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    1. VERSIONS##


VERSIONS. TRAVAUX CRITIQUES SUR LES SEPTANTE

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daient le passage d’Is., vii, 14, où les Septante avaient lu : « Voici qu’une vierge, rocpGévoç, concevra et enfantera » ; Théodotion d’Éphèse et Aquila du l’ont, tous deux prosélytes juifs, traduisaient : « Voici que la jeune femme, q veâviç, concevra et enfantera. » C’était énerver la fameuse prophétie relative à la conception virginale du Sauveur et, comme dit Irénée, « le signe de la vierge ». Cont. hær., III, xxi, 1, conservé en grec par Eusèbe, H. E., V, vin, 10.

1° Aquila (Voir ici t. i, col. 1725-1728). — Originaire de Sinope, dans le Pont, païen d’origine, il serait passé au christianisme à Jérusalem ; mais, ayant eu, à cause de certaines de ses opinions, maille à partir avec les autorités ecclésiastiques, il se serait fait prosélyte juif. Il vivait à l’époque d’Hadrien, avec lequel d’ailleurs il aurait été apparenté. On est mal renseigné sur la traduction qu’il entreprit des Livres saints ; il n’en subsiste que des fragments fournis d’un côté par les restes des Hexaples, de l’autre par des citations patristiques. Jérôme, qui pouvait lire dans les Hexaples sa version tout entière, qualifie Aquila « un traducteur diligent », cf. EpisL, xxxvi, ad Damasum, P. L., t. xxii, col. 457 : Aquila qui non contentiosius, ut quidam putant, sed studiosius verbum inlerpretatur ad verbum ; Epist., xxviii, ad Marcellam, 2, ibid., col. 433 : Aquila qui verborum hebrœorum diligenlissimus explicator est. Il ne laisse pas de lui reprocher sa servilité, cf. Epist., lvii, ad Pammachium, de optimo génère interpretandi, 11, ibid., col. 578. C’est ce dernier passage qui nous apprend qu’Aquila rendait la particule H X de l’hébreu, indiquant le régime direct, par le aùv grec avec l’accusatif : « Dieu créa aùv tov oùpxvôv xal aùv tyjv yyjv », disait-il, traduisant Gen., i, 1. À tout prendre, Jérôme l’estimerait plutôt et ne lui reprocherait certainement pas, comme Irénée, d’avoir falsifié les textes, ou tout au moins d’avoir atténué la portée des passages messianiques.

Théodotion.

Au dire d’Irénée, ci-dessus, il

était originaire d’Éphèse et prosélyte juif. Épiphane en fait un marcionite originaire du Font et passé au judaïsme. De mens, et pond., 17, P. G., t. xliii, col. 264. Jérôme est loin d’être précis : Ayant expliqué que les Églises grecques lisent Daniel non dans les Septante, mais dans Théodotion, il ajoute : qui utique post adventum Christi incredulus fuit, licet eum quidam dicanl ebionitam, qui altero génère judœus est. Comment, in Dan., prie}., P. L., t. xxv, col. 493.

On connaît beaucoup mieux la traduction de Théodotion que celle d’Aquila. D’abord la version de Daniel, comme nous venons de l’entendre de Jérôme, a supplanté, de bonne heure, dans l’usage ecclésiastique, celle des Septante. C’est elle par exemple qui se lit dans le Vaticanus, l’Alexandrinus, et tous les mss. importants de l’Ancien Testament, à l’exception du Chisianus (texte des LXX). D’autre part, il se trouve que, dans Jérémie, les Septante ont omis beaucoup de passages qui figurent dans le texte massorétique. Or, dans un ms., le Marchalianus ( = Vat. græc., 2125), ces passages omis sont donnés dans les marges sous le sigle 0’= Théodotion. C’est le cas, par exemple, de Jer., x, 6-10 ; xvii, 1-5 a ; xxix (xxxvi), 16-20 ; xxxiii (xl), 14-26 ; xxxix (xlvi), 413. Il est donc possible de caractériser assez exactement l’œuvre de Théodotion : elle serait plutôt une révision des Septante, qu’une traduction indépendante. Jérôme l’avait déjà remarqué. Cꝟ. 7/î Eccle., ii, 2, P. L., t. xxiii, col. 1024. Mais Théodotion a vraisemblablement utilisé aussi et revisé une traduction plus ancienne, car il se trouve que Josèphe, le Nouveau-Testament et les plus anciens écrivains chrétiens, quand ils citent Daniel, se rapprochent davan tage du texte de Théodotion que de celui des Septante.

