quo acceplo (Domini corpore), ubi glulivit, emisil spiritum, bonum viaticum secum ferens. Cf. Vita S. Ambrosii, P. L., t. xiv, col. 43. En.Orient, Basile de Césarée serait mort également, dit son biographe, le pseudo-Amphiloque, « étendu sur son lit, alors qu’il avait encore l’eucharistie dans la bouche ».
Il semble que, selon la rigueur de la discipline pénitentielle à ses débuts, on ait refusé l’eucharistie aux pénitents publics même en danger de mort. On ne leur donnait que l’absolution. Mais, selon les régions, on connaît aussi la pratique inverse : refus de l’absolution, mais administration du viatique. Ainsi le IVe concile de Carthage (398) décide qu’on leur administrerait le viatique eucharistique, mais à la condition qu’en cas de retour à la santé, ils demeurassent soumis à la pénitence publique jusqu'à réconciliation légitime, can. 76. La même prescription fut renouvelée au concile d’Orange (441), canon 3 :
Ceux qui vont mourir pendant le cours de leur pénitence, ne recevront pas l’imposition des mains, mais seulement la communion, ce qui suffît pour la consolation des mourants, selon la tradition des Pères, qui ont nommé cette communion viatique. S’ils ne meurent pas, ils demeureront au rang des pénitents, et, après avoir montré de dignes fruits de pénitence, ils recevront la communion légitime avec l’imposition des mains réconciliatrice. » Hefele-Leclerc, Hist. des conc, t. ii a, p. 436. Au début du ve siècle, Innocent I er recommande d’accorder la communion eucharistique aux moribonds repentants qui en font la demande, alors même que, depuis leur baptême, ils auraient vécu dans le dérèglement.
C’est dire implicitement qu'à cette époque (fin du ive et début du ve siècle), la communion était, pour les malades et les mourants restés fidèles, au moins un droit, sinon une obligation. Le pape Léon IV parle de « la pyxide, où se garde le corps du Seigneur pour être donné comme viatique aux malades ». Cf. Labbe, Concilia, t. viii, p. 34.
3° Le lieu.
Pour la réception du viatique, aucun
lieu n’a jamais été imposé ; l’imprévu de la mort aussi bien que l’urgence du précepte obligèrent à distribuer le pain eucharistique aussi bien dans les prisons que sur les navires ou sur les champs de bataille. Cependant plusieurs saints personnages voulurent être transportés dans une église ou une chapelle pour y recevoir le viatique. C'était aussi la règle dans certains monastères d’hommes ou de femmes. Cf. Corblet, op. cit., t. i, p. 374-375.
Mais le plus souvent, c'était dans la demeure même du malade ou du mourant que le viatique était administré. Parfois, ou célébrait la messe dans la chambre du mourant pour lui procurer la communion. Cette tolérance qui remonte aux siècles du haut Moyen Age, fut pratiquement supprimée après le concile de Trente.
4° Les ministres.
Dans la primitive Église, et
surtout au temps des persécutions, non seulement les diacres, mais encore les ministres inférieurs et même
Ii amples fidèles portèrent la communion aux malades et aux mourants, aux prisonniers et aux confesseurs de la foi. La chose paraissait d’autant moins Insolite « pie les fidèles emportaient l’eucharistie dans leurs maisons pour s’en nourrir en temps opportun. La paix rendue à l'Église, les conciles occidentaux s’efforcèrent de réserver peu a peu le port du viatique, comme la distribution (le la communion, aux seuls prêtres ou diacres, hormis les cas de nécessité. Mais l’usage contraire subsista longtemps, puisqu’au xe siècle évéques et conciles légifèrent encore en la matière. Les conciles de Londres (1138) et de Houen
dlN'.t) admettent qu’en l’absence de prêtre on de diacre, un (1ère inférieur ou même un laïc peut admi nistrer le viatique à un mourant. En Orient, le ministère des laïcs est moins exceptionnel et les femmes elles-mêmes, si rigoureusement écartées dans l'Église latine depuis le Moyen Age, continuent, chez les coptes et les jacobites, à porter le viatique aux malades, en cas de nécessité. Cf. Assemani, Bibl. orientalis, t. iii, p. 850.
