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2601 VAUVILLIERS ( JE A N-FRANCOIS) — VAZQUEZ (GABRIEL) 2602

tarda pas à se faire une place dans le monde des lettres par ses études helléniques, notamment par des travaux sur la poésie pindarique. Professeur de grec au Collège de France depuis 1766, il devint, en 1782, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

Vauvilliers nous intéresse ici en raison de son opposition à la Constitution civile du clergé ; élu, en 1789, député suppléant de Paris aux États-Généraux et désigné comme membre de la municipalité de Paris, il donna sa démission plutôt que de prêter la main à l’application de cette législation impie. Il écrivit à cette occasion : Témoignage de la raison et de la foi contre la Constitution civile du clergé, 1791, in-8°. Cet ouvrage est une habile réfutation d’après les Pères, les conciles et les théologiens, des erreurs propagées par les philosophes du xviir 3 siècle et appliquées par les révolutionnaires. La position de Vauvilliers lui valut d’être incarcéré. Libéré, il fut nommé directeur général des subsistances. Le Directoire le fit de nouveau arrêter. Membre du Conseil des Cinq-Cents, il fut inquiété et compris dans les mesures générales de déportation. Vauvilliers s’enfuit alors en Suisse, puis alla se réfugier à la Cour impériale de Russie. Il mourut à Saint-Pétersbourg le 23 juillet 1801.

Michaud, Biographie universelle, t. xliii, p. 47-49 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xlv, col. 10391041 ; Barruel, Histoire du clergé pendant la Révolution française, Londres, 1801, p. 44 ; dom H. Leclercq, L’Église constitutionnelle, 1934, p. 215 ; on consultera utilement la littérature consacrée à la politique religieuse de la Révolution : Dictionnaire historigue et biographique de la Révolution et de l’Empire, t. ii, p. 807 ; Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1831, t. v, p. 494-495.

J. Mercier.


VAUX DE CERNAY (Pierre des). —On sait peu de choses de la vie de ce moine cistercien de l’abbaye des Vaux-de-Cernay, sinon qu’il accompagna, en 1206, son oncle et abbé Guy, envoyé en Languedoc avec une mission cistercienne, levée par Innocent III pour combattre l’hérésie des albigeois. Pierre des Vaux de Cernay se fit l’historiographe de la croisade contre les albigeois. Son œuvre fut éditée pour la première fois à Troyes, en 1615, par les soins de Nicolas Camusat, chanoine de cette ville, sous le titre Hisloria Albigensium et sacri belli in eos anno MCCIX suscepti, duce et principe Simone a Monte Forli, dein Tolozano comité, rebus slrenue gestis, auctore clarissimo Petro coenobii Vallis Sarnensis ord. Cistcrciensis monacho, cruceatæ hujus militise teste oculalo, in-8° ; seconde édition, Troyes, 1618, in-8°. Cette édition a été reproduite, avec des corrections tirées du manuscrit de Saint-Martin des Champs, par Duchesne, dans ses Historiens de France (cf. Migne, P. I.., t. ccxxiii, col. 543-712, avec des notes de Fabrichis). Dom Tissier a publié une autre version d’après un manuscrit de l’abbaye de Longpont dans sa Bibliothèque de Ctteaux, t. vii, p. l sq.

Histoire littéraire de la France, I. XVII, p. 240-2Ô4 ; dom Cellier, Histoire dis auteurs sacrés et ecclésiastigues, t. xiv, p. 904-008 ; Mon ri, L< grand’actionnaire historigue, 17.">0, t. x, p..vu ; Feller, Biographie universelle, t. iv, p. on.

.1. Mercier.


VAZQUEZ ou VASQUEZ Gabriel, jésuite espagnol, l’un des principaux théologiens du xvie siècle (1549-1604). — I. Vie. II. Œuvres. III. Méthode. IV. Doctrine.

