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bilité était devenu le signal de la guerre à l’Église ; les gouvernements saisirent cette occasion de régler une bonne fois leurs comptes avec le catholicisme. Ce Kulturkumpf qui intéresse au plus haut point l’historien a moins d’importance au point de vue de la théologie ; on a dit à l’art. Léon XIII, comment ce grand pape ramena peu à peu la paix religieuse dans les pays où elle avait été troublée.

/II. CONCLUSION. — Au fur et à mesure, d’ailleurs, que tous ces événements s’éloignaient dans le passé, l’ensemble des catholiques se rendait compte que les décisions prises au Vatican n’avaient point accompli, dans le gouvernement de l’Église, la révolution dont avaient parlé les adversaires de la définition. Au vrai, d’ailleurs, en circonscrivant d’une manière plus précise la prérogative de l’infaillibilité doctrinale, à peu près unanimement reconnue dans la pratique avant 1870, le concile avait écarté les idées exagérées ou même fausses que certains théologiens avaient mises en circulation. Répondant en 1865 au questionnaire que Rome avait adressé à divers évêques sur les matières à proposer au futur concile, Manning avait exprimé le souhait que fût définie la doctrine suivante : Vivas vocis oraculum a summo pontifice prolatum circa (idem, mores vel facla ut audiunt dogmatica, seu circa veritates fldei morumque quæstionibus circumstantes infallibile esse. M.-P., t. xlix, col. 171. En dépit des efforts de l’archevêque de Westminster et de ses amis, la définition conciliaire était restée très en deçà de ces desiderata. Cf. ci-dessus, col. 2574 les déclarations si importantes de Mgr Gasser, rapporteur de la commission de la foi.

S’il est un point où se soit produit, par le fait du concile, dans la position du souverain pontife par rapport à l’Église un certain changement, c’est bien plutôt dans le domaine de la primauté pontificale. La concentration de la lutte autour de l’infaillibilité a masqué l’importance du fameux chapitre m de la constitution Paslor œternus. En déclarant la juridiction du pape sur chacune des Églises « ordinaire, immédiate, épiscopale », le concile du Vatican n’innovait certes pas. Depuis le temps de Grégoire VII, les papes avaient revendiqué, parfois avec une énergie extraordinaire, ce pouvoir quasi-absolu et quasidiscrétionnaire sur l’épiscopat. Les grands débats des xve et xvie siècles avaient amené le recul de ces idées. Pour s’être quelque peu renforcées au début du xixe siècle, elles n’avaient pas repris toute la force qu’elles avaient eue aux temps de la « monarchie pontificale ». On y revenait maintenant. Les années qui suivirent le concile allaient amener un renforcement de l’action directe du pape dans les diocèses et, tranchons le mot, de la centralisation pontificale. Le problème de la conciliation des droits divins de l’épiscopat avec les droits divins du pape n’a malheureusement pu venir en discussion, cf. l’art. Primauté, t. xiii, col. 247 sq. Une théologie bien équilibrée de l’Église réclame néanmoins que cette question soit posée, tout comme la vie pratique demande qu’en soient réglées les applications. Sera-ce l’œuvre d’un IIe concile du Vatican ? C’est le secret de l’avenir.

Moins apparents, ce qui ne veut pas dire moins importants, ont été les résultats obtenus par le concile dans le domaine proprement spéculatif. La constitution Dei Filius a mis en pleine lumière les vérités essentielles sur lesquelles s’établit la théologie fondamentale ; de ce point de vue, les directions imposées par le concile ont donné à nos actuels traités De religione revelata et De fide une allure tout à fait assurée. Ces traités ne peuvent plus être les mêmes avant et après 1870.