Si Irénée a déjà connu le travail de Théodotion, il est bien difficile de placer celui-ci sous Commode (180-192), comme on l’a fait souvent.

Symmaque.

Tout est confusion dans les rares

données que l’on a sur lui : Fusèbe cite les trois traducteurs de l’Ancien Testament dans l’ordre Aquila, Symmaque et Théodotion. H. E., VI, xvi, à deux reprises. Il ajoute, ibid., XVII, que Symmaque était ébionite et qu’il circulait encore à son époque des « mémoires » de cet auteur où, prenant son point d’appui dans l’évangile de Matthieu, il s’efforçait de prouver cette hérésie. Épiphane le fait antérieur à Théodotion : c’était un Samaritain passé au judaïsme, De mens, et pond., 15, P. G., t. xi.ui, col. 261, qui aurait fait sa traduction au temps de Sévère (entendons Marc-Aurèle). Les quelques bribes qui subsistent de son œuvre montrent qu’il visait à une grécité correcte sans ser.vilisme, ce que dit également Jérôme : Symmachus qui non solel verborum xaxoÇi}Xûxv, sed intelligeniiæ ordinem sequi. In Amos, i, 11, P. L., t. xxv, col. 1019 ; cf. In Is., i, 1, t. xxiv, col. 21. Il paraît avoir connu les travaux antérieurs des Septante, d’Aquila, et de Théodotion. Résumant son impression sur ces divers traducteurs, Jérôme, ailleurs, s’exprime ainsi : Aquila et Symmachus et Théodotion… diversum pêne opus in eodem opère prodiderunt : alio nilenle verbum de verbo exprimere, alio sensum potius sequi, tertio non multum a veleribus discrepante. Inlerpret. Chronicse Eusebii, præf., t. xxvii, col. 36.

Autres traductions utilisées par Origène.

Outre

les traductions précédentes, Origène utilisa pour son travail critique sur les Septante, d’autres versions anonymes. On est mal renseigné sur ces textes qu’Eusèbe désigne simplement comme la 5e, la 6e et la 7e version. H. E., VI, xvi. Rufln, dans sa traduction de ce passage, a donné au texte d’Eusèbe une précision qu’il n’a pas : In Psallerio autem et aliis nonnullis interserit aliqua etiam de céleris istis editionibus, quas, quoniam s.ine nomine auctorum reppererat, sexlam et septimam editionem nominavit. Jérôme ne fait guère que transcrire Eusèbe : Prælerea (en outre des quatre traductions connues) quintam et sextam et septimam editionem, quas etiam nos de ejus bibliotheca habemus miro labore reperit et cum cœteris editionibus comparavit. De vir. ill., n. 54, P. L., t. xxiii, col. 665. On s’est demandé si ces versions s’étendaient à tout l’ensemble de l’Ancien Testament. Il est vraisemblable qu’il n’en était rien et que c’était simplement pour certains livres en certains passages que les Hexaples se complétaient par une 5e, une 6e ou une 7e traduction, ou seulement par l’une d’elles. On a relevé quelques fragments de la 5e dans les petits prophètes, les Rois, le Psautier, Job, les Proverbes, le Cantique ; de la 6e dans les mêmes livres et dans l’Exode ; de la 7e dans les livres poétiques. Les fragments conservés montrent que les auteurs visaient moins à la littéralité de l’expression qu’à son élégance. La traduction donnée d’Habacuc m, 13, par la 6e prouve que l’auteur était chrétien : è^YJXOsç toG acoaoci tov Xxôv aou Six’Iyjooûv tov ypiotov aou. Faut-il étendre cette conclusion aux autres ?

/II. TUA VAUX CRITIQUES SUR LES SEPTANTE. — La traduction des Septante doit sa conservation à l’Église. Dès le iie siècle de l’ère chrétienne, la Synagogue s’en était désintéressée et avait cherché à la remplacer. Les Septante, au contraire, couramment utilisés par les chrétiens était indéfiniment copiés et recopiés. C’était une cause d’altération et le besoin se fit sentir bientôt de remédier à la diversité des textes. Les grammairiens profanes d’Alexandrie avaient posé, depuis longtemps déjà, surtout à propos des