I. Vie.

Vazquez naquit le 18 juin 1519 a Villacs-CUsa de Haro, partie judiciaire de Belmonte, province de Cuença en Nouvelle (distille. Il fit ses études de latin au collège des jésuites à Belmonte et suivit lis ((uns de philosophie : i l’université d’Alcala, de 1565 à 1569. Un de ses professeurs de philosophie fut le célèbre dominicain Dominique Bafiez. Pendant sa quatrième année de philosophie, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Alcala de Henarès, le 10 avril 1569. Après son noviciat (1569-1571), qu’il fît à Alcala, Tolède et Sigùenza, il étudia la théologie à Alcala, en partie au collège de la Compagnie de Jésus, en partie à l’université (1571-1575). Pendant sa quatrième année de théologie, il soutint deux actes publics, le premier à Alcala, le second à Tolède, le 2 octobre 1575. En cette même année, il suivit à l’université les cours de langue hébraïque et acquit bientôt en cette langue une grande compétence.

Déjà durant sa seconde année de théologie, en 1572, Vazquez fut chargé de commenter aux étudiants de la Compagnie le De anima d’Aristote (il nous l’apprend : In I* m -II*, disp. LXXIX, n. 11). Après sa théologie, on l’envoya à Ocana pour y enseigner la morale pendant deux ans (1575-1577). Il écrivit alors son opuscule De restilutione. Pendant les deux années suivantes (1577-1579), il enseigna la théologie scolastique à Madrid. De là, il revint à Alcala, où il enseigna la même matière, d’abord aux seuls étudiants de la Compagnie (1580-1583), puis aux étudiants étrangers à l’ordre (1583-1585). Aux premiers, il commenta la P-II", aux autres, les neuf premières questions de la IIP de saint Thomas.

Le 30 juillet 1585, Vazquez fut appelé à Rome pour y remplacer le P. François Suarez, obligé de rentrer en Espagne pour refaire sa santé compromise. Avant son départ, il fit sa profession solennelle des quatre vœux en la chapelle du collège de Belmonte ; il avait alors 36 ans (22 septembre 1585). A Rome, la maladie l’empêcha de commencer ses cours avant le printemps de 1586. Avec le plus grand succès, il occupa sa chaire jusqu’en août 1591, en tout quatre ans et demi. En 1591, au grand regret des supérieurs et des élèves, il demanda à quitter Rome, non pour des motifs professionnels, mais en raison de malentendus nationaux ; voir R. de Scorraille, François Suarez, t. i, p. 286 sq. Rentré en Espagne, il séjourna pendant deux ans à Alcala, sans enseigner, occupé à la composition de ses livres. En 1593, il reprit son ancienne chaire d’Alcala, succédant au P. Suarez. En 1602, il fut incarcéré à Tolède par l’Inquisition. L’occasion de cette incarcération fut la présentation, dans le collège des jésuites d’abord et à l’université ensuite, d’une thèse du P. Louis de Torres (voir ci-dessus, l’article sur cet auteur) : « Il n’est pas de foi catholique que tel homme, par exemple Clément VIII, est le véritable successeur de saint Pierre ». Avec lui furent emprisonnés le P. Almazan, recteur du collège, le P. de Torres, auteur de la thèse, et le Fr. Diego de Onate qui l’avait défendue. Au bout d’un mois et demi, Almazan et Vazquez furent remis en liberté comme étrangers à la rédaction de la thèse. Vazquez conserva sa chaire d’Alcala jusqu’à sa mort, qui survint subitement à Jésus del Monte, maison de campagne du collège d’Alcala, le 30 septembre 1601.

Non moins que la science de Vazquez, ses contemporains louent ses vertus religieuses : humilité, obéissance, esprit de pauvreté, zèle des âmes. Certains se sont scandalisés plus que de raison de ses dissentiments et discussions avec son confrère François Suarez, dissentiments qu’on a bien des fois exagérés. Il est certain que les deux grands théologiens différaient d’avis en beaucoup de points et que leurs discussions manquaient parfois d’aménité. Lorsque parut le Dr câlin adoraiionis de Vazquez, Suarez rédigea une liste de quinze propositions qui lui semblaient condamnables. Vazquez rétorqua par une liste de trente-deux propositions qui, à son avis, étaient répréhensibles dans les enivres de Suarez ; cf. R. de Scorraille,