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par l’Église tomme connexes à la révélation, ou encore mépris des décisions doctrinales non infaillibles des Congrégations romaines, col. 2220 ; fréquentation des écoles acatholiques, hostiles ou neutres, col. 2240 ; cf. Scolaire (Législation) t. xiv, col. 1675-1679 ; adhésion à des associations professionnelles areligieuses ou interconfessionnelles, col. 2236 sq. ; lecture de livres hérétiques ou dangereux, col. 2230 ; cꝟ. 2249 ; mariages mixtes, Codex juris canonici, can. 1060 ; cf. can. 1065 ; sans compter les périls intérieurs provenant de l’orgueil, de l’esprit d’indépendance, de l’ambition, de l’amour des plaisirs coupables, etc. Sur la possibilité de garder Y habitas infus de la foi dans l’hérésie matérielle, voir Hérésie, col. 2226.

3. Vertu d’espérance.

La vertu d’espérance n’est pas détruite par n’importe quel péché mortel. Il est difficile de qualifier exactement cette doctrine qu’aucun document officiel du magistère n’a consacrée ; mais les théologiens sont unanimes à l’enseigner. Cf. S. Thomas, I Li -II iP, q. lxv, a. 4 ; q. lxxi, a. 4 ; Duns Scot, In ///"’" Sent., dist. XXXVI, q. i, n. 30 ; Suarez, De gratia, t. XI, c. v, n. 15 ; Vasquez, In I* m -II s, disp. XCI, c. iv ; Médina, In I* m -II s, q. lxii, a. 4, dub. i ; Ripalda, De ente supernaturali, disp. CXXVII, n. 57 ; Coninck. De actibus supernaturalibus, disp. XIX, n. 147, etc.

Un point certain émane de la révélation, c’est la dépendance de l’espérance par rapport à la foi : « La foi est la substance (conviction) des choses qu’on espère. » Hebr., xi, 1. Si la foi se perd, l’espérance disparaît avec elle. Mais la réciproque n’est pas vraie, l’espérance peut disparaître et la foi demeurer.

La vertu d’espérance n’est détruite ici-bas que par les deux péchés qui lui sont directement contraires, le désespoir, t. iv, col. 620, et la présomption, t. xiii, col. 121.

Dans l’autre vie.

1. Chez les damnés.

Aucune vertu de quelque nature quelle soit, n’existe plus dans l’âme des damnés. Leur obstination dans le mal dirige toutes leurs activités dans ce sens. Seul subsiste l’amour naturel de Dieu, ce qui précisément, par opposition à la perversion fondamentale de leur libre volonté, cause en eux la peine du dam. Cf. I a, q. lxiv, a. 2 ; A. Michel, Les fins dernières, Paris, 1932, p. 57 sq. Mais on a vu que cet amour naturel n’implique la présence d’aucun habitus dans la volonté. Les vertus surnaturelles ne sauraient subsister dans des esprits dépouillés de la grâce : plus de charité, mais au contraire, la haine de Dieu ; plus d’espérance, mais le plus sombre désespoir. Les théologiens se sont posé la question de la permanence de la foi, en raison du texte de saint Jacques, ii, 19 : credunt et contremiscunt (dœmones). Cette foi des démons (qu’on retrouve dans l’évangile à propos de la divinité du Christ, Matth., viii, 29 ; Marc, i, 24 ; v, 7 ; Luc, iv, 41 ; cf. Act., xix, 15) n’est pas une vertu surnaturelle comme chez l’homme. Elle se ramène à une certitude intellectuelle, nécessitée sans doute par l’évidence dont jouissent pour eux les motifs de crédibilité. Cf. S. Thomas, IIa-IIæ, q. v, a. 2 et ad l um. Cette foi n’est ni libre, ni méritoire ; et elle est mauvaise, car « elle est, dit saint Thomas, une cause de déplaisir pour les démons… puisqu’il leur est impossible de ne pas croire. » Voir sur ce point les notes de Chaîne, Épître de saint Jacques, Paris, 1927, p. 61-63.

