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VERSIONS ANGLAISES


rendit la Vulgate en excellent français. On peut passer plus vite sur les travaux de Ch. Huré (1702), de dom Calmet (1707), de Nicolas le Gros (1739). Mais il faut au moins signaler le N. T. de Trévoux (1702) dont, en dépit de l’anonymat, il faut attribuer la paternité à Richard Simon. Plus importante encore est la traduction sortie des milieux jansénisants, qui, sous le nom de « Nouveau Testament » de Mons (1667), avait pour auteurs les deux frères Antoine et Louis-Isaac Le Maître de Sacy, assistés par tout l’étatmajor du parti. Plus tard, parut encore l’A. T., œuvre à peu près exclusive d’Isaac et se donnant comme une traduction de la Vulgate. Sa perfection littéraire et l’heureuse combinaison de la traduction directe et de la paraphrase lui assurèrent un long succès, non seulement dans les milieux catholiques, malgré les nombreuses censures dont elle fut l’objet, mais chez les protestants mêmes. Il faut encore signaler parmi les traductions ultérieures celle d’Eug. Genoude, voir ici l’art. Genou, t. vi, col. 1225. Plus récemment la traduction de Crampon, d’abord éditée comme accompagnant un cours complet d’Écriture sainte, puis publiée séparément, a connu un très grand et très légitime succès. Toute cette efïïorescence de Bibles catholiques en français montre que, chez nous, on a toujours interprété d’une manière assez large les défenses romaines concernant la lecture par les laïques des traductions scripturaires.

Les protestants de langue française semblent avoir été moins heureux dans leurs tentatives pour substituer au vieux texte de Genève quelque chose de plus adapté aux progrès de l’exégèse et de la linguistique. A une date très rapprochée de nous, J. F. Osterwald a fourni une Sainte Bible, souvent réimprimée ; L. Segond a donné une traduction sur les textes originaux qui mérite d’être signalée ; de même la Bible dite du centenaire, qui, malgré son format un peu embarrassant, représente un heureux effort dans le sens d’une traduction scientifique de l’Ecriture.

En France, comme en Allemagne, il y a lieu également de tenir compte des traductions partielles réalisées dans des commentaires bibliques plus ou moins complets. Des œuvres comme celles du protestant Edouard Reuss, au milieu du xix c siècle, ou comme les Études bibliques plus récentes des Pères dominicains fournissent ainsi d’excellentes traductions.

2. Traductions en langue d’oc.

Il est très difficile de savoir jusqu’à quel point les auteurs du mouvement vaudois sont responsables des traductions en langue d’oc du N. T., qui existent encore aujourd’hui en divers manuscrits. Tel de ces mss. (celui de Zurich), que l’on mettait au xiie siècle, provient seulement du xvr », bien que son texte puisse remonter, dans sa forme primitive, à une date beaucoup plus ancienne.

A côté de ces traductions vaudoises, il en existe en provenance des cathares ; l’une d’elles contient à la fin une liturgie de la secte, encore que l’on ne puisse révéler dans le texte biblique la moindre trace d’hérésie. Il y a encore deux autres traductions provençales du N. T., dont l’une témoigne qu’elle est linon d’origine vaudoise, du moins qu’elle était en usage dans les milieux en question,

3. Traductions italiennes.

La tradition suivant laquelle Jacques de Voragine († 1208), l’auteur de la Légende dor/c. aurait ((imposé une Bible italienne ne peut /tic qu’une légende. Les bibliothèques italiennes ne connaissent aucun ms. italien de la Bible antérieur au xiv siècle ; mais il y avait Certainement des traductions au xiii*. Ces Bibles ne reposent directement sur la Vulgate, mais sur des traductions françaises ou provençales. Ce sont ces traductions qui sont au point de départ des premières impressions du xve siècle et même, plus ou moins retouchées, à la base de l’édition d’Ant. Bruccioli en 1532. Puis, pendant de très longues années, la Bible cesse d’être mise par les catholiques à la disposition des Italiens. Il faut attendre le mouvement janséniste dans la péninsule, pour voir paraître à Turin en 1776, une Bible italienne, par les soins de l’archevêque de Florence, Antoine Martini. Cette Bible a été finalement rééditée, en 1889, par une librairie catholique de Milan.

Les protestants n’étaient pas demeurés inactifs ; les Italiens réfugiés à Genève traduisent le N. T. du grec et, pour l’A., se contentent de reviser la traduction de Bruccioli ; on eut ainsi, en 1562, la première Bible protestante italienne ; elle fut remplacée, en 1607, par celle de J. Diodati de Lucques, un des meilleurs travaux, paraît-il, qu’ait produits la Réforme et qui est encore répandu aujourd’hui.

4. Traductions espagnoles.

Il faut distinguer les versions catalanes des castillanes. Pour les premières, les mss. abondent, qui présentent des parties de l’Écriture, entre autres le N. T. et le Psautier. Mais il est impossible de prouver que le dominicain Romeu Sabruguera de Majorque († 1313) ait travaillé à une traduction complète de la Bible. En tout état de cause, la plus grande partie des versions catalanes remontent soit à la Vulgate, soit à la traduction française du xiiie siècle ; mais c’est de beaucoup cette dernière traduction qui a eu le plus d’influence. On est moins au clair sur la question des incunables. Les bibliographies signalent une Bible imprimée à Valence en 1478, en « limousin », dont on fait remonter la traduction à un chartreux, dom Boniface Ferrer († 1417), cf. ici t. v, col. 1279 ; mais on n’en connaît pas d’exemplaire imprimé.

L’histoire des versions castillanes est encore plus obscure. Il faut arriver au xve siècle pour trouver des données certaines, à savoir la traduction de l’A. T., à partir de l’hébreu, par la collaboration de Juifs, baptisés ou non, et de frères mineurs. L’initiative de cette entreprise remonte à don Luis de Gusman, grand-maître de l’ordre de Calatrava (1422).

La Réforme n’eut guère d’action en Espagne ; plusieurs traductions espagnoles furent néanmoins éditées, mais toutes en dehors du pays, à Anvers, à Genève, à Bàle ; elles curent beaucoup de mal à franchir la frontière. C’est seulement à la fin du xviii c siècle que l’Espagne reçut d’un ecclésiastique catholique, Philippe Scio de San-Miguel, une Bible complète d’après la Vulgate, Valence, 1790. Chose à noter, c’est cette traduction qu’a reprise, au xixe siècle, la propagande biblique protestante.

Versions bibliques dans les pays anglo-saxons.

Abstraction faite des poèmes bibliques attribués à tort à l’anglo-saxon Cædmon et dont nous ne savons quasi rien, abstraction faite encore d’une traduction de saint Jean, qui est la dernière œuvre de Bède (f 26 mai 735), ce sont les Psaumes qui, ici encore, paraissent avoir été traduits les premiers par un inconnu, après 778. Il ne semble pas que, dans son entreprise de doter son royaume d’une littérature eu anglo-saxon le roi Alfred († 899) ait fait place à une traduction même partielle de l’Écriture. C’est pourtant au IXe siècle que fut faite une traduction des évangiles et un peu plus tard une glose interlinéaire des Psaumes et (les évangiles. Ln siècle après, en 997 998, l’infatigable traducteur anglo-saxon, Aelfrie (t fin du x p siècle), traduisait le Pentalcuque et Josué.

Il faut arriver jusqu’à Wlclef (1324-1384) pour trouver une Bible complète en anglais, à qui 1rs disciples du novateur s’efforcèrent de donner la plus