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YAZOUKZ. DOCTKINK


se donner librement tel ou tel motif. In I* m -II K, disp. XI. III, n. 18-19. On ne pourrait pas davantage en conclure que Dieu ait été contraint de créer le meilleur monde possible. In / ; ""-//*, disp. XLIII, n. 16-17. Cette théorie de l’influence des motifs trouve son application dans la théorie de la grâce efficace. In 7 iiii, disp. XCVIII, n. 37, 44-47. L’âme ou l’ange sont-ils incorruptibles par nature ? Vazquez ne le concède pas sans distinction, et insiste sur l’idée que, si Dieu cessait de les soutenir dans l’être, ils retomberaient dans le néant. Si l’ange ou l’âme ne sont pas mortels, c’est parce que nulle créature ne peut leur retirer l’existence. In 7 am, disp. CLXXXII, n. 5-17.

Théologie.

Pour établir l’existence de Dieu,

Vazquez recourt aux preuves classiques, mais il accepte l’argument de saint Anselme, In 7 am, dis]). XX, n. 13, non au sens où cette proposition serait nota per se quoad nos, In 7 am, disp. XIX, n. 10, mais en ce sens que ex rébus creatis statim tam evidenter aut probabililer apparel Deum esse, ut non sit in nostra potestate illud negare. In 7 am, disp. XIX, n. 13. L’infinité divine ne consiste pas dans la possession d’un nombre infini de perfections, In 7 am, disp. XXV, n. 1, ni dans l’irréceptibilité de l’existence divine dans une puissance distincte d’elle, In 7 am, disp. XXV, n. 2-5, mais seulement dans l’aséité. Les créatures sont finies parce qu’elles ne subsistent que par l’action conservatrice de Dieu, tandis que Dieu, n’ayant aucune cause en laquelle il soit contenu, échappe à toute limitation. In 7 am, disp, XXV, n. 9. On pourra voir comment Suarez critique cette thèse (De Deo uno, t. II, c. i, n. 2 sq.). Dieu est immuable dans son être, In 7 am, disp. XXX, n. 14, dans sa science et sa volonté. Pour expliquer cette immutabilité, Vazquez recourt à des arguments discutables et dont la cohérence avec d’autres affirmations ne semble pas parfaite. In 7 am, disp. LXVIII, n. 56-58 ; disp. LXXX, n. 3-13 ; cf. In 7 am, disp. LXV, n. 11-12. Dieu connaît les choses distinctes de lui par la science de simple intelligence, la science de vision et la science moyenne. Il les connaît dans son essence, en tant que celle-ci constitue comme une species expressa, miroir de toutes choses possibles, futures ou futuribles. 7/i 7 am, disp. LX, n. 5-10. Si l’on demande comment Dieu peut avoir cette représentation de toutes choses, Vazquez répond que l’infinie perfection de son intelligence est de soi déterminée à connaître toute vérité, tout objet de connaissance. In 7 am, disp. LXV, n. 18-20. Mais finalement on ne voit pas comment Vazquez évite de dire que Dieu connaît les choses in seipsis. Vazquez rejette tout concours prédéterminant, qui lui semble mettre en péril la liberté humaine et faire de Dieu l’auteur du péché. In 7 am, disp. XCIX, n. 21-24 ; disp. LXXXVIII, n. 18 ; disp. XCVIII, n. 28-31. Il se rallie à la théorie du concours simultané, voulu par Dieu de toute éternité et dont la créature lève l’indifférence, In 7 an >, disp. XCIX, n. 35, 50, le concours étant virtuellement efficace et prévu comme efficace ou non efficace seulement par l’usage de la science moyenne.

Ces thèses reviennent à propos de la prédestination et de la grâce efficace. La prédestination simul sumpta est absolument gratuite. Mais on peut distinguer la prédestination à la grâce (qui est la prédestination proprement dite) et la prédestination à la gloire (qui est à proprement parler l’élection). Cette dernière a lieu post pnevisa mérita ex gratia, In 7 am, disp. XCI, n. 13-17 ; In /77 am, disp. XXIII, n. 6-12, la prédestination aux grâces efficaces ayant lieu ante prævisa mérita. Vazquez explique l’efficacité de la grâce à la manière des molinistes. In 7 am, disp. XCVIII, n. 36-44.

