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VERTU. ENSEIGNEMENT DES PÈRES

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Sur l’enseignement général de saint Paul, on consultera l’art. Paul (Saint), t. xi, col. 2432 (le don de la justice de Dieu), 2439 (la justification), 2442 (la foi), 2444 (les fruits de la justification et la vie chrétienne), 2460 sq. (les conditions de l’appartenance au corps mystique du Christ), 2I7.V2 177 (la prière, la discipline et ses exigences). Voir également Romains (Êplire aux), t. xiii, col. 2887 (condition morale et destinée de l’homme), 2890 (Mystique) ; Corinthiens (Première éptlre aux), t. iii, col. 1855 (vertus théologales, prière) ; CoRiNTHiENS(.S’m>n</ei ; pf7re « ij.r), ibid., col. 1859 (onction et sigillation), 1860 (transformation) ; Galates (Éptlre aux), t. vi, col. 1046 qustification par la foi), 1050-1051 (conséquences morales) ; IÏphésiens (Épttre aux), t. v, col. 185-187 (morale) ; Philippiens (Épllre aux), t.xii, col. 1429 sq. qustification) ; cf. col. 1426 (commentaire de ii, 5) ; Colossiens (Êplire aux), t. iii, col. 384-385 (morale) ; Thessaloniciens (Êplire aux), t. xv, col. 591 sq. ; Timothée et Tite (Épttres à), ibid, col. 1050 sq.

On trouvera, à ces références, de nombreuses indications relatives aux vertus préconisées par saint Paul dans la vie chrétienne. On se référera également à F. Prat, La théologie de saint Paul, t. ii, Paris, 1923, p. 401 sq., 560-561.

Conclusion.

De ces indications scripturaires,

deux points ressortent spécialement. — 1. La vertu, d’après la conception chrétienne est un principe intérieur de vie morale, qui doit diriger les relations de l’homme avec Dieu et avec ses semblables. Quand elle n’est pas la charité elle-même, amour de Dieu et amour du prochain, elle procède de cette charité ou s’en inspire pour orienter nos œuvres conformément aux exigences de notre destinée éternelle. — 2. La vertu ne saurait être considérée comme un secours passager ; elle est un principe intérieur, stable, permanent, nous communiquant une réelle fermeté dans le devoir et assurant notre persévérance dans le bien ; elle est donc une disposition de l’âme, marquant l’étonnante conversion de notre être tout entier, antérieurement tourné vers le mal et désormais, grâce à la rédemption du Christ et à la justification qui en procède, orienté vers le bien.


II. ENSEIGNEMENT DES PÈRES.

Les différentes acceptions du mot « vertu » signalées dans l’Écriture, se retrouvent chez les Pères dans leurs commentaires des textes sacrés.

Le mot « vertu ».

1. Vertus, anges ou puissances célestes.

S. Hilaire, In ps. cxviii, n. 9 ; in ps. CXXXVI, n. Il ; In Matth., c. iii, n. 5, P. L., t. ix, col. 604 B, 782 A, 931 A ; S. Cyrille de Jérusalem, Cat., xxiii, n. 6, P. G., t. xxxiii, col. 1114 B ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., xxviii, n. 31, t. xxxvi, col. 72 B ; S. Jean Chrysostome, Serm. paneg. de resurreclione morluorum, n. 7 (àTretpooc Suvàfisiç, vertus innombrables), t. l, col. 429 ; cf. In Gen., homil. iv, n. 5, t. lui, col. 44 ; S. Jérôme, Apol. adv. libros Rufini, t. I, n. 23, P. L., t. xxiii, col. 435 C ; S. Grégoire le Grand, Moral., t. XVII, c. xxix, n. 44 ; In evang. homil., t. II, homil. xxxiv, n. 7, 10, P. L., t. lxxvi, col. 31 C, 1249 D, 1251 CD. Dans ce dernier texte, saint Grégoire expose que les « Vertus » sont ainsi appelées, parce que ce sont les anges députés par Dieu pour accomplir des miracles. Enfin, S. Jean Damascène, De fide orth., t. II, n. 3, P. G., t. xciv, col. 872.

