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VERTU. ENSEIGNEMENT DES PÈRES
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les vertus ; elles sont ainsi connexæ concretœque. Ibid., n. 22, col. 282 B. Et cependant leur connexion n’empêche pas que, chez les saints, il arrive qu’une vertu soit dominante et entraîne les autres. In Lucam, t. V, n. 63, t. xv, col. 1653. Ces idées se retrouveront fréquemment sous la plume des Pères.

c) Saint Jérôme. — Il proclame les quatre vertus l’ornement spirituel de l’âme, voulu par Dieu. Epist., in, n. 13, P. L., t. xxii, col. 538 ; cf. Epist., lxvi, n. 3, col. 640. Dans ce dernier texte est affirmée la connexion et la compénétration des vertus ; il faut les avoir toutes et être éminent en chacune d’elles. Bien plus, pour être véritable, la vertu doit être parfaite : une vertu imparfaite n’est appelée vertu qu’abusivement. In Galat., t. I, c. i, v. 2, t. xxvi, col. 337 G. Aussi appartient-il à la vraie vertu de surmonter les défauts apportés en naissant : dans la chair, ne pas vivre charnellement ; combattre chaque jour contre soi-même et surveiller de cent yeux l’ennemi enfermé en nous-mêmes. Epist., uv, n. 9, t. xxii, col. 554.

3. Saint Augustin.

Il retient rémunération classique des quatre vertus. De civ. Dei, t. IV, c. xx, P. L., t. xli, col. 127 ; De div. quæsl. LXXXIII, q. xxxi, n. 1 ; q. lxi, n. 1, t. XL, col. 20-21, 51 ; Enarr. in ps. LXXXIII, n. 11, t. xxxvii, col. 10651066. Il rappelle à ce sujet le symbolisme des quatre fleuves. De Gen. cont. Munich., t. II, n. 13, t. xxxiv, col. 203-204.

Mais qu’est-ce que la vertu ? Augustin retient deux définitions principales. La première est formulée par Cicéron, Virtus est animi habitus, naturæ modo ulque rationi consentaneus, dans le De inuentionc, t. II, c. lui. S. Augustin, De diversis quarst., loc. cit., col. 20. La vertu est donc une disposition possédée par l’âme d’une manière stable et permanente — tel est le sens d’habitus — qui la fait se conformer à la raison comme tout naturellement. Telle est la notion dont part saint Augustin pour affirmer que, le juste devant vivre de sa foi, cf. Rom., i, 17, c’est parce qu’il sera fidèle, qu’il sera également prudent, fort, tempérant, juste. Une vertu purement humaine, ne s’inspirant pas de la foi, ne serait donc pas une vraie vertu, (’.ont. Julianum pelag., t. IX, n. 19, P. L., t. xxiv, col. 747. — Une seconde définition présente la vertu comme « l’art de bien vivre et d’une façon correcte ». De civ. Dei. 1. IY, c. xxi ; t. IX, c. iv, n. 1 ; 1. XXII. c. xxiv. n. 3, t. xli, col. 128, 258, 789 ; cf. De libero arbitrio, 1. IL c. xviii, n. 50. t. xxxii, col. 1207. Or, la vie présente ne pourrait clic qualifiée de bonne et de correcte, si elle n’était ordonnée à la félicité éternelle. C’est pourquoi, dans le dernier texte cité. Augustin conclut que la vertu est « l’art de parvenir à la félicité éternelle ». Aussi la vertu rend-elle l’âme excellente, optimam ; clic est l’habitus et comme la qualité de l’âme sage. De moribus Eccles, calh.. I. I. n. 9, t. xxxii, col. 131 I. Elle nous conduit à la vie bienheureuse, laquelle est l’amour souverain de Dieu. Ibid., n. 25, col. 1322.

Seule donc est vraie la vertu qui combat, non pour l’orgueil, mais pour Dieu. Serin., CCXXXXV, il. 1. t. XXXVIII, col. 1293. Lue vertu qui ne se rapporterait pas à Dieu serait vice plutôt que vertu. De <ir. I)i i. I.. c. xxv, t. XLI, col. 056. Inutiles donc les vertus humaines ordonnées à la vainc gloire ou a la volupté du corps. Ibid.. I. Y, c. xix, col. 165-166 ; cf. c. xx, col. 167. Pour cire de vraies vertus, elles doivent concerner la vie éternelle. Epist., o-v, ii, 9.

t. XXXIII, Col. 670. On retrouve la une des pensées

Fondamentales de la conception augustinienne. On a pu même se demander sj Augustin n’admettait

pas qu’une seule vertu véritable, la charité. Voir ici ii..ol. 2435-2436.

