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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SAINT ATHANASE

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de traiter d’ariens des flottements significatifs, et la déclaration par laquelle, dès 341, les membres du concile d’Antioche avaient signifié son congé à Arius était caractéristique. Les homéousicns avaient fait un pas de plus vers l’orthodoxie déclarée, en disant que le Fils est semblable en tout à son Père, semblable selon la substance : convenait-il de laisser leurs efforts sans récompense ?

Saint Hilaire et saint Athanase ne le pensèrent pas. L’un et l’autre, à quelques mois de distance, écrivirent Sur les synodes des ouvrages destinés à mettre en confiance les hommes de bonne volonté : « Ceux qui acceptent tout ce qui a été décidé à Nicée et n’hésitent que sur le mot consubstantiel, déclare saint Athanase, ne doivent pas être traités en ennemis et nous-mêmes ne les combattons point comme des ariens ou des adversaires des Pères ; nous leur adressons la parole comme à des frères qui ont les mêmes pensées que nous et ne discutent que sur les mots. Reconnaissant que le Fils est de la substance du Père et non pas d’une autre réalité, qu’il n’est ni créature, ni œuvre, mais génération authentique et naturelle et qu’il est de toute éternité uni au Père, étant son Verbe et sa Sagesse, ils ne sont pas éloignés d’accepter aussi le mot consubstantiel. Tel est Basile d’Ancyre qui a écrit sur la foi. » De synod., 41, t. xxvi, col. 765.

Toutefois, après ces remarques engageantes, saint Athanase ajoute que seul le mot consubstantiel exprime avec précision la foi orthodoxe : « Dire seulement semblable en substance n’est pas tout à fait dire ce qu’affirme l’expression de la substance, qui, eux-mêmes le reconnaissent, fait ressortir le lien naturel entre le Fils et le Père. L’étain est seulement semblable à l’argent, le loup au chien, le cuivre doré à l’or véritable, et l’étain ne provient pas de l’argent, ni le loup ne saurait être appelé le fils du chien… Qui affirme seulement Vhomoiousios ne caractérise pas tout à fait ce qui vient de la substance ; mais qui parle de « consubstantiel » embrasse le sens des deux expressions homoiousios et de lasubstance. Eux-mêmes, s’attaquant encore à ceux qui disent que le Verbe est créature et ne veulent pas qu’il soit Fils authentique, ont emprunté leurs preuves contre eux aux exemples humains du fils et du père, mais avec cette exception que Dieu n’est pas comme l’homme et que la génération humaine n’est pas la génération du Fils qui est telle qu’il convient à Dieu… Serait-ce, parce que les rejetons humains sont consubstantiels, qu’il faille prendre garde que le Fils, si on l’appelait aussi consubstantiel, ne soit considéré comme étant aussi un rejeton humain ? Non ; cela n’est pas. Le Fils est Verbe et Sagesse du Père : cela nous caractérise l’impassibilité et l’indivision de la génération du Père. Le verbe des hommes lui-même n’est point une partie et ne sort point par passion ; à plus forte raison celui de Dieu, que le Père a déclaré être son Fils. C’est pour éviter qu’en l’entendant appeler Verbe on ne se l’imaginât comme le verbe humain dénué de subsistence. Quand on entend le nom de Fils, on connaît qu’il est Verbe et Sagesse substantielle. » De synod., 41, ibid.

Les précisions apportées ici sont de la plus haute importance, car elles mettent en relief à la fois la consubstantialité du Père et du Fils et la subsistence du Fils. Mais il faut ajouter que saint Athanase n’a jamais varié sur ces deux points et qu’il a toujours affirmé avec une égale assurance que le Père et le Fils étaient de même substance et que pourtant le Fils était différent du Père : « Ils sont un, non pas comme quand un être est divisé en deux parties, qui ne sont qu’un ; ni comme l’un deux fois nommé, de sorte que le même est tantôt le Père, tantôt son Fils… Mais ils sont deux, parce que le Père est Père et n’est point en même temps le Fils ; parce que le Fils est Fils et

