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VERSIONS DIVERSES ANTIQUES


à la disposition du traducteur, elle n’est pas élucidée.

On ne peut guère séparer de la version arménienne la géorgienne, que la tradition rattache, elle aussi, à Mesrob, le fondateur de la littérature arménienne. Cette version vient-elle du grec directement ou par l’intermédiaire de l’arménien ? Les critiques après avoir penché pour la première hypothèse adoptent plus volontiers la seconde, qui explique mieux un certain nombre de contre-sens et d’erreurs. Ces défauts furent d’ailleurs ultérieurement éliminés par des réviseurs travaillant sur un texte grec. En tout état de cause, la version géorgienne serait un témoin des plus importants du texte hexaplaire.

Versions arabes.

Elles sont très nombreuses,

mais n’ont qu’une importance restreinte pour la critique biblique et l’exégèse ; à peu d’exceptions près, en effet, elles dérivent du grec, du latin, du copte, du samaritain, du syriaque. Elles mériteraient d’ailleurs plus d’intérêt de la part des linguistes, d’une part et surtout des historiens, car chrétiens, juifs, samaritains, musulmans y ont travaillé, ces derniers dans une intention de polémique contre les autres « fidèles du livre ». Rien n’est connu de versions antérieures à l’Islam ; Mahomet ne savait que par ouï-dire les faits et les enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament. À en croire les historiens arabes, il y aurait eu néanmoins une traduction de la Torah et des Prophètes (sans compter le Nouveau Testament) dès la fin du viie siècle de notre ère ; on n’en a rien retrouvé. On se demande aussi d’où proviennent d’assez abondantes citations de l’Ancien et du Nouveau Testament utilisées par des polémistes ou des théologiens musulmans des siècles suivants. Mais un jour vint où l’arabe fut la langue courante des nombreux chrétiens passés sous la domination musulmane. À leur usage, la Bible dut être traduite, comme aussi à l’usage des Juifs, nombreux dans tous les pays conquis. D’où la multiplicité des traductions, surtout partielles, mais quelques-unes aussi complètes, de la Bible. Les unes partirent de l’hébreu, et cela jusqu’au xviie siècle ; d’autres du texte samaritain, comme celle d’Abou-Saïd au xi c siècle ; d’autres du copte (dans certains mss. l’arabe figurant à côté du copte) ; d’autres du latin, telle l’édition de la Bible en arabe et latin fournie par la S. C. de la Propagande en 1671 ; d’autres du syriaque ; d’autres enfin du grec. C’est donc tout un monde que ce domaine des versions arabes de la Bible.

Version gothique.

On a dit à l’article Ulfila,

ci-dessus, col. 2048, le rôle considérable que joua cet évêque arianisant dans la conversion au christianisme arien des Goths et par là de nombreux peuples germaniques. Il est certain qu’UIfila créa l’écriture gothique dans le dessein de donner à son peuple les Livres saints dans leur langue et qu’il traduisit en goth une partie importante de la Bible. Quels livres ? Il est très difficile de le dire pour ce qui est de l’Ancien Testament (nous sommes bien mieux renseignés pour le Nouveau). Il n’en reste, en effet, que des débris : Gen., v, 3-30 ; II Esdr., xv, 13-16 ; xvi, 14-xvii, 8 ; xvii, 13-45 (d’après les Septante = Neh., v, 13-16 ; vi, 14-vn, 3 ; vii, 13-45), découverts en 1817 par A. Mai, dans le ms. G. 82 sup. de l’Ambrosienne. C’en est assez néanmoins pour montrer que la Bible gothique — on pouvait d’ailleurs s’y attendre — suit la recension lucianique des Septante. Voir le texte dans P. L., t. xviii. Nous n’avons pas à étudier ici les traductions de la Bible en haut-allemand.

Version slavonne.

