Mommsen, p. 178, attribue à Victor de Tunnunum le De pœnitentia du pseudo-Ambroise, P. L., t. xvii, col. 9711004. Cet ouvrage appartient plus probablement à Victor de Cartenna (voir ci-dessus, col. 2876).
G. Bardy.
VICTOR DE VITA, évêque et historien africain
du ve siècle. — Nous ne connaissons à peu près
rien de la vie de Victor de Vita, sous le nom de qui
a été conservée une Historia persecutionis africanae
provinciae. La persécution dont il s’agit est celle qui
ravagea l’Église d’Afrique sous les règnes des rois
vandales Genséric (428-477) et Hunéric (477-484).
L’auteur du récit qui fait appel au souvenir et au
témoignage des autres pour raconter les événements
du règne de Genséric rapporte au contraire, avec
des détails beaucoup plus précis et beaucoup plus
circonstanciés, ceux du règne de Hunéric dont il a été
le témoin oculaire. Il marque, dès le début, qu’il
écrit au cours de la soixantième année depuis l’invasion
des Vandales : sexagesimus mine, ut clarum
est, agitur annus, ex eo quo populus ille crudelis ac
sœvus Vandalicse gentis Africæ miserabiliter attigit
fines. Si l’on place en 428 ou en 429 le point de
départ des invasions vandales, on pourra conclure que
l’Histoire de la persécution elle-même a été composée
ou tout au moins publiée vers 488 ou 489 ; mais
cette date peut être approximative, car Victor, dans
le passage cité, semble employer un chiffre rond pour
retenir l’attention du lecteur. En toute hypothèse,
on peut être assuré que Victor était évêque de Vita
en Byzacène dès avant 484, car il est mentionné, dans
la Notitia provinciarum et civilatum Africæ, parmi les
évêques invités par Hunéric à prendre part au concile
de Carthage le 1 er février de cette année-là ; mais il
ne dut pas se rendre à cette invitation, puisqu’à côté
de son nom figure l’indication : non occurrit. Sans
doute avait-il été élevé à cette dignité en 480, lorsque
saint Eugène fut choisi pour occuper le siège épiscopal
de Carthage : on a supposé non sans vraisemblance
qu’il faisait alors partie du clergé carthaginois et
que peut-être même il était né à Carthage, bien que
Certains manuscrits le présentent comme originaire
rie Vita. Les renseignements nous font complètement
défaut sur le sort ultérieur de Victor, sur ses dernières
années et sur sa mort. En définitive, ce n’est
guère que par son livre que nous le connaissons un
tant soit peu.
L’Histoire de la persécution vandale, que les anciennes éditions divisaient à tort en cinq livres, n’en comprend en réalité que trois : le 1. I rappelle la persécution de Genséric ; les deux derniers sont consacrés à celle d’Hunéric. Victor se montre, surtout dans ces derniers livres, soucieux de citer des documents : on lui doit ainsi la conservation de l’édit d’Hunéric prescrivant de laisser toute liberté de prédication aux évêques ariens ; l’ordonnance préparatoire à la conférence de Carthage en 484 ; la confession de foi présentée au roi par Eugène de Carthage et ses collègues catholiques ; le second édit d’Hunéric contre les catholiques. Ces documents qu’on ne trouve pas ailleurs sont fies plus précieux. Au reste. l’historien est bien Informé ; pour les faits qu’il ne connaît que par ouï-dire, il se rapporte a des témoignages fidèles ; et, lorsqu’il arrive au récit des faits les plus récents, il dit simplement ce qu’il a vu et entendu lui-même. Naturellement, il croit au merveilleux el n’hésite pas. le cas échéant, à rapporter des miracles, mais il prend soin de les garantir par l’autorité de ceux qui y ont assisté ou par la sienne propre s’il les connaît directement. Il raconte volontiers des scènes atroces avec un dur réalisme, tellement qu’on serait parfois tenté de l’accuser d’exa gérât ion. En réalité, il mérite créance et rien ne nous
autorise à croire que les Vandales n’aient pas employé, pour essayer de vaincre l’héroïque résistance des catholiques, les moyens barbares, les tortures effrayantes ou les supplices raffinés dont parie l’évêque de Vita. Aussi les historiens sont-ils d’accord pour reconnaître une importance de premier ordre à son ouvrage. Les théologiens ont sans doute moins de raisons pour s’y arrêter : ils y trouvent cependant d’importants enseignements sur l’arianisme des Vandales, et la profession de foi des évêques catholiques d’Afrique mérite de retenir leur attention.
