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VICTOR D’ANTIOCHE VICTOR DE CAPOUE


a dû beaucoup circuler et de laquelle ont disparu les lemmes. » On y trouvait des extraits d’Origène, d’Athanase, d’Eusèbe, d’Apollinaire, de Cyrille, de Josèphe ( ?), de Jean Chrysostome, de Basile, de Théodore de Mopsueste, de Victor d’Antioche. « Peutêtre cette collection fut-elle rassemblée par Victor d’Antioche, ou bien devons-nous expliquer par le seul fait qu’il y est cité les motifs qui pouvaient justifier la paternité qu’on lui en attribua. » R. Devreesse, Chaînes exégéliques grecques, dans Supplément du dictionnaire de la Bible, t. i, col. 1177. En toute hypothèse, il nous est difficile de voir dans Victor un commentateur original et, si ce n’est pas lui qui a compilé la chaîne sur saint Marc, les fragments qui pourraient provenir de lui sont trop peu nombreux ou d’une attestation trop mal assurée pour nous permettre de porter sur son compte les moindres jugements.

D’autres chaînes encore conservent le souvenir de Victor. La chaîne de Nicétas sur saint Luc a vingt-quatre extraits qui lui sont attribués ; cf. Mai’, Scriptor. , t. ix ; J. Sickenberger, Titus von Bostra. Sludien zu dessen Lukashomilien, Leipzig, 1901, p. 97. On retrouve Victor cité treize fois par le pseudo-Pierre de Laodicée ; cf. M. Bauer, Der dem Pelrus von Laodicea zugeschriebene Lukaskommentar, Munster, 1920, p. 39. Trois scolies du Yatic. 1933 lui sont enfin attribuées, sans qu’on puisse savoir d’où viennent ces fragments.

Nous sommes moins documentés encore en ce qui regarde l’Ancien Testament. La chaîne de Nicéphore attribue à Victor deux fragments sur le Deutéronome ; quelques fragments sur Jud., viii, sont cités par les chaînes de Nicéphore et de Procope ; cf. R. Devreesse, Les anciens commentateurs grecs de l’Octateuque, dans Revue biblique, 1936, p. 383. Sur les psaumes, R. Devreesse, art. cit., col. 1134, n’a trouvé le nom de Victor qu’une seule fois associé à celui d’Ilésychius de Jérusalem, à propos de Ps., xxi, 1. Par contre, Victor est, avec Olympiodore et Jean Chrysostome, l’auteur le plus fréquemment cité dans les chaînes sur Jérémie, car on ne trouve pas moins de 159 scolies qui lui sont attribuées. Le mode de répartition de ces scolies’donne l’impression de restes provenant d’un commentaire sur l’ensemble de la prophétie. Cf. M. Faulhaber, Die Prophetenkatenen nach rômischen Handschriflen, Fribourg-en-B., 1899, p. 107110. La chaîne sur Daniel ne nomme plus Victor qu’une seule fois à propos de Dan., ii, 45. M. Faulhaber. p. 180, pense que cet extrait pourrait provenir d’une homélie sur la naissance du Christ ou la conception virginale. Scion le même auteur, llolienlied-Proverbien-und l’rrdigrr-Kalrmn, Vienne, 1902, p. 100, Victor serait enfin cité dans les chaînes sur les Proverbes.

Tout cela, un le voit, ne nous mène pas très loin. Comme le dernier auteur signalé dans la chaîne sur saint Marc, la plus importante, ; i noire point de vue, est Théodore de Mopsueste, on serait autorisé a

placeT mis t.M > l’activité exégétique de Victor d’Antioche. On lui reconnaît le titre de prêtre que lui accordent les manuscrits, et l’on essaie de retrouver dans les fragments qui lui sont nltrihuahlcx les traits caractéristiques des commentateurs de l’école d’Antioche : intérêt pour l’ét ablissement du texte biblique et pour l’utilisation des différentes versions grecques ; attachement a l’interprétation littérale, sou (i de l’histoire et de la géographie. Il faudrait, pour qu’on ait le droit d’insister, que la provenance de ces fragments fût mieux assurée. On peut dire que Vie

toi d’Antioche a réellement existé, qu’il s’est inté i l’Écriture sainte, et sans doute, qu’il a COlTI posé des c haines dans lesquelles il a pu insért-r des

remarques de son cru. De ces chaînes, la plus intéressante est celle sur saint Marc, parce que le deuxième évangile a toujours trouvé moins de commentateurs que les autres.