Elle remonte au milieu du

ix c siècle, étant due à l’activité des deux apôtres des Slaves, Constantin (Cyrille) et Méthode. Avant de

partir pour l’a Moravie, où ils devaient arriver en 864, il semble bien qu’ils avaient préparé une traduction en langue slave tout au moins des péricopes bibliques utilisées dans la liturgie. Ce dut être dans le dialecte qui se parlait à Thessalonique et aux environs, patrie des deux frères, et donc dans cette langue vieille-bulgare qui est aux origines de la langue ecclésiastique slave (slavon). En dépit de la tradition qui fait de Cyrille l’inventeur de l’alphabet dit aujourd’hui encore « cyrillique », cette traduction fut sans doute rédigée dans l’écriture glagolitique, utilisée jusqu’à nos jours dans les livres liturgiques Slovènes, et qui est de la minuscule grecque très déformée. Quant à savoir quels livres de la Bible furent ainsi traduits, il faut se défier de la tradition rapportée par la légende dite pannonienne de saint Méthode, suivant laquelle celui-ci aurait traduit l’ensemble des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. En fait on ne connaît point avant le xve siècle de recueils slaves contenant toute la Bible. Il est beaucoup plus raisonnable d’admettre, avec la légende de Cyrille, qu’avant le départ pour la Moravie Constantin avait traduit, en dehors du Psautier, les passages du Nouveau Testament (évangiles, actes, épîtres), peut-être même quelques-uns de l’Ancien, employés dans les offices. Les labeurs d’un apostolat, qui fut d’ailleurs très court en ce qui concerne Constantin, ne permirent guère à celui-ci de pousser bien avant son œuvre de traducteur. L’épiscopat de Méthode (| 885) fut bien traversé ; mais l’évêque a pu, aux dernières années de sa vie, trouver le temps de faire quelques traductions des livres bibliques. Tout cela s’est complété lentement au cours des siècles. Les mss. nombreux de la version slavonne ne sont jamais complets, avant les dernières années du xve siècle. À cette époque, l’archevêque de Novgorod, Gennade, réussit à se procurer les traductions slavonnes déjà existantes et exécuta lui-même les traductions qui manquaient — en partie d’après la Vulgate latine (qui lui fournit I et II Parai., i, II et III Esdr., Tob., Jud., Sapient., I et II Mach., Esth., x-xvi, Jer., i-xxv, xlvi-i.i) ; il rangea aussi les livres d’après la Vulgate. Le reste de sa Bible est emprunté aux traductions slavonnes préexistantes, repose donc sur le texte des Septante, mais provient aussi de versions d’âge et d’origine divers. Cette Bible de Gennade a servi, non sans des retouches de divers ordres, à l’impression de la première Bible slavonne, parue à Ostrog, en 1581, laquelle fut, à son tour, le point de départ des éditions ultérieures, plus ou moins officielles, de la Bible slavonne.

Il serait vain de tenter une bibliographie, même sommaire ; on trouvera, pour chacune des questions touchées ici, les indications utiles soit dans les manuels plus ou moins développés d’introduction à l’étude de la Bible, soit dans les encyclopédies bibliques : F. Vigouroux, Dictionnaire de la Bible avec son Supplément ; Hastings, A Dictionary o/ the Bible ; Cheyne, Encyelopiedia biblica ; Singer, A Jewish Encyclopœdia. — Nous avons surtout utilisé l’art. Bibeluberseteungen, dans la Protest. Realencyelopàdie. t. nr, 1897, p. 1-170, dû principalement à F.berh. Nestlé (avec quelques collaborateurs pour des questions de détail), à compléter par l’art, de même titre du supplément : t. xxiv, 1913, p. 206-227.

Pour ce qui est des Septante une bibliographie plus récente dans W. Christ-YV. Schmid-O. Stâhlin, Geschichte der griechischen Literatur, 6e éd., Munich, 1920, t. ii, p. 542-576 ; l’ouvrage capital reste H. B. Sweete, An introduction to the OUI Testament in greek, Cambridge, 19(10, 2° éd. 1902 (révisée par R. R. Ottley en 1914).

Nous indiquerons sommairement pour chaque version l’édition la plus courante ou la plus accessible.

Septante. — Voir ci-dessus col. 2714. — Les rares fragments des versions d’Aquila, Symmaque et Théodotion (en dehors de Daniel) sont rassemblés dans les éditions