Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/681

Cette page n’a pas encore été corrigée

289 !

    1. VICTOHINUS AFER##


VICTOHINUS AFER. ŒUVRES

2892

les mêmes exemples « des allusions à ces objections dialectiques se rencontrent pendant tout le xie et le xii 1 e siècles… surtout chez ceux qui s’opposent à l’introduction de la dialectique dans la théologie ». De Ghellinck, lue. cit.

II. Ouvrages CHRÉTIENS. l u Œuvre perdue ? — Avant d’entrer en lice en faveur du catholicisme nicéen, Victorin aurait, dit-on, consigné l’acquis de son initiation au » mystère du Christ ». « Nous avons dit en d’autres livres d’où vient la procession et la descente et le retour de l’Esprit promis. » Ceci se lit à la tin du De generatione Verbi, c. xxxi, col. 1036 A. Ces « Confessions » de Victorin auraient eu pour nous l’immense intérêt de nous livrer toutes neuves les impressions de ce grand esprit envisageant la révélation du Christ à travers les catégories de Plotin, et dégageant du même coup l'âme de vérité du néoplatonisme. Mais les « livres » en question ne sont point perdus : nous comptons montrer dans une prochaine édition de l’Adversus Arium, que ce paragraphe terminal du De generatione est une addition postérieure de "Victorin lui-même. Quand il eut décidé de faire de son premier ouvrage chrétien un livre à part, il voulut y dire tout de même un mot du Saint-Esprit ; pour faire court, il renvoya le lecteur du De generatione à ses « autres livres » parus quatre ou cinq ans après sa conversion, en particulier au 1. I contre Arius, c. li et lvii, col. 1080 À et 1084 B, où il avait dit tout ce qu’il savait alors de la troisième personne. Il n’y a pas la moindre allusion à une œuvre perdue de notre néophyte.

2° Œuvres authentiques. — Les œuvres chrétiennes conservées forment ce qu’on a appelé « l’Ennéade de Victorin ». Ce sont trois groupes ternaires d’ouvrages sûrement authentiques : trois traités contre les ariens ; trois hymnes sur la Trinité ; trois commentaires sur des épîtres de saint Paul.

1. Œuvres polémiques. — Tous ces ouvrages sont naturellement postérieurs à la conversion, donc à l’année 355.

a) De generatione divini Verbi. — Le plus ancien auquel renvoie le traité contre Arius, t. I, c. i, col. 1039 B, comme au « premier discours de cet ouvrage : c’en est le préambule défensif ». C’est une discussion fort abstraite en réponse à un des amis de Victorin, l’arien Candidus, sur la notion plotinienne de Dieu et l’idée arienne du Logos divin. Son ami avait voulu préciser sa doctrine, assez caractéristique des spéculations et discussions dialectiques auxquelles l’hérésie d’Arius donnait prétexte pour des esprits qui n’avaient rien de chrétien : Dieu absolument transcendant et immuable ne peut se communiquer autrement que par voie de création. Le Verbe n’est donc pas engendré de Dieu, mais fait de rien. Le libelle de l’arien Candidus, qu’on a appelé Liber de generatione divina, col. 1013-1020, est donc une thèse contre l’idée d’une génération en Dieu.

La réponse de Victorin s’intitule, au contraire, Liber de generatione divini Verbi, col. 1019-1036, et s’inspire du Credo catholique, voire du Credo de Nicée ; mais, s’il parle de rôu.ooûaioç, il cite à l’appui les Ennéades en grec, c. xxviii, col. 1034 A, tant il est persuadé de la concordance de sa philosophie ancienne et de sa foi naissante. Cf. É. Gils’on, La phil. du M. A., 1944, p. 121-125. Discussion très serrée, mais qui passe au-dessus des partis en présence, car elle ne tient compte ni des négations précises des ariens, ni des définitions textuelles des conciles.

