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VICTORIN DE PETTAU’JSSli

L’auteur, par les allusions qu’il fait au martyre, par l’utilisation d’une version latine de la. Bible assez voisine de celle qu’employait saint Cyprien, se révèle comme ayant dû écrire au plus tard durant les premières années du ive siècle. La langue, fort médiocre, semble même plutôt celle d’un traducteur que celle d’un auteur original et l’on s’est demandé si saint Hippolyte n’était pas sinon l’auteur responsable du texte primitif, du moins son inspirateur. Il faut remarquer cependant qu’Hippolyte, à notre connaissance du moins, n’a jamais été millénariste. Sur ce point, il diffère profondément de notre anonyme.

3. Saint Jérôme, De vir. M. 74, mentionne, parmi les écrits de Victorin, un traité Adversus omnes hæreses, dont le souvenir dut être conservé assez longtemps puisque saint Optât de Milève signale l’évêque de Pettau parmi ceux qui ont le mieux défendu la foi catholique contre les hérésies. Or, nous possédons, à la suite du De prsescriptione de Tertullien un ouvrage intitulé précisément Adversus omnes hæreses, qui contient une description sommaire de trente-deux hérésies, depuis celle de Dosithée jusqu’à celle de Praxéas. Tertullien ne saurait être l’auteur de ce petit ouvrage qui s’inspire du Syntagma perdu d’Hippolyte. Si nous admettons, ce qui est à tout le moins vraisemblable, que Victorin connaissait les traités exégétiques d’Hippolyte et leur faisait à l’occasion des emprunts, il serait possible qu’il se fût également inspiré du docteur romain pour rédiger un bref résumé de son travail contre les hérésies. Toutefois, cette conclusion, qui avait naguère retenu l’attention de.Harnack, est loin de s’imposer. Notre traité est écrit dans un latin plus ferme et plus vigoureux que celui de Victorin et surtout la situation qu’il suppose est bien plutôt celle de l’Église de Rome durant les premières années du ine siècle que celle d’une lointaine Eglise de province au début du ive siècle. Récemment pourtant E. Schwartz est revenu à l’hypothèse que V Adversus omnes hæreses, rédigé en grec par le pape Zéphyrin ou par un de ses clercs, avait été traduit en latin et remanié dans un sens antîorigéniste par Victorin. Sitzungsberichte der bayerischen Akademie der Wissensch., philol.-hist. Klasse, Munich, 1936, fasc. 3.

4. Dom "Wilmart a proposé d’attribuer à Victorin une homélie sur la parabole des dix vierges. « Le fait que l’Apocalypse de Pierre y est présentée comme un écrit canonique, l’irrégularité du texte biblique, les lignes de l’exégèse, obligent de placer l’auteur (de cette homélie) à la fin de la première époque de la littérature latine, sous l’influence persistante des Crées, bref dans un milieu écarté et retardataire. » Le nom de Victorin est, dans ces conditions, le seul qu’on puisse raisonnablement proposer. A. Wilmart, Un anomjme ancien De dPcem virginibus, dans Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétienne, t. i, 1911, p. 35-49 ; 88-102.

5..1. Wôhrer pense devoir restituer à Victorin trois petits écrits anonymes : Sur le début de la Genèse, Ad Juliunum manichwum, De physicis. Cf. Jahresbericht des Privatgymnasiums der Zislerzirnscr m Wilhering, 1927, p. 3-8 ; 1928. p. 3-7. Ici encore, les arguments décisifs font défaut pour rendre certaine cette attribution qui reste seulement possible.

