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VICTOHliNUS AFKH. LE MYSTÈRE DU CIIHIST
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catholique dit qu’il y eut toujours et le Père et le Fils », Ad Phil., ii, 9, col. 1210-1211. « Le Fils était avant de naître de Marie », col. 1088 D ; « dès le commencement était le Verbe, donc le Fils, qui plus tard sera Jésus en s’incarnant, à cause du mystère (de salut) qu’il accomplit par ordre du Père », col. 1089 A. « Le Fils qui nous a racheté par son sang, c’est le Fils de Marie, mais aussi le Fils unique de Dieu ». Col. 1067 D.

Ainsi, le Christ était, il a commencé pourtant ; cela est vrai, mais pas au sens de Marcel et de Photin ; qui disent qu’il a commencé en Marie, et que ce n’est pas le Verbe qui a revêtu la chair, mais le Christ. Non, le Christ est le F’ils de Dieu et filius natus. Il a commencé aliquo modo fuisse comme toutes réalités divines et issues de la divinité sont éternellement puissance, dont le processus est acte, et manifestation de mouvement et naissance. Mais qui en Dieu peut naître, quid Dei nascitur ? Pas le Père qui est inengendré… Adv. Arium, t. II, c. ii, col. 1089 D. Victorin ne veut qu’une génération du Christ, la génération éternelle.

C’est le Verbe, qui naît de Dieu, qui naîtra dans l’humanité : « il s’est anéanti en prenant la chair ; mais pourquoi serait-ce là un anéantissement s’il n’était pas le Christ avant l’incarnation ? Le bel anéantissement s’il porte sur un être étranger à la Trinité ! Mais c’est lui-même qu’il a anéanti. L’anéantissement consiste en ce que, lui, le Verbe de l’univers n’était plus universel en devenant le Verbe de la chair ». Col. 1056 B. Il y a là pour le Verbe, « une diminution à naître de Marie ». Col. 1080 B ; cꝟ. 1083 C, 1075 C, 1209 B. Cependant « Celui qui est la Vie, vivant par lui-même, nunquam cœpit, ut nunquam se deseruii mit deserel », t. IV, c. ix, col. 1120 A ; cꝟ. 1208 B.

3° Pourquoi le Verbe ? — Parce qu’il a pris la responsabilité et supporte déjà les résistances de sa création. « Le Verbe, par qui tout a été fait, et omnia efjectus, s’est fait chair pour racheter l’homme tout entier, qui est dans la chair. » L. I, c. xlv, col. 1075 C. Il s’était déjà penché sur le monde, « lui, impassible, en créant toutes choses, et surtout en souffrant de son action dans la matière, impassibiliter patiens ». Loc. cit., col. 1077 A. Comment patiens ? « Dans la création, patitur si quid putitur, au contact des substances ; mais c’est dans l’incarnation, au bout de sa procession, qu’il a souffert véritablement », col. 1056 C. sans toutefois que ses souffrances atteignent sa divinité, loc. cit., et col. 1074 D. En sens contraire, cf. col. 1075 A, 104*i A.

Mais le Verbe, dans la théorie trinitaire de Victorin, n’est-il pas à la fois le Fils et l’Esprit ? Et, n’avait-on pas enseigné à notre philosophe que « le Christ de Nazareth, incarné en Marie, était le Fils de Dieu devenu l’Esprit incarné » ? Adv. Arium, t. I, c. lui, col. 1081 D. Aussi encombre-t-il sa théorie christologique d’assertions comme celles-ci : « Le Christ est tout : la chair, le Saint-Esprit, la Vertu du Très-Haut, le Verbe ; car ce qu’il fallait sauver c’était la vie totale, y compris la chair, par la lumière éternelle ! » Loc. cit., col. 1083 C. L’explication qui suit est d’une grande élévation de pensée : qu’on la lise dans la traduction qui doit paraître ; elle a des accents qui rejoignent notre vue actuelle de l’univers racheté. « Par l’Esprit-Saint, le Christ a été conçu dans la chair, sanctifié dans le baptême ; le même Esprit est dans le Christ incarné, il est donné aux Apôtres… ; idem ipse et Christus et Spiritus sanctus. » Col. 1113 D ; voir encore, col. 1047 À et 1048 A.

La nature humaine.

