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VERBE. APRÈS LA CRISE ARIENNE


incarné. C. ix, col. 157 sq. On retrouve un bref commentaire de Joa., i, 1, dans le Thésaurus, xxxii, col. 529 D-533 C.

Ces idées maîtresses sont développées et défendues contre les hérétiques dans les deux ouvrages cités plus haut, tous deux dans le t. lxxv. Cyrille y parle plus volontiers du Fils que du Verbe en raison des objections qu’il est appelé à réfuter. Fréquemment, cependant, il envisage le Verbe éternel, consubstantiel, procédant du Père dans la même essence divine et gardant, dans l’incarnation, toutes les propriétés de la divinité. Telles sont, en effet, les indications générales qu’on trouve résumées dans les titres des Dialogues, et qui se retrouvent équivalemment dans les assertions du Thésaurus. Signalons quelques traits plus particuliers :

L’éternité du Verbe, Thés., iv, a pour corollaire sa coéternité au Père, v : « Dieu n’est pas devenu Père par une prérogative surajoutée ; mais le Verbe qui a procédé de lui, lui est coéternel ». Col. 64 B. La consubstantialité existe entre le Père et le Fils, sans qu’il ait division ni corruption du Père dans la génération du Fils, vi, et réciproquement, sans que, procédant du Père, l’essence du Fils subisse en cela aucune détérioration ou diminution, xiv, col. 233 B, ou reçoive un perfectionnement, une sanctification, puisqu’elle les possède par elle-même, xxiii, col. 385 AB ; cf. xiv, col. 237 A. Ainsi, le Fils ou Verbe est vie, lumière comme le Père. De Trin., ii, col. 741 C. Il est la sagesse, ibid., col. 776 B ; il est Dieu de Dieu, iv, col. 885 B ; iv, col. 906 D ; v, col. 928 C. La consubstantialité et la coéternité du Verbe sont enseignées dans le De Trin., i et ii, spécialement i, col. 693 C ; 700 C. L’éternité semble à Cyrille marquée dans Joa., i, 1, par l’imparfait îjv. De Trin., iii, col. 832 C. La génération éternelle du Verbe, De Trin., ii, col. 757 B, est en Dieu, non volontaire, mais naturelle et nécessaire. Thés., vii, col. 84 CD.

Les objections contre la consubstantialité et l’éternité du Verbe, spécialement celles tirées de Prov., vin, 22, sont réfutées. Thés., x, xi, xv, xix. Non seulement le Verbe n’est pas une créature, mais toutes choses ont été faites par lui, ibid., xv ; cf. xxix, col. 433 BD ; 456 B ; xxxii, col. 492 CD ; 497 C. Il est le Verbe créateur que doivent adorer les créatures, ibid., xv, col. 268 A ; cꝟ. 260 CD ; 265 D. Voir aussi De Trin., iv, col. 860, 877 D, 900 C. Le Père crée par le Verbe, par la vertu et la sagesse du Verbe. Ibid., iv, col. 917 D.

Le Verbe est l’unique engendré, le « monogène », « fruit de l’essence divine », procédant du Père, Thés., xv, col. 268 A ; cf. xiii, col. 209 B ; donc, engendré « avant tous les siècles » (Eccli., xxiv. 9). Ibid., xv, col. 288 B. S’il est dit le « premier-né « des créatures, c’est en raison de l’humanité qu’il a prise sans cesser d’être Dieu et en conservant toutes les prérogatives de la divinité. Ibid., ix, col. 117 B120 B. Aussi, après son anéantissement dans l’humanité, le Verbe est resté Dieu. De Trin., iii, col. 828 A ; iv, col. 864 D. Il en a gardé toutes les perfections. Ibid., iv, col. 880 D-881 AB ; cf. v, col. 936 D. Ce qui est divin et éternel est appliqué par l’Écriture, en parlant de Jésus, au Verbe de Dieu. De Trin., i, col. 680 C-681. Les affirmations concernant l’humanité ne se rapportent pas au Verbe comme tel. Ibid., vi, col. 1001 sq. Sur l’interprétation d’Unigenitus et de Primogenitus, voir De Trin., i, col. 693 B ; iv, col. 885 B, 889 B ; v, col. 933 D, 936 A, 968 AC.