n’est point le Père. Il n’y a qu’une seule nature, car ce qui est engendré n’est point dissemblable de celui qui engendre ; il est son image et tout ce qui est du Père est du Fils. Aussi le Fils n’est-il pas un autre Dieu, car il n’a pas été conçu du dehors ; sinon il y aurait plusieurs Dieux, avec cette divinité conçue étrangère au Père. Si le Fils est autre comme engendré, il est la même chose comme Dieu. Le Père et lui sont un par la propriété et la parenté de la nature et par l’identité de l’unique divinité, comme il a été dit. La splendeur est aussi lumière ; elle n’est pas en dehors du soleil, ni une autre lumière, ni par participation de lui, mais sa propre et complète génération. Pareille génération est nécessairement une unique lumière et l’on ne dirait pas qu’il y en a deux : ils sont deux, à savoir le soleil et la splendeur, mais une seule lumière venant du soleil et illuminant dans la splendeur tout l’univers. Ainsi la divinité du Fils appartient au Père ; aussi est-elle indivisible. Il n’y a qu’un seul Dieu et il n’y en a pas d’autre hors de lui. Le Père et le Fils sont donc une seule chose et unique est leur divinité. Contra arian., iii, 4, t. xxvi, col. 328.

La doctrine ainsi affirmée dans les Discours contre les ariens est aussi celle du De synodis ; elle sera reprise dans VEpistola ad Afros. Saint Athanase affirme, d’un bout à l’autre de sa carrière que le Fils est véritablement Fils et que, pour être connu, il ne doit pas être séparé du Père. On ne peut savoir ce qu’il est qu’en le rapprochant du principe qui l’engendre éternellement et qui se reproduit en lui. Fils, il est distinct du Père ; il est autre que lui ; mais Fils, il est de la même substance que le Père et il ne saurait être envisagé à part du principe qui se communique à lui. Sans doute, tout cela reste obscur à notre raison humaine ; les comparaisons et les analogies par lesquelles nous essayons d’exprimer le mystère de la vie divine sont incomplètes et insuffisantes, et l’on tomberait dans les plus graves erreurs si on les prenait à la lettre. Athanase n’est pas homme à s’effrayer du mystère ou à reculer devant lui. Il s’attache aux données de la Révélation, également assuré de l’unité de Dieu et de la distinction du Père et du Fils. Il laisse à d’autres le soin d’éclairer, si cela est possible, l’accord de ces deux vérités.

Le Saint-Esprit. —

Les premiers ariens ne s’étaient guère occupés du Saint-Esprit, sinon pour affirmer qu’il était, comme le Fils, une créature. Saint Athanase ne s’en occupe pas davantage : il se contenta d’affirmer sa foi à la Trinité, jusqu’au moment où, vers la fin du règne de Constance, certains évêques du parti de Basile d’Ancyre nièrent expressément la divinité de l’Esprit-Saint. Saint Athanase n’hésita pas alors à s’engager dans l’arène et, dans ses lettres à Sérapion, il mit en relief la pleine divinité du Saint-Esprit. Tour à tour, l’Écriture sainte et la Tradition ecclésiastique apportent leur témoignage. D’ailleurs ne faut-il pas que l’Esprit-Saint soit Dieu pour devenir le principe de notre sanctification : « L’Esprit nous fait participer tous de Dieu… Mais si c’était une créature, nous ne pourrions en lui avoir participation de Dieu ; nous serions unis à une créature et étrangers à la nature divine, n’ayant rien de commun avec elle… Si cette participation de l’Esprit nous communique la nature divine, il y aurait folie à dire que l’Esprit est de nature créée et non de nature divine. C’est pourquoi ceux en qui il est sont divinisés : s’il divinise, il n’est pas douteux que sa nature est la nature divine. » Epist. ad Serap., i, 24, t. xxvi, col. 585. Nous reconnaissons cet argument ; c’est celui qui a été employé pour prouver la divinité du Fils. Dans l’un et l’autre cas, saint Athanase s’appuie sur les exigences de notre vie divine pour remonter jusqu’à sa source : ce faisant, il révèle le caractère profondément religieux de son esprit.

Ajoutons que la divinité du Saint-Esprit peut être prouvée d’une autre manière, par le caractère homogène de la Trinité. Cette preuve nous intéresse particulièrement ici, parce qu’elle met en relief le rôle joué,