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VERTU. CONNEXION DES VERTUS


malo, q. xi, a. 5, ad 7um et ad ll um ; In II am Sent., dist. XL, q. i, a. 5, ad 6um. Les textes sont conciliables. Voir Ami du clergé, 1927, p. 545-548 ; Terrien, La grâce et la gloire, t. VIII, c. m-iv, t. ii, p. 26-62. Aucune vertu donc, pas même la foi et l’espérance, n'échappe à cette emprise de la charité, s’il s’agit d’en ordonner les actes au mérite de la vision béatifique. Voir H.-D. Noble, La charité, t. i, p. 365-371 ; Le Tilly, L’Espérance, p. 226-232 ; 245-250. Cf. S. Thomas, IP-II*, q. iv, a. 3, 4, 5 ; q. xvii, a. 6, 7, 8 ; De caritate, a. 4.

Le problème de la connexion des vertus ne se pose pas exclusivement sous cet aspect. Il s’agit de savoir si, abstraction faite du mérite, et en ne considérant que l’ordre de la vertu à son objet formel immédiat, la connexion de toutes les vertus entre elles et avec la charité s’impose encore. C’est ce que les théologiens appellent la connexion quant à Vessence de la vertu.

Il faut tout d’abord éliminer de cette considération les vertus intellectuelles, vertus improprement dites : « Concernant des matières variées, elles sont sans lien entre elles, comme le montre la diversité des sciences et des arts ». P-II*, q. lxv, a. 1, ad 3um. Les liens et affinités qu’elles peuvent avoir dans l’intelligence humaine sont trop faibles pour qu’on puisse parler de dépendance essentielle.

2° Connexion des vertus morales entre elles et avec la charité. — 1. Entre elles. — La connexion est indéniable. Philosophes païens et moralistes chrétiens ont été toujours d’accord pour affirmer que les vertus morales sont concalenatæ. Dans l’ordre naturel déjà, les vertus ne peuvent exister sans la prudence qui est « la droite raison dans la conduite de la vie » et suppose elle-même la vertu intellectuelle d’intelligence. S. Thomas, q. lviii, a. 4 ; cf. q. lvii, a. 2. La prudence, veillant au choix des actes humains indispensables à la bonne conduite de la vie morale, est par là-même attachée aux vertus morales au point de ne pouvoir exister ni opérer sans elles. Noir Prudence, t. xiii, col. 1034. Voir aussi le commentaire de Cajétan sur les a. 4 et 5 de la q. lviii. Gonet complète cette idée par une remarque Opportune : la vertu de prudence doit être unique, pour pouvoir diriger efficacement toutes les autres vertus, afin de pouvoir peser les motifs de toutes sortes qui peuvent intervenir dans la délibération* et dans le choix d’une décision. Monnaie thomistarum, t. iii, tract. IV, c. v.

Ce qui est vrai des vertus morales acquises l’est également des vertus morales infuses. Ici, la direction d’une prudence surnaturelle s’impose en raison soit île la fin surnaturelle, soit des moyens surnaturels à choisir. Mais on touche par là au domaine que commande, avant tout, la charité.

2. Avec la charité.

Une double question se pose : les crtus morales peuvent-elles exister sans la (lia rite ? La charité peut-elle exister sans les vertus morales ? [MI", q. LXV, a. 2 et 3 ; cf. De virt., q.. a. 2. Les vertus naturelles « peuvent subsister

sans la charité ; ainsi ont-elles existé chez beaucoup de païens. Mais, i dans la mesure où elles réalisent une perfection en harmonie avec la (in dernière surnaturelle, alors elles sont pleinement et véritablement vertus et ne peuvent être acquises par des actes humains ; elles sont infusées par Dieu. Les VertUS morales de cette sorte ne peuvent exister sans la charité -. Saint Thomas complète sa pensée en rappelant que, même dans ['ordre surnaturel, les vertus morales demeurent liées entre elles par le

moyen de la prudence. Et, i pour que cette direction de la prudence soil bien droite, il est Indispensable

d'être bien disposé à l'égard de la fin dernièn

qui se fait par la charité ». A. 2. Ainsi donc, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire de la prudence surnaturelle, la charité inspire et soutient toutes les vertus morales infuses. Voir H.-D. Noble, La charité, t. i, p. 371 sq.

