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Y K USIONS MEDIEVALES ET MODERNES — '28

° Versions coptes.

Les deux versions bohaïrique et sahidique sont maintenant bien connues et publiées au complet. Qu’il s’agisse des évangiles, des Actes, des épîtres paulines et catholiques, elles ont toutes deux le même caractère : c’est une traduction littérale d’un texte étroitement apparenté à celui du Vaticanus et à la recension H dont ce ms. donne un bon type. La sahidique paraît la plus ancienne ; la bohaïrkpje a fait un effort pour se rapprocher plus étroitement du grec.

Version arménienne.

Dans la Bible arménienne publiée par J. Zohrab, la traduction du Nouveau Testament est particulièrement soignée. Il paraît évident qu’ici, plus encore que pour l’Ancien Testament, c’est du grec et non du syriaque que sont partis les traducteurs. Pour ce qui est des évangiles, la version arménienne témoigne d’une certaine indépendance : la finale deutérocanonique de Marc est fréquemment omise (on sait que c’est dans un des mss. arméniens que se trouve l’attribution de ce passage à « Ariston le presbytre » ) ; plusieurs mss. la détachent soit qu’ils la laissent à la fin de Marc, soit qu’ils la renvoient à la fin des évangiles avec d’autres passages discutés ; le texte est, d’ailleurs, toujours traité avec beaucoup de liberté. Le passage Lue., xxii, 43-44 est, lui aussi, très souvent omis. À la finale de Luc, xxiv, 53, un ms. du xiie -xme siècle ajoute un récit de l’ascension qui n’a pas d'équivalent dans le grec. La péricope de la femme adultère, Joa., vii, 53-vnr, 11, est omise par plusieurs mss. ; la plupart l’ont, mais la placent en appendice à saint Jean ; un petit nombre enfin l’ont dans le texte même, mais dans une recension assez divergente. En somme, dans l'Église arménienne le récit en question ne faisait pas partie des évangiles au même titre que le reste de la matière évangélique. Pour les Actes, le texte présente les mêmes caractères que dans les évangiles ; sans offrir de relations particulières avec l’ancienne syriaque, il se rapproche beaucoup du type B, tout en contenant quelques leçons « occidentales » et certains détails du texte antiochien. Les Épîtres donneraient lieu aux mêmes remarques. L’Apocalypse n’a pas été admise dans le canon arménien avant le xiir 3 siècle ; aussi les mss. fournissent-ils de multiples recensions fort différentes les unes des autres, ce qui n’empêche pas la traduction d'être ancienne.

Venue de l’arménien, la version géorgienne constitue un des meilleurs témoins du type césaréen, mélange de B et de D.

Versions gothiques.

Celle du Nouveau Testament est infiniment mieux conservée que celle de l’Ancien. S’il ne reste rien des Actes, et seulement des morceaux, d’ailleurs assez considérables, des épîtres paulines, par contre les évangiles, sauf le premier, sont assez bien conservés : Marc est presque complet, il manque peu de choses dans Luc et Jean. La plus grande partie des textes conservés se trouve dans le Codex argenteus, d’Upsal, qui a été reproduit photographiquement. Cette version est d’une grande littéralité, rendant presque le grec, sur lequel elle a été faite, de verbo ad verbum et traduisant toujours le même mot de la même manière. Le texte suivi, comme il fallait s’y attendre, est celui de Constantinople, représenté pour les évangiles par VAlexandrinus et aussi par les citations de saint Jean Chrysostome. L’intérêt de la version gothique serait justement qu’elle fournit le témoin le plus ancien de ce texte. Il faut observer cependant que le texte donné par le Codex argenteus a toutes chances d’avoir été fortement revisé, et non point d’après le grec, mais d’après le latin ; c’est le latin qui aurait introduit dans la version gothique un certain nombre de leçons i occidentales ». Cette révision se placerait de très bonne heure, au plus tard au début du Ve siècle. Les mêmes conclusions se dégagent de l'étude des textes pauliniens, où se retrouvent les mêmes leçons que dans Jean Chrystostome. On a donc affaire avec un texte antiochien, qu’il serait intéressant de dégager des retouches latines qu’il a subies.

Outre les renseignements procurés par Nestlé dans l’article cité plus haut, on a utilisé principalement M.-.J. Lagrange, Critique textuelle, II. La critique rationnelle, Paris, 1935 (dans la série Études bibliques). On y trouvera mentionnées les diverses éditions des versions passées en revue et qui sont toutes à l’intention des spécialistes.


III. Versions médiévales et modernes de la Bible.

On peut dire que la Bible, soit complète soit dans ses parties essentielles, a été traduite dans la plupart des langues qui se parlent et se sont parlées dans le monde. Il serait impossible de donner une idée même sommaire de cet ensemble de versions. Du moins peut-on remarquer que, de très bonne heure, on s’est préoccupé dans l'Église de mettre la parole de Dieu à la portée du plus grand nombre d’hommes. On n’a pas attendu les protestations de la Réforme (et de la Préréforme) contre l’ostracisme qui aurait interdit aux simples fidèles la lecture des saints Livres. Si, par réaction, l'Église, à partir du xvi c siècle, s’est montrée quelque peu timorée au sujet de la mise à la disposition des chrétiens ordinaires de Bibles en langue vulgaire, il serait injuste de méconnaître les efforts faits par nombre de ses fils pour faciliter l’usage des parties les plus essentielles de la littérature inspirée. Sur la question de la lecture de la Bible voir la note à la fin de l’article, col. 2738.

Les traductions latines à l’usage des savants.

Jusqu’au début du xixe siècle, le latin est demeuré la langue des savants et tout spécialement des exégètes et des théologiens. Ceux-ci éprouvèrent de bonne heure le besoin de prendre un contact aussi direct que possible avec les écrits originaux de la Bible. La connaissance de l’hébreu et du grec étant peu répandue, ils demandèrent qu’on mît à leur disposition des traductions du texte original, se rendant plus ou moins obscurément compte que la Vulgate latine, en dépit de ses réelles qualités, n’en constituait qu’une approximation. Nicolas de Lyre († 1349) se rend compte de la nécessité de recourir au texte hébreu de l’Ancien Testament ; cf. ici, t. ix, col. 1413 sq., et il ne s’en prive pas dans ses Postules. Raymond Martin, cf. ici, t. viii, col. 1889, dans la préface de son Pilgio fidei avait déclaré, avant Nicolas, qu’il voulait dans ses controverses avec les Juifs, traduire directement d’après l’hébreu les textes sacrés. Le cardinal anglais, Adam Easton († 1397) passe pour avoir travaillé à une traduction nouvelle de l’Ancien Testament sur le texte original ; mais cette œuvre, si tant est qu’elle ait été réalisée, est entièrement perdue.

L'éveil de l’humanisme, au xv c siècle, va accentuer le besoin des savants : le pape Nicolas V encourage Giatmezo Manetti à faire sur les textes originaux, une traduction complète de la Bible ; cf. J. Guiraud, L'Église et les origines de la Renaissance. 2e édit., 1912, p. 246 sq. Seuls furent traduits le Psautier et le Nouveau Testament ; ces deux traductions se sont d’ailleurs perdues.

La Réforme en inspirant pour le texte scripturaire une véritable superstition, en montrant son dédain pour la tradition, en exigeant le retour aux « sources pures » de la parole divine, ne pouvait que développer les efforts faits antérieurement. Presque tous les réformateurs ont à leur compte des traductions latines, très partielles en général, des textes bibliques