Dieu, en effet, a préparé dans le Christ et il fait de toutes pièces les œuvres que nous avons à faire icibas », col. 1256 C ; ce sont les œuvres chrétiennes.

1. Les œuvres chrétiennes. — « Saint Paul ajoute qu’on est maudit par les œuvres de la Loi mosaïque : c’est dire, et il faut le comprendre, qu’il y a des œuvres chrétiennes, opéra christianilatis, celles-là surtout que l’Apôtre recommande aux autres comme à lui-même, comme des préceptes à retenir pour sa vie, toutes œuvres qui sont imposées par lui à tout chrétien ». Ad Gal., iii, 10, col. 1169 D. Ce sont là des « vertus de l’Esprit » que Dieu a opérées en vous en grand nombre par la soumission de la foi, la patience, etc. » Loc. cit., col. 1168 D.

2. Leur nécessité.

Elle est double : les œuvres protègent la foi et elles l’exercent, si bien qu’elles font corps avec « la foi pleine ». Col. 1290 B. « Ce sont les armes de la foi : à elle seule, en effet, la foi nous rend forts ; tout devient facile, mais par la foi pleine, qui est une souplesse confiante de la volonté. .., une force qui se prépare de l’âme et du corps…. » Ad Ephes., vi, 13, col. 1290 BC. « Le sentiment de foi doit se compléter par la justice ; pas de foi vraie sans la justice. » Col. 1291. « Les œuvres sont bonnes encore pour témoigner que nous sommes dans le Christ : aussi bien Dieu nous a-t-il regénérés pour marcher désormais dans ces bonnes œuvres. » Ad Ephes., ii, 11, col. 1256 C.

3. Leur insuffisance.

« Mais la foi reste toujours le premier des préceptes : la justice n’a point la même valeur : elle ne servira que si la foi s’y joint… Elle est toute dans les actes, et n’atteint pas l’Adversaire. Seulement elle montre la bonté de l’esprit et du cœur. » Loc. cit., col. 1291 A.

Les bonnes œuvres sont donc nécessaires au chrétien, mais au service de la foi : c’est la thèse du salut par les œuvres de la foi. Et les réserves faites, comme aussi certaines précisions insolites nous avertissent que les œuvres et la foi elle-même ne valent que par Dieu qui les fait en nous : ainsi passons-nous à une thèse plus générale, celle de l’œuvre de Dieu d’ans la foi. Les critiques catholiques n’ont généralement pas aperçu la portée dogmatique de la défiance de Victorin, disons de son mépris implacable contre toutes les œuvres naturelles. Cf. H. de Leusse, art. cit., dans Rech. de science reliy., 1939, p. 211, note 2 ; ’Fixeront, op. cit., p. 283.

La foi et la grâce.

Victorin a là-dessus une

position très ferme : nos œuvres, en quelque état qu’on les considère : avant ou après l’acte de foi, n’ont aucune valeur par elles-mêmes, mais uniquement par la foi et la grâce qui les inspire. « Tout ce qui est bon en nous se fait avec la grâce de Dieu, qui nous régit, par son Esprit, et il n’y a rien (de bon) en nous ; …ou, s’il y a du bon en nous, cela n’est pas de nous, mais de Dieu ». Ad l’hit., iv, 8, col. 1231 A. C’est, avant la lettre, de l’augustinisme intégral, quoique non systématisé.

1. Avant la foi.

« Nous avons été appelés à suivre le Christ gratuitement, c’est-à-dire sans labeur, sans grandes œuvres : in yratiam nos vocavit ». Ad Gal., i, 6, col. 1149 B. Car « notre conduite passée, encore qu’irréprochable, c’est là notre justice, et nous pensons ainsi par nos mœurs mériter la justice parfaite de Dieu. Mais elle se base sur une discipline charnelle. Celle qui compte, c’est la justice qui vient de Dieu par la foi, quee est fldes ex fide Christi, id est ex nobis in Christum ». Ad Phil., iii, 9, col. 1219 D.

2. Dans l’acte de foi.

Il y a bien aliquid ex nobis dans cette décision, mais « ne pensons pas non plus que cette intrépidité qui est cause de notre salut soit notre fait, car cela même vient de Dieu, de sorte que tout se fait par le signe, la miséricorde et la grâce de Dieu ». Ad Phil., i, 28, col. 1202. Même pensée sur les préparations de l’acte de foi, qui reste tout de même un acte de l’homme : « Notre-Seigneur Jésus-Christ a surmonté (pour nous) d’une certaine façon cette résistance de la chair et du monde. Nostrum pêne jam nihil est : notre quote-part est désormais réduite à presque rien ; croire tout simplement Celui qui a surmonté tous (les obstacles). Ad Eph., n, 16, col. 1259 C.

Mais enfin, diront les semi-pélagiens à courte vue, cette adhésion de notre esprit, est pourtant à mettre à notre compte ? Non, pas même, répond le mystique Victorin : l’acte de foi est déjà un acte surnaturel, une communion au Christ ressuscité. Ainsi faut-il comprendre « ce mystère saint et plénier, qui nous donne la foi dans le Christ, in Christo fidem habeamus : ce n’est pas présentement que nous méritons cette vie surnaturelle… Cette union au Christ, Dieu ne nous l’a pas donnée pour nous payer d’un mérite : c’est un geste de pure bonté… In Christo, là est tout le mystère de la résurrection (à la vie divine), de la nôtre et de celle de tous. C’est le Christ qui est la Porte. Voilà la raison bien claire qui fait de notre acte de foi une dette, une dette qui consiste pour nous à prendre conscience de notre appartenance au Christ. Si c’est là tout notre apport (dans l’acte de foi), ce n’est pas par notre mérite que nous sommes sauvés, mais par la grâce de Dieu ». Ad Ephes., ii, 6-8, col. 1255 C-1256 A. Dans le même sens, « ce n’est pas par notre force que nous déposons nos péchés, mais par la connaissance de Dieu : Dei lamen voluntate infusa sibi per Jesum Christum, col. 1244 C, « la seule chose qui sera en notre pouvoir sera de croire le Christ, Christum credere, et de vivre pour lui spirituellement ». Ad Ephes., i, 7, col. 1243 D. Tels sont les passages auxquels on a trouvé, à tort, semble-t-il, « une saveur étrangement semi-pélagienne ».

3. Dans la vie de foi.

Là aussi, « une fois sauvés, ce qui est un don de Dieu, notre mérite ne vient pas de nos œuvres. Les œuvres sont une chose, mais autre chose qu’elles soient dues à notre mérite. Voilà pourquoi saint Paul a bien séparé les deux : non ex vobis, puis non ex operibus ; en effet, au-delà des bonnes actions obligatoires » pour tout chrétien et qui sont vos œuvres à vous, « un mérite particulier peut encore venir de la chasteté, de l’abstinence, toutes choses qui ne sont pas même vos œuvres à vous, puisque vous ne pouvez pas y atteindre par vous-mêmes. De toutes