De nos jours, eu égard à l’extrême nécessité et au péril de mort prochaine où se trouvèrent certains détenus ou prisonniers au cours de la guerre 19391945, le port de l’eucharistie fut parfois confié à des laïcs, même à des femmes, qui avaient la possibilité d’approcher des camps ou de pénétrer dans les prisons. Les détenus eux-mêmes reçurent parfois des parcelles consacrées pour s’en communier de leurs propres main à l’heure suprême.
5° Quelques rites et cérémonies.
À l’origine de
l'Église, la communion était portée aux malades et aux mourants sans grand apparat extérieur. Il semble que les attaques de Bérenger, voir t. ii, col. 722742, contre la présence réelle aient suscité, par réaction, un plus grand empressement à entourer d’honneur la sainte eucharistie. Cf. t. v, col. 1209-1232. Dès le xiiie siècle, le concile de Wurtzbourg (1287) invite l'évêque à punir le prêtre qui aura porté le viatique de façon secrète et sans solennité. Plus récemment la S. Congrégation des Rites, 6 février 1875, a condamné comme un abus, l’usage de porter le viatique sans les solennités prescrites, à moins qu’il n’y ait des raisons graves de les omettre.
Les custodes ou pyxides dont on se servait pour le port de l’eucharistie revêtaient les formes les plus variées : vases, avec ou sans pied, boîtes rondes, ciboires, calices que l’on recouvrait d’un linge de lin fin, ou même ostensoirs, comme à Lucerne ; ce dernier usage fut approuvé expressément par Sixte IV (1479). À défaut de custode, on se contentait de mettre l’hostie consacrée dans un corporal, que l’on pliait et que l’on renfermait dans une bourse suspendue au cou par un ruban.
La matière dont étaient faites ces pyxides n'était pas moins variée : métaux précieux comme l’or et l’argent, métaux plus vulgaires comme l'étain ou le cuivre, le verre, la terre cuite, etc. Eudes de Sully, évêque de Paris, prescrit dans ses statuts diocésains (1195) de porter le viatique dans une pyxide d’ivoire bien fermée, pour éviter tout accident en cas de chute. Cf. Labbe, Concilia, t. x, p. 1802.
Pour le port solennel, de véritables processions ou manifestations furent parfois organisées dans certains pays. Le concile d’York de 1195 faisait déjà une obligation d’accompagner le viatique en portant au moins une lumière, « sauf les jours de vent ou de tempête ». Pour en protéger la flamme, on fabriqua bientôt des lanternes aux formes variées ; on les fixait parfois au bout d’une hampe (falots).
L’usage de sonner quelques coups de cloche (recommandé aujourd’hui encore par le Rituel, tit. iv, c. iv, n. 10), alors que le prêtre se dispose à porter la communion aux infirmes (Port-Dieu), remonte au milieu du xvii c siècle ; on le pratiquait à Rome et en France pour rassembler les fidèles qui voulaient faire cortège a l’eucharistie. Dès le xiii 1 e siècle, on trouve, (ii Allemagne et en Angleterre, des ordonnances épiscopales qui prescrivent d’agiter une clochette devant le prêtre qui porte le viatique, cf. Mituel, ibid., n. 13 : aller ( clcricus)… campanam juqiler pulset. Comme aujourd’hui, Rituel, Ibid., n. 12, ce piètre marchait tête nue, abrité sous un dais ou un ombrellino. Les fidèles suivaient, portant, si possible,
dis flambeaux. D’après le nouveau Rituel (1925), les porteurs de cierges ou de torches devraient précéder le prêtre, qui marche en dernier lieu : succédant ilcinde