Aux ouvrages déjà mentionnés, on peut ajouter : G. Karo et F. Lietzmann, Catenarum græearum catalogus, Gœttingue, 1902 ; F. von Soden, Die Sehriflen des neuen Testaments, Berlin, 1902, t. i, p. 574 sq. ; cet auteur est tenté d’attribuer à Victor des commentaires anonymes sur Matthieu, Luc et.Jean, qui, dans les manuscrits, figurent avec le commentaire sur Marc ; cette opinion est contredite à bon droit par Sickenberger, Ueber griechisehe EvangelienkommeiUare, dans Bibliscbe Zeitschrift, t. I, 1903, p. 182-193. Sur les scolies sur Luc, cf. J. Sickenberger, Die Lakas-Katene des Niketas von Herakleia, Leipzig, 1902, p. 97. Sur des citations d’Origène, in Matthssum dans le commentaire de Victor sur Marc, E. Klostermann, Xaclilese zur Veberliejerung der Matthauserklàrung des Origenes, dans Texte und Vnlers., t. xlvii, 21, Leipzig, 1932, p. 2-6.

G. Bardy.


VICTOR DE CAPOUE, évêque de cette ville de 541 à 554. — Nous ne savons de sa vie que ce que nous en apprend son épitaphe : vir beatissimus Victor episc, sedit ann. XIII, dies.x.x.xv//, depositus sub die i non. April. ann. XIII. P. C, Basili Y. C. indiclione secunda. Corp. inscrij>t. latin., t. x, n. 4503. Il est surtout connu pour avoir fait copier ou tout au moins reviser le manuscrit de Fulda qui contient une harmonie latine des quatre évangiles suivie du reste du Nouveau Testament dans le texte de la Vulgate. Une note qui termine le tout atteste que Victor de Capoue a lu deux fois le manuscrit à des dates qui correspondent à 546 et 547.

En quoi a consisté exactement le travail de Victor ? « Dans une préface, l’évêque de Capoue raconte comment, par hasard, il a eu sous la main un évangile composé des quatre. Ne trouvant aucune indication ni sur le titre ni sur l’auteur, il a eu recours à Eusèbe, qui l’a renseigné sur les travaux d’Ammonius et de Tatien. Il se décida pour Tatien, non sans avoir hésité, car il ne lui plaît guère que cet ouvrage qu’il apprécie soit l’œuvre d’un hérétique. Mais enfin, les paroles sont celles du Seigneur et non point l’œuvre particulière d’un hérésiarque : Yerumtamen vel si jam luvresiarcus hujus edilionis auctor exslilit Tatianus verba Domini mei cognoscens libenter compleclor, inlerprclalionem si fuisscl ejus propriam procul abjicerem. Quelques critiques, Preuschen, Chapman et, pour un temps, Burkitt, ont conclu de la que Victor a trouvé l’harmonie de Tatien en grec, car évidemment il ne savait pas le syriaque et aurait mentionné avec soin une découverte aussi étrange et aussi inattendue que iclle d’un manuscrit syriaque, et qu’il l’a traduite en latin. Mais la préface ne dit rien de semblable et ne parle pas du tout d’une traduction nouvelle. Bien plus, le texte de la lettre d’Eusèbe à Carpianus qui précède l’harmonie est copié d’après une version latine qu’a découverte dom de Bruyne, La préface du Diatessaron latin avant Victor de Capoue. dans liev. bénédictine, t. xxxix, 1927. p. 5-11. D’autres ont cru que Victor avait remplacé par le texte de la Vulgate le texte latin ancien de l’harmonie évangélique : cela même est peu probable et ce travail avait été fait avant lui. Il est vrai, comme l’ont fait remarquer Vogcls, Beitrvge tur Geschichte des Diatessaron im Abendland. Munster. 1919, et Burkitt, Taiian’s Diatessaron and the dutch Harmonies, dans Journal « Iheol. Slad.. janvier 1921. p. 1 13-130, que, si le texte du codex Fuldentis est généralement ((lui de la Vulgate, il contient des restes d’une ancienne version latine, et spécialement européenne. Mais ici encore. Victor aurait précisé son

rôle, car il s’étend avec emphase sur le soin avec lequel

il a ajouté des chiffres aux canons d’F.usèlic. Peut-être a t il introduit les canons eux mêmes, mais cela n’est