Aussi son ami lui envoie ce simple billet : « Tu as beau accumuler les arguments et exemples pour essayer de prouver que le Christ est né, sans avoir été créé : Arius, homme d’un génie pénétrant, et ses disciples, et, au premier rang, réminent Eusèbe, ont

donné dans leurs lettres leur avis 'sur ce point. Cidessous les lettres. » Candidl epist. ad Marium Vielorinum rhelorem, col. 1035-1040. Suivaient en une bonne traduction latine la lettre d’Arius à Eusèbe de Nicomédie, et la lettre de celui-ci à Paulin de Tyr. Cf. l'édition critique de la lettre d’Arius traduite par Candidus par J. W’ohrer dans J ahresbericht des Gymn. zu Wilhering, 1912, p. 5-11. C'était renvoyer poliment l’apologiste à ses auteurs : l'Écriture et la Tradition. Victorin se le tint pour dit et mit sur le métier son Adversus Arium, dont le livre I constitua d’abord la « seconde réponse » à Candidus. Cf. B. Citterio. dans Scuola catt., octobre 1937.

b) Le premier livre Adversus Arium, col. 1039-1088

— Avec son supplément De homoousiu recipiendo, col. 1137-1140, il forme l’ouvrage le plus considérable et le plus caractéristique de Victorin ; il peut être daté à deux années près par les faits historiques qu’il mentionne. Au c. xxviii, col. 1061 B, l’auteur semble dire que le concile de Nicée a eu lieu ante XL annos non pas ante XI annos, comme ont lu les éditions usuelles, cf. P. L., t. viii, col. 998 ; il l’aurait donc écrit en 365. Mais, au t. II, c. ix, col. 1096 A, il dit que ce même concile a été approuvé par Constantin, « le père de l’empereur actuel », Constance († 361). Il est donc plus naturel de croire que les quarante années en question, suivant une méthode de calcul familière aux Bomains, désignent, en chiffre rond, la quatrième décade ; ce qui place l’Adversus Arium entre 355 et 361. On peut préciser encore : Victorin parle, comme d’un événement actuel, t. I, c. xxviii, col. 1061 A, de l’apparition du parti homéousien et du rôle prépondérant qu’y prenait Basile d’Ancyre ; il mentionne également la condamnation toute récente de Valens et d’Ursacius. M. Schmid, Marius Vicl. rhetor., p. 12, propose la date de 357, et voit le « réveil subit » des ariens dans le synode de Sirmium de cette même année ; mais Ursace et Valens y produisirent une profession de foi qui de fait triompha provisoirement ; cf. S. Hilaire, De synodis, c. xi. Pour trouver la condamnation définitive de ces deux anoméens fanatiques, P. Monceaux, op. cit., p. 401, descend jusqu’au concile de Bimini, en juillet 359. Mais ces ariens purs avaient déjà reçu un rude coup au concile de Sirmium de 358. Le premier livre Adversus Arium serait de la fin de cette année 358. Il est piquant de constater que le néophyte faisait son acte de ralliement à 1'ôfi.oo’Jai.oç, juste au moment même (358) où le pape Libère signait la formule de Sirmium, dont le consubstantiel était absent. Cette circonstance expliquerait bien des silences de Victorin au sujet de l’enseignement des évêques et de l’autorité des papes.

c) Le De ô^owatep recipiendo serait donc un libelle pour rallier les hésitants, tous ces croyants « qui ont tous une même manière de voir et ne peuvent s’unir. Je dirai donc tout le mystère (de la filiation du Verbe), avec les mots de chacun, leurs opinions, leurs vues profondes, tout cela en un bref discours », — il pouvait tenir sur une seule feuille — : « Ahl si nous pouvions une bonne fois exclure Arius ! » Op. cit., c. i, col. 1137 C. Exclure les ariens, et surtout les néo-ariens, novelli Arii, col. 1139 B, alors triomphants, col. 1140 C, voilà le dernier but de ce prospectus orthodoxe, d’où sont bannies — on ne l’a pas assez remarqué — toutes les spéculations plotiniennes si chères à l’auteur. « Ce qu’il y a à faire désormais, ce n’est pas de discuter, mais de confesser ». Col. 1140 B. Victorin y soutient seulement d’abord que Dieu est substance, col. 1138, puis que le Fils né de Dieu n’est pas une créature, ni une part de Dieu. Plusieurs textes et arguments de cet opuscule semblent empruntés au Liber contra Arianos que Phébade d’Agen publia en 358 contre la seconde for-