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VKRTU. CONNEXION DES VERTUS

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Vasquez, In / am -7/ » ', disp. CCIII, c. ix, n. 117 ; Valencia, In 77 am -77 <p, disp. VIII, q. vi, punct. 2, etc. De nos jours, Schiffini, Tract, de virt., n. 31 sq. ; Diekamp, Dogmatik, Munster-en-W., 1932 (10e édit.), t. ii, p. 510 sq. Ces auteurs invoquent le patronage de saint Thomas, II"- !  ! 1 ", q. vi, a. 2, ad 3um : « Qui reçoit de Dieu la foi sans la charité, etc… » L’exégèse correcte de ce texte montre qu’il n’est question que d’une foi actuelle. Cf. Billot, De virt. in}., p. 138, note 1.

Il semble difficile d’accorder une sérieuse probabilité aux deux dernières opinions. On leur oppose l’autorité de la constitution clémentine promulguée au concile de Vienne, affirmant que « la grâce informante et les vertus sont conférées dans le baptême ». Denz.-Bannw., n. 483. Ces vertus sont évidemment celles dont parle Innocent III dans sa lettre à Ymbert : « la foi, l’espérance et les autres vertus. » Denz.-Bannw., n. 410. Aucune distinction n’est faite entre adultes et enfants ; donc, peut-on conclure, la vertu de foi est régulièrement conférée à tous par le baptême. D’ailleurs, selon le concile de Trente, sess. vi, c. vii, les catéchumènes demandent à l'Église la foi qu’ils reçoivent au baptême et cette foi est.la foi habituelle, que le pécheur reçoit dans sa justification simultanément avec l’espérance et la charité : hsec omnia simul INFUSA accipit homo per Jesum Christian cui inseritur, fidem, spem et caritatem. Denz.Bannw., n. 800. Cette dernière autorité atteint plus directement Cajétan et Soto. La solution des instances se trouve dans Mazzella, n. 110-119 et, dans Billot, p. 140-145. La conclusion s’impose : aucune vertu, pas même la foi et l’espérance, n’est infusée dans l'âme séparément de la grâce et de la charité.

2. Accroissement.

L’accroissement des vertus de foi et d’espérance est-il parallèle à celui de la charité? Faut-il raisonner ici comme pour les vertus morales infuses ? La diversité des opinions relativement à l’infusion amène logiquement une divergence d’opinions quant à l’accroissement.

a) Pour les partisans de l’opinion la plus probable, signalée en premier lieu, la question ne peut pas se poser : infusées avec la charité, la foi et l’espérance grandissent comme elle et avec elle et dans la même proportion. Une seule exception pourrait être faite — mais c’est tout à fait per accidens, dans le cas où la foi et l’espérance demeurent dans l'âme du pécheur qui perd la grâce et la charité, et qui, par la pénitence, les retrouve ensuite, mais en un degré moindre. La foi et l’espérance gardent leur intensité première, car elles ne peuvent décroître, tandis que la charité et les vertus morales revivent en un degré amoindri. Voir Beviviscence, t. xiii, col. 2630-2632 ; cf. Billot, p. 162-163.

b) Les partisans de la deuxième et de la troisième opinion apportent des solutions conformes aux principes posés par eux. Voici comment Lahousse les départage, De virt. theol., n. 33 : Torrès, In 77 am -77 æ, dist. XLV, dub. i ; Pierre Aragon, De fide, spe et caritate, q. v, a. 4 ; Vasquez, In 7 am -77 æ, disp. CCXX, n. 56 ; Vittoria, De augmente-caritatis, part. I, n. 4 sq. ; ' 1). Soto, In IV™ Sent, dist. XIII, a. 2, q. n et De gratia, t. II, c. xvii, enseignent que la foi et l’espérance reçoivent leur accroissement, non des actes qui font croître la charité, mais de leurs propres actes. D’autre part, Suarez, De gratia, t. IX, c. iv, n. 13 ; Coninck, In 77 am -77 IB, disp. VI, n. 60 ; Tanner, Disp. theol., t. ii, dub. ix, n. 20 ; Valencia, In 77 ara 77*, disp. I, q. v, punct. 4 ; G. Hurtado, De fide, spe et caritate, disp. LXI, § 6 et 7 ; Banez, 7n 77 am 77®, q. v, a. 5, enseignent que les vertus de foi et d’espérance croissent comme la charité, quand elles sont jointes à cette vertu ; quand la charité fait défaut,

elles croissent par leurs propres actes. On peut rattacher à cette dernière école SchifJini, op. cit., a. 40.