La réciproque est également vraie : la charité est inséparable des vertus morales infuses. Ordonnant l’homme à une fin surnaturelle, la charité doit être accompagnée des vertus qui permettent à l’homme d’agir conformément aux exigences de cette fin. Ainsi, « celui qui perd la charité par le péché mortel, perd aussi toutes les vertus morales infuses ». A. 3. Et, doit-on ajouter, celui qui dans la justification acquiert la charité, acquiert simultanément toutes les vertus morales infuses.

Bien plus, la croissance des vertus morales infuses, soit ex opère operalo, soit ex opère operantis, ne peut se produire que proportionnellement à la croissance de la grâce elle-même et de la charité. La charité est leur forme unique et commune de qui elles tiennent leur être et leur perfection. Elles ne peuvent donc que grandir avec elle et dans la même proportion qu’elle. Cette doctrine est admise par tous, indépendamment des divergences d’opinions relatives au mode de croissance. Cf. Suarez, De gratia, t. IX, c. iv, n. 5.

3° Connexion de la charité et des deux autres vertus théologales. — La connexion est ici certainement moins étroite. Existe-t-elle dans l’infusion, dans l’accroissement, dans la disparition ?

1. Infusion.

La foi et l’espérance peuvent-elles être infusées aux adultes indépendamment de la grâce et de la charité? Trois opinions sont en présence :

a) La première, l’opinion la plus commune, longe longeque verior et principiis Iheologiæ conformior, dit Billot, p. 139, et qui, avant le concile de Trente, était la seule enseignée, soutient que les trois vertus sont simultanément infusées dans la première justification. Cf. Pierre Lombard, Senl., t. III, dist. XXIII : S. Bonaventure. In III" m Senl., dist. XXIII, a. 2, q. i, ii, iv, v ; dub. vi ; In I V" m Sent., dist. XIV, part. I, a. 2, q. in ; Albert le Grand, In I I" m Senl., dist. XXVI, a. 9 ; S. Thomas. In /// um Senl., dist. XXIII, q. i, a. 5 ; I » -II », q. î.xii, a. 4 ; IIP, q. lxxxv, a. 6 ; Duns Scot, In III"" Sent., dist. XXXVI, q. i, a. 4, n. 30 et les nominalistes. Après le concile de Trente, Vega, Tridentini decreli de juslificatione expositio et defensio, 1. VIL c. xxviii ; De Lugo, De fide, disp. XVI, sect. n ; Ripalda, De ente supernaturali, disp. CXXVIIL sect. n et la plupart des théologiens récents ou contemporains ; les Wirceburgenses, Mazzella, Lahousse, Chr. Pesch, Beraza, Billot, Lange, etc.

h) La deuxième (million, particulière à Cajétan. In r am -77°, q. i.xii. a. 4, et à Dominique Soto, De natura et gratia, t. II, c. vin (Venise, 15 17. p. 127) envisage le cas de l’adulte recevant validement le baptême, mais avec un attachement au péché mortel qui rend son baptême infructueux. D’après ces auteurs, le péché constitue ici un obstacle à l’infusion de la grâce et de la charité, mais non à celle de la foi, laquelle ne serait, en ce cas. qu’un habitas informe.

c) La troisième opinion admet l’infusion d’une vertu informe de foi avant la Justification, aussitôt qu’un adulte, converti au christianisme, produit des actes élicites de foi. même sans le repentir de ses fautes. Opinion patronéc par un assez grand nombre d’ailleurs postérieurs au concile de Trente. D’après

Coninck, De acttbus supernaturalibus, disp. VI, dist.

[V, n. 51, il faut citer : Baùez, In lh m -ll". q. VI, a. 2. ad 3'"" : Médina, In * » ">-//, q. i.xii. a. I ; Suarez. De gratta, I. VIII. c xxiii. n. 13 ; De flde, disp. VII, sect. m : In 1 1 I* m part. Suni. S. Thoniir. disp. XXVIII, WCt m ; Salas, In I "" // » '. tract. XI, disp. III ;