Le récit de Victor s’achève avant d’avoir raconté la mort de Hunéric, ce qui a permis de supposer que, s’il a été publié plus tard, il a pu être rédigé au milieu même des événements. Lin dernier chapitre, qui est regardé comme inauthentique, rappelle cette mort et celle de l’apostat Nicasius, en les présentant sous leurs aspects les plus horribles. À l’histoire de la persécution vandale, manuscrits et éditions joignent une Passio seplem monachorum, qui est le récit du martyre de sept moines, appartenant à un même monastère : Victor lui-même parle de ces moines dans son Histoire, III, 41. Il est vraisemblable que la Passio a été rédigée plus tard, d’après les données de l’Histoire, développées et embellies par l’imagination.
La première édition de l’Historia persecutionis vandalicæ est due à Jehan Petit (Janus Parvus), Paris, vers 1500. La P. L., t. i. iii, col. 180-216, reproduit l’édition de Ruinait, Paris, 1694, avec les dissertations de Chifîlet, Sirmond, Liron, Huinart. Deux éditions récentes sont dues l’une à C. llalm dans Mon. Germ. hist., Auet. antiq., t. m a, Berlin, 1879 ; l’autre à M. Petschenlg, dans le Corpus de Vienne, t. viii, 1881, cf. M. Petschenig, Die handschriftliche Ueberlieferung des Victor non Vita, dans les Sitzungsberichte iler kais. Akad. der Wissensch., Philol.hist. KL, I. xevi, Vienne, 1880, p. 637-732. Une traduction française est donnée par ilnm 11. Lcclercq, dans Les martyrs, t. iii, Paris, 1901, p. 3 18-407.
Voir encore P. Kerrère, De Victoris Vitensis libro qui inscrilitur Historia persecutionis Africaine prcr.in : i<r, historica et philologica commentatio, Paris, 1898 ; du même, Lexique et style de Victor de Vita, contribution (i l’étude du latin d’Afrique, dans Revue de philologie, t. xxv, 1901, p. 110-12.") ; 320-336 ; A Schœnfclder, De Victore Vitensi episcopo, Brestau, 1899 ; !.. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1910, I. iii, p. 625-645 ; G. Ghedini, Le clausole rithmiche nella Historia persecutionis Africaine provincise di Victor di Vita, .Milan, 1927.
G. Bardv.
VICTORIN DE PETTAU, évêque et martyr
de la fin du nr siècle. — Ce n’est guère que par
saint Jérôme que nous connaissons la personne et
l’œuvre de Victorin, évêque et martyre de Pœtavio
(Pettau) sur la Drave : cette ville qui avait appartenu
d’abord à la Pannonie supérieure, fut à une époque
incertaine incorporée au Soricum meditcrraneiini el
telle devait être sa situation administrative à la fin
du ni siècle, lorsque Victorin en devint évêque. La
date de l’épiscopal de Victorin ne nous est d’ailleurs
pas indiquée avec précision ; elle peut être conclue
seulement du fait que saint Jérôme, De nir. III.. 7t.
signale ce personnage entre Anatole de l.aodicée et
Pamphile de César ée ; le même renseignement nous
autorise à croire que Victorin termina sa vie au cours
de la persécution de Dioclétien qui fit, nous le savons.
d’autres victimes dans les provinces danubiennes.
.1. Zeillcr, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l’empire romain, Paris, 1918, p. 53-67. Victorin devait être d’origine orientale, car les auteurs qu’il cite, les inllucnces qu’il subit n’appartiennent pas à l’Occident, obligé par les circonstances de parler et d’écrire en latin, il ne le lit jamais que d’une manière fort Imparfaite : salni Jérôme écrit de lui que sa bonne volonté el sa science étaient