Lue autre pensée, non moins fondamentale, et qui

est un de pivots de la controverse pélagieiine et semipélagienne, c’est que les vertus viennent de Dieu lui-même et que l’âme ne peut s’en glorifier ; c’est à la bonté, à la grâce de Dieu que nous les devons. De civ. Dei, t. XX, c. xxv ; cf. X, c. xxii ; IV, c. xxi ; IX, c. iii, XXII, c. xxiv, t. xli, col. 656, 300, 128, 258, 790 ; Cont. Julian. pelag., I. IV, n. 47, 48, t. xliv, col. 762 ; De libero arbitrio, t. II, c. xix, t. xxxii, col. 1267 sq. ; Relruct., t. I, n. 6, ibid., col. 598.

Toute cette économie de la grâce venant après la Loi est magnifiquement exposée dans V Enarr. in ps. lxxxiii, n. 11. Les bienfaits de la grâce se manifestent d’abord dans les vertus des charismes, cf. I Cor., xii, 8 sq., pour nous conduire de ces vertus à la vertu. Cette Vertu unique est finalement le Christ, « Vertu de Dieu et Sagesse de Dieu » (I Cor., i, 24). « C’est Lui, le Christ, qui nous donne en ce monde les vertus, lui qui, au lieu et place de toutes les vertus nécessaires en cette vallée de larmes, nous donnera une seule vertu, lui-même. » Augustin énumère ensuite les quatre vertus principales : « Ces vertus, ajoute-t-il, nous sont données par la grâce de Dieu dans cette vallée de larmes ; mais par elles, nous allons à la Vertu. » Et, dans l’autre vie, toutes les vertus d’ici-bas se fusionneront en une seule, la contemplation de Dieu. P. L., t. xxxvii, col. 1065 sq. Cf. Epist., clv, n. 11, t. xxxiii, col. 671-672. Ainsi, « ici-bas, les vertus agissent. Au ciel, elles auront obtenu leur effet ; ici-bas, l’oeuvre, au ciel, la récompense ; ici-bas, le devoir, au ciel, le terme final ». Ibid., n. 16, col. 673.

Deux indications subsidiaires doivent être retenues : les vertus d’abord ne doivent pas être séparées l’une de l’autre. De Trinitate, t. VI, n. 6, t. xlii, col. 927 ; cf. Epist., clxvii, n. 4-13, t. xxxiii, col. 735738. Mais, en tout juste, une vertu est prédominante. Ibid., n. 14, col. 739. — Il faut, d’autre part, distinguer la vertu simplement possédée (in habitu) et la vertu agissante (in opère). De bono conjugali, n. 2526, t. xl, col. 390-391. C’est la distinction de la vertu et de l’acte vertueux.

4. Après saint Augustin.

Quelques auteurs méritent une mention. — a) Prosper d’Aquitaine. — Il s’inspire d’Augustin pour réfuter le semipélagianisme de Cassien. Dieu est la vertu par essence ; il ne peut exister en nous de vertus que par Dieu et Dieu seul peut rendre la vertu à qui la perd. Las de vraie vertu chez l’impie. Contra Collatorem, c. xiii, /-*. L., t. li, col. 247-252. L’erreur de Cassien a été de dire que l’homme par lui-même peut avoir le désir de la vertu. Ibid., c. iv, col. 223-225.

b) Julien l’omère. Cet auteur affirme également que toute vertu doit être orientée vers le salut, spécialement la vertu de continence. De vita contemplativa, I. II, c. xvi, P. L., t. lix, col. 498-500. Il reprend le symbole des quatre fleuves figurant les quatre vertus. Ibid., c. xviii, col. 501 ; cf. c. xwn. col. 509. lue curieuse expression à relever à propos de la justice : c’est la vertu sociale, socialis virtus. Ibid.. c. XXVIII, n. 1. col. 510 B. Les vertus demeurent dans l’autre vie, mais adaptées à la nouvelle situation des élus. C. xxxiii. col. 518.

c) Saint Fulgence. Il fait dériver vir et vtrgo de virtus. Epist., m. n. 8. P. L.. t. i.xv, col. 327 A. Il affirme que la vertu est donnée par Dieu aux hommes pour réparer les Infirmités de la nature ; elle procède du Christ, qui est la vertu et la sagesse du

Père. Ad Trastmundum, l. ii, c. m. col. 216-247. (/) Saint Grégoire le Grand, Jusqu’ici, la foi, l’espérance et la charité avaient été considérées plutôt comme principe et source « les vertus. Saint Gré goire émet à leur sujet quelques précisions, dont la