Cependant, lorsqu’il parle de vocatio congrua, il entend cette expression dans un sens un peu différent de celui des congruistes. Voir Le Bachelet, Prédestination et grâce efficace, t. i, 1931, p. 8. Au traité de la Trinité, Vazquez discute longuement l’objection classique : qu « sunt eadem uni tertio sunt eadem inter se. In 7 am, disp. CXXIII, n. 7-12.

Plus importantes sont ses opinions sur la grâce. La grâce actuelle consiste dans les bonnes pensées et les saintes affections qui en découlent, 7/7 7 am 11°, disp. CLXXXV, n. 20-24 ; elles peuvent être entitativement naturelles ou surnaturelles, bien que toujours octroyées providentiellement en vue du salut. In 7 am -77 ï, dis]). CLXXXIX, n. 14 et passim. Très impressionné par les textes augustiniens et les formules du concile d’Orange, Vazquez exige une grâce proprement dite pour vaincre les tentations les plus légères et accomplir tout acte honnête. In 7 am -II X, disp. CLXXXIX, n. 46. Il défend longuement cette opinion, accumulant les preuves positives. On a vu ailleurs qu’elle continue à être discutée en théologie (art. Grâce, t. vi, col. 1581-1582).

Vazquez fut moins heureux dans le traité de la grâce habituelle. Trop dépendant du nominalisme, il enseignait. que la contrition suffit à justifier l’homme et à lui remettre les péchés, même sans le don de la grâce habituelle. Dans les derniers temps de son séjour à Rome, cette opinion fut critiquée ; dans la suite, Clément VIII intervint et Vazquez dut, pour monter dans la chaire d’Alcala, s’engager à enseigner la doctrine commune ; cf. de Scorraille, François Suarez, t. i, p. 292. On trouve la trace de cette thèse dans le commentaire de la III a, disp. CLIII, n. 25. Ce commentaire est une œuvre posthume, et le passage du commentaire de la I a -II* auquel renvoie l’auteur, disp. CCIII, a été retouché. A propos de la présence de Dieu dans l’âme des justes, Vazquez critique l’opinion de Suarez disant que l’amitié divine suffirait à rendre Dieu présent, même s’il n’était pas déjà en nous au titre de l’immensité, In 7 am, disp. XXX, n. 11-12 ; pour lui, la présence spéciale de Dieu dans l’âme juste vient de ce que la grâce, effet physique, est un effet spécial appartenant à l’ordre du salut.

On trouve quelque écho des thèses nominalistes au traité de l’incarnation. Vazquez se refuse à juste titre à faire du Christ le fils adoptif de la Trinité, sous quelque rapport que ce soit, mais la manière dont il cherche à sauver Elipand de Tolède (voir ici, t. iv, col. 2333 sq.) montre dans quelles perspectives on se meut encore. In 777 am, disp. LXXXIX, n. 95, et Suarez accusera Vazquez d’enseigner que le Christ, en tant qu’homme, est serviteur de Dieu. Cf. de Scoraille, t. ii, p. 481. Vazquez s’oppose aux nominalistes en affirmant que le Christ a mérité de condigno le pardon de nos péchés indépendamment de tout pacte et de toute promesse divine, In 777 am. disp. V, n. 44, cependant il n’admet pas que la satisfaction du Christ ait été stricte ex loto rigore justitiæ commutativw. In 7 am, disp. VII-IX. La discussion est ici dirigée contre Suarez (cf. De Verbo incarnato, disp. IV, sect. v, n. 62, 63 ; De justifia Dei dans Opuscules, éd. Vives, t. xi, p. 515).

Vazquez consacre de longs développements a l’adoration des images. Nous avons dit que certaines propositions de son ouvrage De cullu adorationis avaient paru malsonnantes à Suarez. Pour Vazquez, le culte qu’on rend à la croix, aux reliques, etc., va autant à l’image qu’à la personne qu’elle représente, mais non de la même façon : le sentiment de soumission, d’estime et de vénération se rapporte uniquement à la personne, tandis que les signes de révérence extérieure s’adressent à l’image, et indirectement à la