La vaste enquête sur les besoins pratiques de l’Église dont le concile fournit l’occasion n’a pas été

non plus sans résultat. Bon nombre des idées consignées dans les rapports adressés à Rome par les évêques consultés avant le concile, dans les travaux des commissions de la discipline, des missions et des aiîaires orientales, des réguliers, sont venues peu à peu au jour et se sont introduites dans le nouveau droit canonique. Pour n’avoir pas eu autant de retentissement, les conceptions maîtresses de la commission pour les aiîaires politico-ecclésiastiques n’ont pas laissé de pénétrer dans la doctrine officielle. On en retrouverait des traces non négligeables en plusieurs des grandes encycliques de Léon XIII.

Il n’est pas jusqu’aux procès-verbaux de la commission des postulata (congregalio specialis ad recipiendas et expendendas episcoporum propositions deputata) qui ne révéleraient quelques points de vue nouveaux. Texte dans M.-P., t. lui, col. 331-716. Parmi ces postulata émanés des Pères, il faut au moins citer ceux qui demandaient la définition dogmatique de l’assomption corporelle de la sainte Vierge, ibid., col. 481-519, ou ceux qui pressaient la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Église universelle. Ibid., col. 575-581. Sans parler de ceux qui entendaient soumettre au concile des projets relatifs au droit des gens, au désarmement, au militarisme, etc.

Tout cela donne quelque idée de l’intense mouvement des esprits que développa le concile. À comparer l’ampleur du programme qui lui avait été tracé, des espérances que son annonce avait fait naître avec les réalisations définitives, on pourrait de prime abord être tenté de parler de son échec partiel. En réalité, il fut l’un des très grands événements de l’histoire de l’Église dans les temps modernes et même de toute l’histoire ecclésiastique. À côté du concile de Trente, il garde une importance dont on commence seulement à comprendre l’étendue et la portée.

I. Sources.

1° Les documents officiels sont maintenant publiés au complet dans V Amplissima conciliorum collectio, commencée par Mansi et terminée par l’abbé Martin et Mgr Petit, aux 5 derniers volumes : t. xlix-liii, 1923-1927. En voici l’économie générale : 1. T. xlix. Acta præsynodalia, où l’on trouvera en particulier les actes des différentes commissions préparatoires. — 2. T. l. Acta synodalia : procès-verbaux de la Ve session et des 29 premières séances (8 décembre-22 février). — T. li. Acta synod. (suite), de la 30° à la 50e séance (14 mars13 mai), discussion des projets disciplinaires et de la constitution Dei Filius. — T. lu. Acta synod. (suite), de la 50e séance (2° partie) à la 86e séance (13 mai-16 juillet) et 4e session publique. — - T. lui. Acta synod. (suite et fin), les 3 dernières séances et les projets qui y furent présentés. Viennent ensuite les p.-v. des députations de la foi et des postulats ; puis les divers projets (schemata) qui auraient dû être proposés ou qui, ayant été proposés, ont dit être amendés ; enfin les soumissions à la définition. Les projets (schemata) successifs des constitutions dogmatiques ne sont pas toujours faciles à retrouver, dispersés qu’ils sont à leur place chronologique.

2° La Collectio Lacensis avait donné dans son t. vii, les Acta et décréta concilii Valicani, Fribourg-en-B., 1892 ; les documents officiels occupent à peine un tiers du volume et sont dispersés dans un ordre assez capricieux ; la partie la plus précieuse est l’appendice (col. 505-1752) où sont reproduits nombre de documents historiques relatifs en grande partie à l’agitation extra-conciliaire, qui se retrouvent difficilement ailleurs.

3° Beaucoup de documents de ce genre dans Cecconi, Storia dei concilio Vaticano scritta sui documenti originali, 4 vol., 1873 (trad. française par J. Bonhomme et D. Devillard, 4 vol., 1887) ; ne va que jusqu’à la 2e session solennelle (6 janvier), important pour l’histoire des préliminaires du concile.

II. Travaux.

Histoires d’ensemble.

Il n’y a pas

encore de vraie histoire du concile. Des travaux sommaires parurent peu après le concile :.1. Fessier, Das vatikanische Konzilium, dessen àussere Bedeutung und innerer Verlauf,