Fïdèle à sa philosophie,

Victorin se préoccupe peu d’unifier les divers éléments de l’homme en Jésus par un lien naturel ; mais il les réunit tout de même au complet et dans leur réalité,

les mettant sous l’empire du Verbe et de l’Esprit. « Avec le secours du Verbe de l’âme et du Verbe de la chair, c’est-à-dire du Verbe universel, c’est toute la matière inférieure et toute la corruption, les âmes et les chairs qui ont été prises par… le Verbe et l’Esprit : ce sont eux qui ont collaboré à féconder Marie, à construire une chair avec la chair… « Ado. Arium, t. I, c. lviii, col. 1084 CD ; cf. col. 1080 A, et 1088 C : ipse sibimet filius erat ! « Il a donc accepté d’être dans la chair et de partager le sort commun de la vie humaine, et d’être élevé en croix », col. 1059 C ; car il a pris toute chair et il est manifeste qu’il eut aussi une âme, Matth., xxvii, 33, Ps., xv, 40 et une âme complète, avec ses colères, Matth., x, 15 ; xi, 23 ; ses désirs, Matth., xxvi, 39, et ses hésitations. Matth., xxvi, 39. Ce qu’il a pris, c’est l’homme tout entier : il l’a pris et l’a libéré. Toute la chair, toute l’âme, tout cela au complet, a été élevé en croix et purifié par le Verbe, Sauveur universel de toutes choses. » L. III, c. iii, col. 1100 D ; cf. col. 1046 A. Cette âme était au pouvoir de l’Esprit, « pour la prendre, la quitter et la reprendre en sa résurrection. Lorsque l’Esprit prend âme, il descend au-dessous de lui-même et n’ajoute rien à sa vie, mais il complète le monde où il vient ». Col. 1108 AC. Sur la descente aux enfers, non utique sine anima, cf. col. 1108 C ; sur la vie spiritualisée, mais en corps et en âme du Christ ressuscité, loc. cit. et col. 1110 BC.

Si la création fut « la première descente » du Verbe, l’incarnation a été la « seconde, par laquelle il apparut dans la matière, la chair et les ténèbres ». Col. 1060 A. Cette « apparition dans la chair était une manifestation sensible de sa présence intellectuelle éternelle ». Col. 1059 D. Prsesentia signifie la vie du Christ sur la terre. Col. 1048 A, 1051 C. Le Christ peut vouloir autre chose que le Père. Col. 11Il A. « Il n’a donc pas pris la forme de l’homme sans en prendre la substance ; il a revêtu la chair ; que dis-je, il a été dans la chair et il y a souffert ! » Col. 1056 A.

5° L’union hy postât ique ? — Elle est très intime, et il n’est pas suffisant de dire avec Marcel et Photin que « le Verbe demeure à part, prend comme en surcroît une nature humaine et lui inspire d’une certaine façon son esprit pour agir. Il n’a pas pris l’humanité, il s’est fait chair », col. 1056 A, et, après l’union, « non aliud Verbum, aliud homo, in quo Christum dicunt esse : c’est le Verbe même qui s’est incarné, et l’homme lui-même est le Verbe ». Col. 1075 B. Mais cette union va bien loin, jusqu’à l’unité de nature, comme en Dieu : « Tout ce qu’est le Christ : la Vie éternelle, l’Esprit, l’âme, la chair, de tout cela il est le Verbe, tout est vie et esprit, tout est 6±ooûciiov ». L. IV, c. vii, col. 1118 A. Et les explications sont d’un pur monophysite : « La forma servi est donc consubstantielle à la forme (forma Dei) principale et première en puissance ; elle est substanlia avec la substance qu’elle informe. » Loc. cit., col. 1056 B. Qu’on se rappelle que « la substance c’est le sujet avec tout ce qui lui survient et qui a en lui une existence distincte ». Col. 1063 A. Aussi saint Paul use-t-il d’une expression de juste milieu : « habitu invenlus lanquam homo, non pas qu’il mette -en doute son humanité, quasi non homo fuerit, sed phantasma hominis, mais parce que véritablement non homo fuit, sed Deus : seulement, il avait pris chair et figure humaines ». Ad Phil., ii, 7, col. 1208 D. « C’est bien l’homme même qui a été assumé, mais c’est le Verbe même qui, dans l’incarnation, a été informé en ressemblance d’homme. » Loc. cit., col. 1208 C. Voilà pourquoi « le Fils de Dieu est dit passible et impassible ». Col. 1056 C. » Non pas que le Verbe ait disparu et se soit changé en la chair, mais, lui qui était déjà tout le créé, est devenu aussi chair ! » col. 1075 C, et « cette ressemblance aux