2. Au purgatoire.

Les âmes du purgatoire sont en état de grâce et ont la certitude de leur salut, voir Purgatoire, t.xii, col. 1296. Cet état d’anticipation du bonheur du ciel montre qu’elles sont toujours en possession non seulement de la charité, mais de la foi et de l’espérance : elles croient fermement au bonheur futur dont elles ont l’assurance et par conséquent leur espérance est ferme et assurée. Bien plus, on peut supposer que leur état leur permet d’acquérir des dispositions vertueuses conformes à leur perfection présente et qui leur faisaient défaut. Voir ibid., col. 1298.

3. Au ciel.

'En ce qui concerne les élus, les questions essentielles ont été traitées à Gloire, t. vi, col. 1420 sq. Il est inutile d’y revenir. Sur l’identité spécifique de la vertu de charité et de la charité dans le ciel, voir Charité, t. ii, col. 2226.


Conclusion.

Les vertus et la vie chrétienne. — Une étude didactique sur les vertus ne saurait communiquer au lecteur le sentiment exact du rôle agissant des vertus dans la réalisation d’une vie vraiment chrétienne. Une brève conclusion, en forme de synthèse, orientant les esprits en ce sens semble donc nécessaire.

Le chrétien, c’est l’homme déchu, mais transformé par la grâce de Jésus-Christ. Mort par le péché, il est ressuscité à la vie par le baptême et cela, à l’imitation du Christ lui-même qui, enseveli dans le tombeau, en est ressuscité vivant et glorieux. C’est le même homme qui, hier encore, dirigeait d’ordinaire ses énergies naturelles vers le mal et qui, aujourd’hui, par la grâce du Christ, les dirige vers le bien.

La grâce du Christ 1 Elle « surélève toutes les puissances de l’âme et la sensibilité même, pour autant qu’elle peut participer de l’esprit. Principe de vie spirituelle, la grâce est aussi principe de notre totale spiritualisation. Elle épouse la structure de l’être humain en son entier. Aux grandes et nécessaires inclinations où se traduit l’élan foncier de la nature vers son bien connaturel et sa perfection, correspondent les vertus théologales. Elles sont aspiration vers la fin dernière, découverte initiale du Souverain Bien tel qu’il nous est promis, tension de l’être vers sa conquête. S’harmonisent avec cet élan les vertus morales, essentiellement surnaturelles elles aussi, par une adaptation de toutes nos puissances à l’orientation divine où nous entraînent foi, espérance et charité. Enveloppant pour ainsi dire le tout, les dons du Saint-Esprit font entrer l’âme à plein dans les exigences d’une charité dont le mouvement d’amour ne trouve qu’en Dieu même sa règle adéquate. » P. Menessier, Saint Thomas d’Aquin, Paris, 1942, p. 31.

Cette emprise totale de la surnature ne saurait être réalisée dans l’homme que progressivement. L’idéal proposé est le Christ lui-même, le Christ, chef de l’humanité par la grâce de la rédemption et qui veut vivre en nous par notre imitation de ses vertus. Que de fois l’apôtre Paul a répété la formule en Xristo ! Si, en bien des cas, cette formule ne signifie pas autre chose que vie chrétienne, conformité aux principes du christianisme, son sens profond se rapporte à la situation que crée notre appartenance au corps mystique du Christ. Faisant partie intégrante de ce corps, nous « revêtons le Christ », nous sommes « plongés dans le Christ », comme dit saint Paul. Et, par conséquent, on n’est vraiment chrétien qu’en se laissant diriger par « l’esprit du Christ ». C’est ainsi que souvent, chez saint Paul, la formule en Pneumati est l’équivalent de en Xristo.

Cet esprit du Christ ne se réalise pas dans l’homme par le seul exercice des vertus naturelles. Certes, ces vertus ont leur place marquée dans l’édifice de la vie chrétienne. On ne saurait vivre de l’esprit du Christ si l’on n’était en même temps honnête homme. A plusieurs reprises nous avons souligné l’accord qui doit régner, dans les actes humains, entre le plan naturel et le plan surnaturel, celui-là n’ayant d’ailleurs dans l’ordre actuel de la Providence de réelle