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VATICAN (CONC. DU). DERNIERS DÉBATS


faite ; les preuves fournies n’étaient pas toutes de nature à exclure le doute, il lui serait impossible de rallier l’unanimité morale si souhaitable en un pareil débat. Il proposait donc la remise de la discussion du projet, ou au moins un remaniement qui préciserait la nature et les limites de l’infaillibilité. M.-P., t. lii, col. 155-162.

Les vues de la majorité infaillibiliste furent défendues avec non moins d’ardeur et d’éclat. À plusieurs reprises les objections que l’histoire peut élever contre l’infaillibilité furent rétorquées ; la question du pape Honorius entre autres, par le cardinal Cullen (Dublin, 54e s., 19 mai), ce ne fut pas d’ailleurs le meilleur discours de ce prélat. Mais l’effort porta surtout sur la question d’opportunité. Mgr Dechamps, au nom de la commission se montra un défenseur habile ; Mgr Ræss (Strasbourg) déclara qu’il fallait savoir braver l’opinion (56e s., 21 mai). Quant à l’influence que pourrait avoir sur les dissidents la promulgation du nouveau dogme, Mgr Manning prétendait que son action serait plutôt favorable (59e s., 25 mai), et le patriarche arménien, Mgr Hassun, déclarait, à rencontre des craintes exprimées par le patriarche melchite d’Antioche, que l’accroissement de l’autorité pontificale n’était pas de nature — tant s’en fallait — à empêcher les retours à l’unité (57° s., 23 mai). D’une façon générale, on était d’accord, au sein de la majorité, pour traiter de chimériques les craintes de schisme qu’agitaient les anti-opportunistes.

Il était inévitable que la prolongation des débats généraux ne finît par engendrer la lassitude. On avait entendu plus de soixante orateurs, dont la moitié appartenait à la minorité. Et il restait à discuter en détail le proœmium et les quatre chapitres de la constitution ! La majorité avait hâte d’en finir. Le 2 juin, une requête signée par 150 Pères fut remise aux présidents demandant, aux termes du règlement du 20 février, la clôture de la discussion générale. M. -P., t. lii, col. 441. À la séance du 3 juin (64e s.), les présidents mirent aux voix cette clôture qui fut acceptée par la grande majorité des présents. Vainement un groupe compact (80 environ) protesta. Au cardinal Schwarzenberg qui apporta cette protestation, les présidents firent entendre que le règlement avait été appliqué et qu’il n’y avait plus à revenir sur la décision prise. Ibid., col. 444. Il fut donc convenu que la discussion spéciale sur le préambule (Proœmium) du projet commencerait le 6 juin (65e s.).

3. La discussion spéciale.

a) Le préambule et les chapitres i et II. — Il en fut fait ainsi et, dès cette première séance, fut expédiée la discussion du préambule. Diverses retouches, surtout rédactionnelles, furent demandées, dont la commission tint compte. Elle rapporta ses conclusions le 13 juin (70e s.). Entrant dans les vues de ceux qui auraient voulu voir mentionnée l’institution de l’épiscopat par le Christ, laquelle n’était pas indiquée dans la première rédaction, elle introduisait le développement : Ouemadmodum iç/itur uposlolos… céleris aposlolis præponens, dont il n’y a pas trace dans la première rédaction. Cf. M.-P., t. lii, col. 4 et comparer avec col. 1002. Ceci amena des remaniements de tout le préambule, sur lequel on vota définitivement par assis et levé, en même temps que sur les c. i et ii, le 2 juillet (81* 1 s.). Le texte de la commission ainsi remanié fut adopté i la quasi-unanimité.

