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VELASQUEZ (JEAN-ANTOINE — VENGEANCE



VELASQUEZ (Jean-Antoine), jésuite espagnol.

— Né en 1585 à Madrid, d’une famille originaire du diocèse de Valence, il entra au noviciat de Salamanque en 1602. Il enseigna l’Écriture sainte à Salamanque et fut successivement recteur de plusieurs collèges et provincial. Le roi Philippe IV, qui le tenait en haute estime, le fit venir à Madrid et le nomma consulteur de la congrégation pour la défense de l’immaculée conception. Il mourut à Madrid, le 6 novembre 1669.

Ses publications se rapportent à l’Écriture sainte et à la sainte Vierge : In epistolam B. Pauli Ap. ad Philippenses… cum indice et copia ad conciones per lotum annum, Valladolid ( Pinciœ), 1626, in -fol ; en deux volumes : Lyon 1628 et 1632 et plusieurs autres éditions. — In psalmum cenlesimum… sive de optimo principe administro (dans d’autres éditions : de optimo principe et optimo principis administro ou de optimi principis optimo administro)… cum indice et copia concionum per lotum annupi, Salamanque, 1636, infol. , Lyon, 1637, etc. — Maria immaculate concepta, dédié à Philippe IV, Valladolid, 1653, Lyon, 1653, in-fol., opus eximium limata erudilione et mira erga myslerium pietate compositum, dit Roskovàny, B. V. Maria, t. iii, Budapest, 1873, p. 478. — De augustissimo eucharistiæ mysterio sive de Maria forma Dei, Valladolid ( Vallis Oletti), 1658, 2 vol. in-fol. ; le t. il montre en Marie formam Dei fidèles nutrientis et veram viventium malrem (sous-titre). — De Maria advocata nostra adnotationes et exempta, Madrid, 1668, in-fol.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. VIII, col. 542-546 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 152-153.

J.-P. Grausem.


VENGEANCE. — Ordinairement ce mot s’entend du désir passionné de répondre au mal par le mal, afin de « se venger » d’une offense reçue ou d’un dommage éprouvé. C’est ainsi que Bossuet parle de « cette aigreur implacable d’un cœur ulcéré qui songe à se satisfaire par une vengeance éclatante ou qui, goûtant en lui-même une vengeance cachée, se rit secrètement de la simplicité d’un ennemi déçu ». Serm. pour le saint jour de Pâques, 3e point, éd. Lebarq, t. vi, p. 86.

Sous cet aspect, la vengeance est un vice qui peut aller jusqu’au crime. Mais, si l’on y réfléchit, le défaut n’existe ici que parce que l’on ne s’attache pas à la répression du mal selon l’ordre. En soi, en effet, réprimer le péché est un acte de justice. Exercée selon l’ordre moral, la vengance est donc une vertu annexée à la justice. Elle a pour but d’infliger un traitement de rigueur à ceux qui commettent le mal : la vengeance, dit Cicéron, « repousse et prévient la violence, l’injustice et tout ce qui peut nuire ». Rhétorique, t. II, c. lui.

Après avoir rappelé :
I. Les fondements scripturaires, on étudiera :
II. Le vice de la vengeance ;
III. La vertu de vengeance ;
IV. Diverses applications des doctrines exposées.

I. Fondements scripturaires.

Voir dans le Dict. de la Bible, t. v, col, 2390, l’art. Vengeance.

Vengeance divine.

Dieu se réserve la vengeance. Deut., xxxii, 35 ; cf. Rom., xii, 19 ; Heb., x, 30. C’est sur les coupables que s’exercera la Justice divine « au jour de la vengeance ». Eccli., v, 7 ; cf. Luc, xxi, 22. Dieu se venge ainsi de ses ennemis, Dent., XXXM, 41, 43, des Impies et des pécheurs, Eccli., vu, 10 ; xii, 0, des orgueilleux, xxvii, 28, des nations qui ne l’ont pas écouté, Mich., V, 11 : cf. ps. CXLIX, 7. Aussi exerce-t-il la vengeance en faveur de son peuple (Adèle), Is., XXXIV, 8 ; I, X1, 2, et (Kilt i même peuple infidèle, l.ev., xxvi, 25 ; Ez., xxiv. H ; xxv, 8-11, 12-14 ; II Mac, vin. Il sq.