2. Vertu, puissance en général, émanation de la puissance divine.

S. Hilaire appelle « vertus » les dons et pouvoirs surnaturels conférés en vue de l’évangélisation, In ps. LXVII, n. 12, 21, P. L., t. ix, col. 451 B, 457 C. Même des puissances ennemies sont des vertus. Ibid., n. 23, col. 459 C. Le Christ est « la Vertu de Dieu », ibid., n. 29, col. 464 AB, cf. n. 35, col. 467 BD. Dans le commentaire In ps. LIX, n. 13, il identifie « vertus » et armées, col. 390 B. Voir des interprétations analogues dans le commentaire //i Matth., c. vi, n. 5 ; c. xi, n. 9, 10 ; c. xiv, n. 2, col. 952 D, 982 C, 983 B, 997 A. Le sens de « puissance » se trouve également chez saint Ambroise, Expos, in Lucum, t. IV, n. 8 ; t. V, n. 4, P. L., t. xv (1849), col. 1614, 1636. Saint Jérôme accueille le sens de « force », « secours », « miracle » en plusieurs de ses commentaires : In Is., 1. XVII (c. lxiii, 7), P. L., t. xxiv, col. 637 BD ; cf. In Matth., 1. I (c. vii, 22), 1. II (c.xii, 20-21, 23-24 ; ’c. xiv, 58), P. L., t. xxvi, col. 50 C, 76 BC, 77 AB, 99 C. Dans un sens qui se rapproche du concept théologique de la vertu, sans s’éloigner cependant de l’idée de force ou de secours, saint Augustin parle de la vertu du Christ se substituant à la nôtre défaillante. In ps. LXX, enarr. i, n. 10, P. L., t. xxxvi, col. 881.

Le concept théologique de la vertu.

1. Les Pères apologistes.

Sans formuler d’une façon précise ce concept, les premiers apologistes, en opposant les vertus des chrétiens à la vie des païens, font ressortir l’idée fondamentale que la vertu est ordonnée vers le bien.

Dans Y É pitre à Diognète, le caractère moral et spirituel de la vertu apparaît dans la conclusion finale des oppositions relevées au c. v : « Ce qu’est l’âme dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde ». vi, 1. Aristide montre que la vertu permet aux chrétiens de vivre saintement et dans la justice. Apol, 15, P. G., t. xevi, col. 1121 CD. Théophile d’Antioche énumère les vertus pratiquées par les chrétiens : tempérance, continence, unité du mariage, chasteté, justice, obéissance aux lois, culte divin, foi. Ad Autol, iii, 18, P. G., t. vi, col. 1141 B. Voir également Minucius Félix, Octavius, 31, 35, P. L., t. iii, col. 337 A, 349 A ; Tertullien, Apologeticus, 1, 35, 38, 44, 50, t. i (1844), col. 307, 456-459, 471, 534. Ces vertus, déclare Origène, sont comme les lumières du monde. Cont. Celsum, III, 29, P. G., t. xi, col. 957 B. Lactance explique pourquoi les païens ne sauraient être bons, ayant abandonné religion et vertu, Div. Inst, t. V, c. v-vi, P. L., t. vi, col. 563569, tandis que, bons parce que vertueux, les chrétiens ne se contentent pas de connaître le bien, ils le pratiquent. L. V, c. xvi-xvii, xix ; t. VI, c. v, col. 599-604, 609, 651-657.

2. Avant saint Augustin.

a) Lactance. —

Lactance, le premier, s’est efforcé de préciser le concept chrétien de la vertu. Il adopte l’étymologie proposée par Cicéron, virtus venant de vir. De opif. Dei, c.xii, P. L., t. vii, col. 57 B. Mais, dans les Institutiones, t. VI, c. v, il veut préciser l’idée de vertu, si souvent déformée par les philosophes. La vertu, dit-il, n’est pas la science du bien et du mal, du honteux et de l’honnête, de l’utile et du moins utile. La science nous vient de l’extérieur ; la vertu doit nous être intérieure et réside dans la volonté de faire le bien. La science du bien peut exister sans la vertu ; il faut donc dire que « la vertu consiste, non à connaître le bien et le mal, mais à faire le bien et à éviter le mal ». P. L., t. vi, col. 650-651.

b) Saint Ambroise.

Aux quatre vertus énumérées par Platon : aoçtoc (Stoïciens : cppôvrfîiç), àvSpeta, ato9poCTÙv7), StxatoaûvT), République. t. IV, c. vi, et par Cicéron, forlitudo, lemperantia, prudentia, justitia, De finibus bonorum et malorum, t. V, c. xxiii, n. 67, saint Ambroise semble avoir été le premier à donner le nom de vertus cardinales. Voir ici, t. ii, col. 1714. Interprétant Gen., ii, 10, il voit dans le fleuve qui arrosait le paradis terrestre le symbole du Christ et, dans les quatre fleuves qui en découlent, les quatre vertus cardinales : le Phison est la prudence, le Géhon la tempérance, le Tigre la force, l’Euphrate la justice. De paradiso, c. iii, n. 14-18, P. L., t. xiv (1845), col. 280-282.

Un autre point, mis en relief par saint Ambroise (après Cicéron, loc. cit.) est le lien qui unit entre elles