Le r. i, institution de la primauté, et le c. ii, perpétuité rie la primauté ne présentaient point do graves difficultés. En dépit îles observations du cardinal Schwarzenberg, se plaignant une fois de plus de l’illogisme que l’on commettait en parlant de la primauté avant d’avoir parlé de l’Église, la discussion fut terminée en une seule séance (66* s., 7 juin). Remanié

mer. m. rm’-.oi. catiiol.

conformément aux amendements proposés, le projet fut admis comme nous l’avons dit à la séance du 2 juillet. La rédaction définitive se distingue surtout de la première par l’addition àja fin du c. n du témoignage de saint Irénée avec les mots qui suivent : Hac de causa… compagem coalescercnt. Comparer, M.-P., t. lii, col. 5 et col. 1003.

b) Le chapitre ni. — La discussion du c. m allait au contraire donner lieu, un peu contre l’attente générale, à des débats assez longs : cinq séances (67-71) furent nécessaires pour la terminer et trente-trois orateurs y prirent la parole. Aussi bien la question était d’importance. S’appuyant sur les décisions antérieures, tant pontificales que conciliaires, et spécialement sur celle de Florence, le projet déclarait :

Docemus et declaramus hanc, quæ proprie est episcopalis jurisdictionis potestas, ordinariam esse et immediatam, erga quam particularium Ecclesiarum, cujuscumque ritus et dignitatis, pastores atque fidèles, tam seorsim singuli quam simul omnes oflicio hierarchicæ subordinationis verseque obedientiæ obstringuntur, non solum in rébus quæ ad fidem et mores, sed etiam quæ ad disciplinam et regimen Ecclesise… pertinent. M.-P., t. lii, col. 5-6 ; à comparer avec la rédaction définitivement soumise au concile, ibid., col. 1232-1233.

Les qualificatifs donnés à la puissance pontificale : plena, ordinaria, immediala, episcopalis soulevaient les uns et les autres des difficultés. N’y avait-il pas lieu de préciser que le pouvoir du pape était limité par diverses lois ? Quant aux épithètes episcopalis, ordinaria, immediata, ne prêtaient-elles pas à malentendu ? Y avait-il donc dans chaque diocèse une double juridiction épiscopale, immédiate et ordinaire, celle de l’évêque et celle du pape ? En exaltant la puissance pontificale, ne paraissait-on pas diminuer l’autorité des évêques ? Par ailleurs la définition de Florence dont le projet faisait état avait-elle bien le sens précis qu’on lui prêtait ? sa teneur exacte était-elle exactement celle que donnait le texte de la commission ? n’exprimait-elle pas, au contraire, une restriction du pouvoir pontifical qui était délimité « par les actes des conciles œcuméniques et les saints canons » ? C’est autour de ces divers problèmes, les uns historiques, les -autres canoniques, que s’affrontèrent les membres de la majorité et ceux de la minorité.

Parmi les premiers il faut signaler le nouvel évêque d’Angers, Mgr Freppel qui, dans la 71e séance (14 juin), s’exprima avec beaucoup de précision sur la plénitude du pouvoir pontifical et sa restriction possible par les canons. Nul doute, disait-il, que le pape ne soit lié par les décrets disciplinaires des conciles, par ceux de ses prédécesseurs et les siens propres, mais il l’est à la façon dont un législateur peut être lié par ses propres lois, il n’est tenu de les observer qu’aussi longtemps qu’il ne les a pas abrogés dans les formes légales. Mais, en définitive, les canons n’ont pour lui qu’une force directive et non coactive en ce sens que les lois qu’il porte ne peuvent lui interdire d’user de son pouvoir souverain pour en dispenser, les supprimer ou les modifier quand de justes motifs le demandent.

Dans le même discours, Mgr Freppel intervint également en faveur des trois qualificatifs donnés à la « pleine » puissance du pape. L’archevêque de Malines, lui, n’était pas satisfait du texte de la commission qu’il ne trouvait pas encore suffisamment précis. Il aurait voulu la condamnation d’une erreur sur la primauté que le livre de Mgr Maret avait contribué à répandre et suivant laquelle, en cas de divergence entre le pape et la majorité de l’épiscopat, le pape aurait été tenu de se soumettre à cette majorité (67° s., " 9 juin).

Cette même question des qualificatifs fut également

T. — XV. — 81.