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VERMEERSCH (ARTHUR)

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canonici (cf. Van Hove, Prolegomena, Præfatio, p. vi), connu depuis par les savants travaux de M. le chanoine, puis Mgr Van Hove.

A cela, il faut ajouter diverses brochures, des articles dans la Catholic Encyclopedia et d’autres recueils ou revues. Il songeait aussi à l’élaboration d’un nouveau Bullarium plus complet et plus critiquement exact. Mais la guerre de 1914 empêcha la réalisation de cette idée, qui ne déliassa pas le stade d’un avant-projet, lancé par l’éditeur Beyært de Bruges.

Comme canoniste, le P. Vermeersch a éclairé surtout le domaine de la législation ecclésiastique concernant l’état religieux et les missions. Ses travaux accusent un sens averti des solutions vraies, une adaptation totale au nouveau droit accueilli par lui sans préjugé ; une constante franchise à commenter sans respect humain les réponses même romaines, cf. A. Vermeersch, Pour la science, dans Nouv. rev. théol., 1907, p. 5-11, la crainte de voir se perdre, pour l’Église, le bénéfice de cette législation nouvelle par des interventions officielles trop fréquentes et des interprétations maladroitement inspirées de l’ancien droit. Ses consultations livrent des appréciations personnelles, fruit de son expérience privilégiée et des solutions pratiques, que l’on ne trouve guère ailleurs.

Le moraliste.

Son enseignement, livré d’abord

dans des pages autographiées, et une partie importante de son œuvre imprimée ont donné au P. Vermeersch une réputation méritée de moraliste. Il commença par les Quæstiones de justitia ad usum hodiernum scholastice dispulalæ (1901) — un de ses ouvrages les plus soignés, surtout dans sa seconde édition (1904) — fruit d’un cours de thèses scolastiques auquel il attachait une grande importance en théologie morale. De cet enseignement scolastique proviennent aussi les Quæstiones de virtutibus religionis et pietatis (1912). Divers articles ou brochures fixèrent sa doctrine, sur le mensonge (1920), le probabilisme (1922), le droit de propriété (Soziale Krisen, 1929), etc. Eli 1912, son livre sur La Tolérance traita de l’attitude de l’État devant les diverses confessions religieuses. En 1919, peu de temps après son arrivée à Home, paraîtra le traité De castitate et de vitiis contrariis. L’encyclique (’.asti connubii lui donna l’occasion de composer un Catéchisme du mariage chrétien (1931). D’urgents problèmes contemporains et les ravages causés par l’attitude naturaliste lui faisaient rappeler les principes chrétiens sur la natalité (1909, 1910), la fin du mariage (1930), exprimer son jugement sur l’avortement indirect (1933), l’onanisme, l’eugénique et la délicate initiation de la jeunesse par les parents ou les maîtres.

Mais les quatre volumes de son grand ouvrage Théologie moralts principia, responsa, consilia (1922 1924), fruit de vingt-huit ans d’enseignement et d’études, révèlent surtout l’achèvement de sa pensée. Dans le t. i, r. Theologia fundamentalls, spécialement

en sa 3e éd. (1933), une pensée très personnelle s’ex prime avec vigueur et souvent avec une concision et une plénitude de sens qui sait ramasser les nombreux

aspects concrets d’une doctrine. I.e t. il. De virtutiim exercilatione, oriente décidément la inorale vers un exposé plus positif : noter spécialement le traité de la justice (291 621) ou se révèle une maîtrise achevée. I.e t. m réunit en un traité ranonico-moral tout ce

qui concerne les personnes, les sacrements et les lois de l’Église.

Les principe » et la méthode de sou enseignement

sont commandés par un souci constant d’adaptation au réel et l’application à mettre en valeur, pour répondre aux besoins critiques des esprits, les motifs

intrinsèques des preuves morales, sans se contenter des arguments extrinsèques d’autorité. Aussi la partie scolastique est-elle, dans son œuvre, plus poussée que la partie positive. Il croyait que la science morale était soumise à la loi du progrès ; que des arguments anciens devaient parfois être retouchés à la lumière des réalités contemporaines, tandis que des opinions surannées ne présentant que de fausses apparences de probabilité, devaient être négligées. Il tâchait de réaliser cet idéal par un travail personnel et original, qui ne laissait aucune question au point où il l’avait trouvée. La tendance moderne à l’analyse psychologique devait, selon lui, attirer l’attention croissante du moraliste sur les problèmes de la responsabilité et de l’imputation subjective. La théologie morale — tel était le résumé de sa pensée en 1929 — doit garder ou retrouver son caractère surnaturel : révélée de Dieu, il faut qu’elle retourne à lui en se résumant dans le double amour de Dieu et des hommes à travers l’amour personnel de Jésus-Christ.

Le but de la morale n’étant pas d’abord de cataloguer des péchés — comme une tradition trop exclusivement héritée des Livres pénitentiels et des Summie confessorum ou des Modi confitendi tendait à l’y pousser — mais de proposer l’objet des devoirs et des conseils, il s’en suit qu’il faut abandonner l’exposé trop négatif calqué sur la forme prohibitive des commandements pour prendre l’ordre des vertus, à l’exemple de saint Thomas. Par cet effort, le P. Vermeersch faisait progresser l’enseignement de la morale et la rapprochait d’un exposé plus dogmatique et rationnel. Ainsi encore, l’objet de la théologie morale n’est pas seulement l’obligatoire, mais embrasse le domaine des conseils évangéliques, de l’ascèse et de la mystique. Le titre même de son grand ouvrage de morale était intentionnel : la part était faite à la doctrine (principia), aux cas (responsa), et à la recherche de la perfection (consilia). En particulier, le P. Vermeersch signalait à l’effort du moraliste, contemporain le mal de l’individualisme, la part trop restreinte faite dans les manuels de morale aux devoirs sociaux, non seulement de justice mais de charité sociale envers les divers groupements de la société, les responsabilités internationales ou coloniales trop souvent ignorées : préoccupations qui ont inspiré son activité de sociologue. Les problèmes relatifs à la sexualité furent traités par lui avec une compétence théologique qui recourait aux spécialistes des sciences médicales. Ici encore, l’étude positive de la vertu de chasteté l’emportait sur l’étude des péchés qui s’y opposent.

En économie et dans le domaine de la justice, la situation créée par la guerre mondiale (1914-1918) posait des questions nouvelles et complexes, dont l’examen approfondi était indispensable au progrès de la théologie morale. Cf. A. Vermeersch, Soixante ans de théologie morale, dans NOUV. rev. théol., 1929. p. Kli.3-884.

3° Le sociologue. Les préoccupations que nous

révélait l’œuvre du théologien tirent jouer au P. Vermeersch un rôle social important en Belgique. Son Manuel social (1900), répertoire critique de la législation et des œuvres, devait être l’inventaire, le programme et le guide « en ce domaine. C’est de là que sortit le Guide social de Belgique (1911) publié avec la collaboration du P. A. Millier. S..1.. et continué plus tard, avec le même collaborateur, par les

Archives du manuel social (1921). où parurent les

Principes </< morale sociale ( 1921). Par ses brochures ou

articles, sa collaboration à divers organismes SOCiaUX, comme la Société d’économie politique de Bruxelles,

l’I’nion internationale d’éludés sonates de Malines