6. I)niii Moi in a signalé d’une part des ressemblances entre le commentaire de Victorin sur l’Apocalypse et le fragment de Muratori, Victorin et le « mon de Muratori, dans Journal of theol. Sludies, t. vii, 1906, p. 1°>7 sq. ; d’autre part la mention par le ms. Ambros. If. ISO inf. qui provient de Bobbio, du nom de ictorin en tête d’un fragment chronologique sur la vie du Christ : Victorin aurait trouvé ee fragment dans les parchemins d’Alexandre de

Jérusalem. Victorin et le fragment chronologique d’Alexandre de Jérusalem, ibid., p. 458 sq. Dom Chapman a relevé certaines ressemblances frappantes entre le traité en question et le De fabrica mundi. 7. On a quelquefois pensé que le traité Adversus Marcionem, P. L., t. ri, col. 1051-1090, faussement rangé parmi les ouvrages de Tertullien, pourrait être de Victorin, sous prétexte que Victorin a écrit contre les hérésies, parce qu’un manuscrit du Vati-’can, daté du ixe ou du xe siècle, contient, sous le | nom de l’évêque de Pettau, un poème De lege Domini [ nostri Jesu Christi, dont cent cinquante vers sur deux cent six sont empruntés à VAdversus Marcionem. Il ne semble pas nécessaire d’insister sur la fragilité de cette construction. Il est hors de vraisemblance que Victorin ait trouvé le temps ou le moyen de faire des vers latins, voire qu’il se soit longuement occupé de Marcion dont l’hérésie n’avait jamais dû être dangereuse dans son lointain diocèse et avait en tout cas perdu tout caractère d’actualité aux environs de 300.

Reste que, pour nous, Victorin est surtout l’auteur du De fabrica mundi et du Commentaire sur l’Apocalypse : c’est d’après ces deux écrits qu’il faut l’apprécier. On a justement relevé le caractère archaïque de sa théologie et les corrections intrépides que saint Jérôme n’a pas craint de faire subir à son texte pour l’accommoder aux formules de l’orthodoxie, telle qu’elle était définie à la fin du ive siècle. C’est ainsi qu’en expliquant pourquoi le grand prêtre entrait une fois par an dans le Saint des saints, Victorin écrit : Signiftcabal Spirilum Sanclum hoc esse faclurum, id est : quod passas est semel factum esse. In Apoc. comment. , éd. Haussleiter, p. 75 ; ce que Jérôme corrige : Significante Spirilu Sanclo Christum hoc semel faclurum. Pour Victorin, la couronne de douze noms, Apoc, xii, s’applique à la corona patrum ex quibus erat Spiritus Sanclus carnem sumpturus, p. 106, 1 1 ; et Jérôme remplace Spiritus par Christus. L’évêque de Pettau déclare que la mensura fidei consiste à patrem confiteri omnipotentem, ut didicimus, et hujus filium dominum nostrum Jesum Christum ante originem sœculi spiritaliter apud Patrem genitum, factum hominem et, morte dévida in cœlis, cum corpore a Pâtre receplum, sanctum dominum et pignus immorlalitatis, p. 96, 5-9. Saint Jérôme s’étonne encore de ne trouver ici aucune mention du Saint-Esprit et il remplace les mots qui suivent receplum par : effudissc Spirilum Sanctum, donum et pignus imnwrtalitatis. Est-ce à dire, comme le pensent W. Macholz, Spuren binitarischer Denkweise im Abendland seii Terlullian. Halle, 1902, et F. Loofs, Theophilus von Antiochien adversus Marcionem und die andrren theoloçischen Quellen bei Irenàus, Leipzig, 1930, p. 126 sq., que Victorin est le représentant attardé d’une théologie ancienne qui ignorait encore la formule trinitaire et la préparait, en quelque sorte, par des formules binitaircs, dans lesquelles le terme d’Esprit était particulièrement appliqué à l’élément divin du Christ ? Cela est peu vraisemblable. Il faut d’abord remarquer quc le texte même de Victorin est mal assuré et qu’en bien des cas des théologiens, même protestants, comme A. Scchcrg. Dogmengeschichle, t. I, 3° éd., p. 581) sq.’, se croient autorisés à consacrer comme authentique la leçon attribuée par d’autres à saint Jérôme. Il faut encore tenir compte d’autres formules telles que celles-ci : non solum autem Spiritus prophelieus, sed et ipsum Verbum Dei Patrie

OmnipotentiS, qui est filins ipsius, Dominas noster

Jésus Christus feret easdem imagines in tempore advenlus sut ad nos. p. 52, il sq. L’Esprit Saint n’est-il pas ici distingué nettement du Verbe ? I’1 prit inspire les prophètes : le Verbe est le Fils de