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VICTORINUS AFER. LES ŒUVRES DE DIEU


Col. 1060 A. « Toute matière a une âme », col. 1100 C. « Rien dans le monde et dans la matière qui ne vive à sa façon, pro natura sua ». Col. 1121 C. C’est le panpsychisme de Plotin, Enn., IV, iv, 27.

Mais, plus fermement que Plotin, Enn., V, ai, 1(5, Victorin met une distinction absolue entre Dieu, le Christ et l’Esprit, qui a se vivunt, et « les esprits qui ont la vie ut in alio, à savoir dans leur substance ; enfin les créatures matérielles, à cause de leur union à la matière, voient leur lumière de vie blessée : elles ne vivent pas du Verbe premier, ni de la totale lumière de vie ». Adv. Arium, t. IV, c. xi, col. 1121. Cette idée d’un Dieu qui « enferme la vie en parties, la forme, l’incorpore et la capte en espèces déterminées, qui contient le mouvement vital en des limites fixes et le pousse en des sens bien nets », col. 1121 A, nous reporte aux formes substantielles d’Aristote et de Porphyre, bien plus qu’à la théorie plotinienne d’un écoulement nécessaire et aveugle du divin jusqu’à son épuisement dans la matière. Enn., i, viii, 10.

4. L’univers est un.

Victorin compare « le Verbe, issu du Père, au cours d’eau écumant quand il rencontre les rochers, qui sont les divers genres d’âmes », col. 1135 : faut-il donc parler d’une résistance de la matière à son action créatrice ? Col. 1077 A. Cette façon hardie d’affirmer la continuité de Dieu à l’ensemble de sa création, il pensait la trouver dans cette plénitude de la divinité enseignée par saint Paul dans Col., ii, 9. Mais cette vue ne le séduisait tant dans le christianisme, col. 1176 A, 1221 B, 1238 D, 1241 C, 1250 A, 1252, etc., que parce qu’il y voyait une réplique, agrandie et christianisée, de la théorie de Plotin, pour qui l’Univers constituait comme un animal immense dont toutes les parties sont reliées les unes aux autres. Enn., IV, vi, 32-42. « Insubstantié est l’univers en Jésus, le Verbe : Omnia in ipso condita (Col. i, 16) ; mais, entre ces deux termes, il n’y a pas consubstantialité. Il en résulte que tout l’Univers est une seule chose, encore que les êtres y soient différenciés. En effet, le corps de l’Univers total n’est pas un tas, c’est tout à fait comme une chaîne continue. Car il y a enchaînement entre Dieu, Jésus, l’Esprit, le voùç, l’âme, les anges, et puis tous les êtres corporels qui en dépendent, corporalia omnia subminislrala. Voilà bien la plénitude (de la divinité) qui s’est étendue. » Adv. Arium, 1. I. c. xxv et xxvi, col. 1059.

La création est donc, en partie spirituelle, en partie corporelle, avec, en son milieu, l’homme, anima caro fada. Imprimée en langage métaphysique, cette division du créé apparaît nécessaire : les esprits purs (’tant quæ vere sunt, les âmes solum ovtcx sunt , ea quæ sunt ; et mêlées à la matière, elles prennent place parmi ea quæ non vere sunt ; la matière, par elle-même, serait un pur néant. Et tout cela a été créé par Dieu. Col. 1027.

"). La création spirituelle. Elle comprend donc l’esprit, l’âme et les anges ». Col. 1059 H. On remarquera que les anges viennent après l’esprit et l’âme, qui sont le NoOç et la ^y/r, universels du système plotlnien. Or, « le voùç lui-même ne peut comprendre le I ils de Dieu, col. 1051 C ; pas davantage » l’âme universelle et fontanière, col. 1116 M, laquelle est inférieure a l’esprit, qu’elle reçoit seulement, col. 1230 t.. cf. col. 1023 C. Cette âme universelle est la soon. des âmes particulières, qui seules ont leurs activités propres ». Col. 1121 15. Il y a plusieurs espèces d’âmes dans l’âme universelle, qui leur sert de substance c’est même la seule qui mérite ce nom de substance tout comme la matière première est le subitratum îles espèces matérielles. Col. 1107.