3. Disparition.

La connexion des trois vertus théologales n’est pas telle que la disparition de la charité entraîne nécessairement la perte de la foi et de l’espérance.

a) La vertu de foi. — Elle ne disparaît pas nécessairement par la perte de la grâce et de la charité : c’est là une vérité clairement définie au concile de Trente contre Luther et son système de la justification extrinsèque. Voir ici Justification, t. viii, col. 2139 sq. D’après Luther, tant que l’homme demeure « fidèle » à Dieu, ses péchés, si graves soient-ils, ne lui sont pas imputés. Le seul péché qui fasse perdre la grâce est donc, d’après Luther, la perte de la foi. Contre cette erreur, le concile rappelle, sess. vi, c. xv, que « la grâce de la justification une fois reçue se perd non seulement par l’infidélité, par laquelle la foi elle-même est perdue, mais encore par tout autre péché mortel, même quand ce péché ne détruit pas la foi ». Denz.-Bannw., n. 808. La dernière incise touche directement le problème ici posé. Mais ce point est relevé d’une façon plus directe et plus complète dans le canon 28 :

Si quis dixerit amissa per mortale peccatum gratia simul et fidem semper amitti, aut fidem qua : remanet non esse veram fidem, licet non sit viva ; aut eum, qui fidem sine caritate habet, non esse christianum, A. S.

Denz.-Bannw., n. 838.

Si quelqu’un dit qu’en perdant la grâce par le péché, on perd en même temps toujours la foi ; ou que la foi qui survit n’est pas vraie foi, bien qu’elle ne soit pas vivante ; ou bien que celui qui a la foi sans la charité n’est pas chrétien, qu’il soit anathème.

Sans aucun doute, l’homme destitué de la grâce et de la charité peut donc encore posséder une foi véritable. Cette foi ne saurait être entendue d’un acte de foi antérieur et non rétracté ; il s’agit bien de la foi habituelle infusée à l'âme par Dieu dans la justification et persévérant dans sa réalité. Toutefois, certains théologiens, cf. Bipalda, op. cit., disp. CXXVIII, n. 56, se demandent si le concile a entendu définir la permanence de la foi infuse ou s’il entend simplement affirmer qu’une foi informe est substituée par Dieu à la foi formée précédente. Le mot remanet semblerait dirimer la controverse. Au temps du concile, la thèse subtile de la substitution n'était défendue par aucun théologien de marque. L'école thomiste avec son chef, voir S. Thomas, 77 a -77 æ, q. iv, a. 4, et l'école scotiste, voir Scot, 7n 777um Sent.. dist. XXXVI, q. i, n. 30, étaient d’accord sur ce point. Toutefois, en raison des hésitations qui se sont produites depuis, certains auteurs qualifient la thèse de la permanence comme une doctrine théologiquement certaine, cf. Bipalda, loc. cit., tandis que d’autres la disent dogme de foi, cf. Billot, p. 155, note 1. La sainte Écriture ne fournit-elle pas un fondement très solide à ce dogme ? Cf. I Cor., xiii, 2 ; Jac, n. 14 ; Matth., vii, 22-23, sans compter les paraboles où l'Église est représentée comme un mélange de bons et de mauvais, tous cependant ayant la foi : parabole du filet, Matth., xiii, 47 sq., du festin nuptial, ibid., xiii, 1 sq., des vierges sages et des vierges folles, ibid., xxv, 1 sq., etc. Cf. Mazzella, op. cit., n. 211-214 ; Bellarmin, De juslif., I. I, c. xv. Valencia a rassemblé un certain nombre de textes patristiques à ce sujet. In 77 am -77 a !, disp. I, q. iv, punct. 4. Bellarmin, loc. cit., et Suarez, De gratia, t. XI, c. v. n. 17 sq. réfutent les objections des adversaires.

b) La vertu d’espérance. — Aucun document ne concerne directement l’espérance. Toutefois, comme l’espérance suppose et suppose uniquement la foi, on doit raisonner sur cette vertu comme sur la vertu