Mais le Verbe et le Fils ne sauraient être distingués l’un de l’autre. Thés., xix, col. 313 sq. ; xxxiii, col. 525 C ; De Trin., ii, col. 713 C. Du Fils et du Verbe, même incarné, nous devons dire qu’il est l’image, l’empreinte, la splendeur du Père. Thés.,

vin, col. 101 ; xii, col. 197 C ; xx, col. 310 A. Le Fils ne peut être appelé une créature, car il ne serait plus le Verbe, ibid., xxi, col. 336 B sq., et la science du Verbe incarné est sans ignorance possible, xxii, col. 369 sq., 373 sq., nonobstant Matth., xxiv, 36.

En conclusion, on peut citer ce texte du Thésaurus, où Cyrille reprend les expressions de son commentaire sur saint Jean et de saint Jean lui-même : « Le Verbe de Dieu est vivant, procédant du Dieu vivant et toujours existant. Et Dieu n’a jamais existé avant lui et n’a jamais été sans le Verbe. Le Verbe était donc Créateur de toutes choses et toutes choses ont été faites par lui et sans lui rien n’a été fait. » Thés., xvi, col. 300 A ; cf. xiv, col. 237 A : xxviii, col. 492 C. Et, bien que le Verbe ne se soit révélé à nous que par l’incarnation, il existait de toute éternité : la lumière qui pénètre soudain dans un endroit obscur existe bien avant cette pénétration. De Trin., iii, col. 817 D.

Chose remarquable : peu après saint Augustin, saint Cyrille esquisse la théorie psychologique du Verbe, De Trin., ii, col. 769 AB, laquelle devait exercer chez les Latins une influence si considérable.

b) Saint Jean Damascène. — Le Damascène exprime plus brièvement la doctrine du Verbe dans son exposé de la foi orthodoxe. Sur sa doctrine générale, voir Jean Damascène, t. viii, col. 721. En comparant le Verbe divin au verbe humain, il montre celui-là engendré de Dieu, éternel, consistant en lui-même, vivant et parfait. De fid. orth., t. I, c. vi, P. G., t. xciv, col. 801 C. Cf. c. vu et vin. Par là, le Verbe est la figure, la splendeur du Père ; il est le Fils et le « Monogène ». Ibid., c. viii, col. 816 C. On ne doit donc pas le considérer comme l’instrument du Père. Ibid., col. 820 AB.

Dans l’incarnation, le Verbe est une personne composée, t. III, c. vii, col. 1008 sq. ; sa divinité resta impassible, c. xxvi, col. 1093 C, et demeura, même dans la mort du Christ, unie à son âme et à son corps. Ibid., c. xxvii, col. 1096 C.

Sur l’incarnation elle-même du Fils de Dieu, voir t. viii, col. 731-735.

2. En Occident : saint Augustin. — Il convient de signaler brièvement son exposé du dogme, le point de départ de sa théologie et son influence.

a) Le dogme. — Du Verbe, Augustin rappelle la génération éternelle, ineffable, impossible à comprendre et même à connaître, sinon par voie de révélation. In ps. XLIV, n. 4, P. L., t. xxxiv, col. 496 ; Epist., cxviii, n. 23, t. xxxv, col. 443. S’inspirant de son exégèse de Joa., i, 3, voir ci-dessus, col. 2641, Augustin déclare que toutes choses sont dans le Verbe, éternelles avec lui. Confess., t. XI, n. 9, t. xxxii, col. 812-813 ; De Trin., t. IV, n. 3, t. xi.n, col. 888. En lui, tout est vie, tout est un, ibid. ; en lui est la vie ; il est lui-même la Vie. De Gen. ad litt., t. II, n. 12, t. xxxiv, col. 268 ; cꝟ. t. I, n. 10, col. 240-250. Le Verbe est aussi la lumière de la sagesse, ibid., n. 11, col. 250 ; cf. In Joa., tract. II, n. 6, t. xxxv, col. 1391.

b) La théologie du Verbe. — À ce point précis de son exposé Augustin commence la théologie proprement dite du Verbe. Afin de mieux saisir la doctrine trinitaire, il cherche, dans les créatures, des analogies. Voir Trinité, col. 1688. L’âme humaine lui en fournit une très adaptée, celle de la pensée s’exprimant elle-même par son verbe. Le Verbe divin n’est pas une parole, faite de syllabes, car il est éternel, Enarr. in ps. ciii, serm. iv, n. 1, t. xxxvii, col. 1378. En Dieu, l’expression de la pensée, le « dire » divin est éternel. In ps. xliv, n. 5, t. xxxvi, col. 497, et l’audition de cette parole intérieure est l’être même