Mais ne piétons pas a Yiclorin l’idée d’une Aine uni

verselle préexistant par elle-même : c’est simplement « cette substance commune à toutes les âmes ; en tant que telles, malgré leur nombre, elles sont une seule et même substance. Non point que cette substance-là ait précédé ou préexisté, mais elle coexiste aux âmes particulières. » Col. 1090 B. Or, « cette subslance d’âme est bien inférieure au Verbe et à l’Esprit, puisque née du souille de Dieu. Jamais il n’est dit dans l’Écriture que Dieu est une âme, ni non plus le Christ. Adv. Arium, t. III, c. xi, col. 1107 C.

" Les anges, qui sont au-dessus du monde, sont des créatures incorporelles et immatérielles, aiiXa, qui sont plus proches du Verbe par leur pure substance ; et, dans sa course descendante, celui-ci leur distribue sa lumière plus abondamment, lucem suam majore sui communione partitur ». Loc. cit. L’origine des anges, , « pour mystérieuse qu’elle soit, ne peut être ni une génération, ni une naissance. Naissance est quelque chose de charnel, qui n’a pas place dans le monde supérieur ; génération signifie un commencement à partir du néant, ou une génération substantielle, sicut de semine homo. Ces esprits éternels et divins, quand on les dit engendrés, on veut marquer qu’ils ont commencé à apparaître en une certaine distinction, alors qu’ils existaient déjà auparavant avec toute leur vigueur (dans le Noûç universel). Dieu a fait les anges et les âmes avec les éléments éternels, tel qu’il les avait en lui-même ; mais il s’est contenté de les séparer, pour ainsi dire », col. 1103 CD, « pour leur donner leur existence individuée ». Ad Ephes., a, 3, col. 1254 D. Victorin applique ici aux anges ce qui, dans le système de Plotin, s’en rapproche le plus : la naissance des Idées subsistantes au sein du Ncôç éternel, par voie de multiplication non spatiale d’éléments distincts qui se compénètrent, Enn.. V, viii, 9 : ainsi, prétend Victorin, les anges « à leur naissance ont été simplement laissés à leurs propres moyens, et s’en vont à leurs actes sans perdre le contact avec la nature qui les contient… Ainsi une âme (se dégage) des autres âmes, et les Auges de leur foyer supérieur à l’âme universelle ». Adv. Arium, t. IV, c. xii-xiii, col. 1122 B.

Du même coup, c’est toute une part du néoplatonisme, celle du monde intelligible, que Victorin intègre à sa théologie des purs esprits. Comme les Idées de Plotin, lùm., Y, vii, 1, les anges sont const ilués chacun en son espèce, singula constitua, col. 1254 I). col. 1110 A. Ils sont, « comme toutes les créatures, un mélange de puissance et d’acte. Mais, à l’inverse des êtres de la terre, qui n’arrivent à extérioriser leurs virtualités que par une maturation progressive, les êtres célestes réalisent ex ortu suo toute leur perfection, genita etiam quod futurum ftierant /aria ». Col. 1122 B ; cf. col. 1116 B. « Chez les purs esprits, comme dans le monde intelligible, aucun accident, aucune qualité, rien de composé, rien de commun avec un autre, mais vie complète, substance intelligente, pure, simple, tout d’une pièce : leur être est vie et intelligence. Col. 1114 C.

Voilà ce que dit la philosophie sur les anges : i D’autres livres nous font comprendre les grandeurs et les qualités de ces anges. » Col. 125 1 C. Ce sont, en effet, les Livres saints, 1 Cor., xv. 10, Col., i, 17. qui ont enseigné à notre auteur cette hiérarchie tripartite. « des Anges, des I runes, des Cloires, etc… i a laquelle il semble s’arrêter. Col. 1000 A. 1110 H. 1121 H. Car i les Principautés, les Puissances, les Vertus, les Dominations dT’.ph., i, 21 ne sont que des agents subalternes des Interventions divines, mit in divtnis,

tint in suTularibus. Col. 1250 I). Sur le rôle des anges dans l’univers, col. 1122 P. : sur le culte des anges, dieux du monde, col. 1179 I). véritables rhinrnla muttdi, col. 1181 A. et sa déformation païenne, sous