C’est parce qu’il sait que Dieu est juste que le prophète Jérémie attend de lui la vengeance sur ses ennemis. Jer., xi, 18. De même, les justes appellent la vengeance de Dieu contre les persécuteurs. Ps., lxxix (lxxviii), 10 ; xciv (xcin), 1-2 ; I Reg., xxiv, 13 ; I Mac, ii, 67 ; vii, 38. Ozias encourage Judith et demande que « le Seigneur soit avec elle pour tirer vengeance des ennemis. » Judith, viii, 34. David, délivré de ses ennemis, remercie Dieu de l’en avoir vengé, II Reg., xxii, 48 ; cf. Ps., xviii (xvii), 48.

Vengeance humaine.

La loi du talion est expressément indiquée dans l’Ancien Testament. Ex., xxi, 23-25 ; cf. Lev., xxiv, 20. De cette loi, dont l’application était primitivement laissée à l’appréciation des seuls juges, les docteurs juifs avaient abusé pour ouvrir la voie aux vengeances privées. L’interdiction d’une vengeance personnelle n’était cependant pas inouïe dans l’Ancien Testament, car Dieu interdit la vengeance aux Israélites à l’égard de leurs frères, Lev., xix, 18. « Celui qui se venge éprouvera la vengeance divine », Eccli., xxviii, 1. Certaines vengeances semblent toutefois justifiées : celles de Samson contre les Philistins, Jud., xv, 7 ; xvi, 28-30 ; les faits de guerre de David contre Goliath et contre les Philistins, I Reg., xvii, 4-51 ; xviii, 26-27 ; ceux des Hébreux contre leurs ennemis à Gabaon, Jos., x, 13 ; Jonathas et Simon vengeant le meurtre de leur frère, I Mac, ix, 42 ; la vengeance des Juifs après le triomphe d’Esther sur Aman, Esth., viii, 13, ou encore la révolte des Juifs sous la conduite de Judas Machabée, I Mac, iii, 15-25. Les Proverbes, vi, 34, signalent la vengeance sans pitié du mari outragé, sans la désapprouver formellement ; mais l’acte de vengeance exercé par Joab et Abisaï sur Abner est désavoué par David. II Reg., iii, 29-30.

Aux appels à la vengeance divine, au recours à la vengeance personnelle, Jésus-Christ substitue le précepte de l’amour et le pardon des injures. Il fait l’éloge des pacifiques, Matth., v, 9 ; il ne veut ni colère ni rancune à l’égard d’autrui, id., v, 21-26 ; il réprouve formellement la loi du talion, id., v, 38-40. « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » Id., v, 44 ; cf. Luc, vi, 27-30. Le pardon des offenses, jusqu’à soixante-dix fois sept fois, c’est-à-dire, toujours, est imposé, Matth., vi, 12 ; xviii, 22. En mourant, Jésus se venge en Sauveur : « Père, pardonnez-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font. » Luc, xxiii, 34.

Saint Paul reprend ces leçons du Maître : « Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas ». Rom., xii, 14. « Ne rendez à personne le mal pour le mal… Ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu… Ne le laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien. » Id., XII, 17, 19, 21 ; cf. I Thess., v, 15. Mémo doctrine de pardon et de support mutuel chez saint Jacques, ni, 16 ; cf. iv, 11 ; chez saint Jean, I Joa., iii, 15, 23 ; chez saint Pierre, I Pet., ii, 23 ; iii, 27 : iv, 16. En passant de l’Ancien Testament au Nouveau, on entre dans un monde totalement différent.


II. Le vice de la vengeance.

Description et analyse.

La vengeance, entendue au sens péjoratif du mot, est un sentiment bas et vil qui pousse l’homme à nuire à son prochain, parce qu’il croit avoir : i se plaindre de lui. C’est le mal rendu pour le mal et uniquement dans l’intention de nuire.

C’est là la forme la plus aiguë u vice de l’esprit de vengeance. Saint Thomas analyse ce sentiment à propos de la colère dont la vengeance lui semble Constituer l’élément formel. II"- M"", q. ci.vm. a. 2 ; Dr malo, q, xii. a. 1. i Désirer la vengeance en cou-